Les 6 unités de production de la centrale à charbon Taqa Morocco représentent 50% de la production nationale d’énergie et 43% de la demande. Les indicateurs opérationnels, financiers et boursiers du groupe sont au vert. De quoi alimenter l’ambition du groupe Taqa Morocco de se développer sur d’autres sources d’énergie, à l’image de l’éolien et du gaz naturel liquéfié.
Une fois de plus, Taqa Morocco présente des résultats annuels en nette progression, surclassant les prévisions du businessplan (financenews.press.ma). Les indicateurs opérationnels de la filiale marocaine de l’émirati Taqa se portent à merveille, avec un taux de disponibilité global (soit des 6 unités de production) qui passe de 91,9% en 2014 à 92,5% en 2015, tenant compte de la révision majeure programmée de l’Unité 4. La production nette d’énergie s’est améliorée de 17,3% par rapport à 2014, à 15.427 GWh. «Cela représente 50% de la production nationale et 43% de la demande», précise Abdelmajid Iraqui Houssaini, président du Directoire de la société, qui a tenu à féliciter l’ensemble des collaborateurs de la centrale pour ces performances remarquables.
Du côté des indicateurs financiers, les voyants sont également au vert. Par rapport aux prévisions du businessplan, le résultat d’exploitation consolidé est en hausse 18,8%, grâce à une politique rigoureuse de maîtrise des coûts, conformément au plan triennal de «costs management» déployé par le groupe. Ce programme, précise le management de Taqa Morocco, repose sur trois leviers : un levier achat (renégociation des achats, développement du sourcing alternatif), un levier organisationnel, et un levier système d’information intégré.
Associée à l’impact positif de l’appréciation du Dollar par rapport au Dirham (Taqa facture en devise), la maîtrise des coûts a permis l’amélioration du taux de marge d’exploitation de 26% à 30%. Le résultat net part du groupe ressort ainsi en progression de 20,9% par rapport à 2014 à 966 millions de DH. «L’impact du Dollar sur le résultat est de 170 millions de DH», tient à préciser Omar Alaoui M’Hamdi, Directeur général adjoint de Taqa Morocco. A noter que le gearing du groupe (dettes financières sur capitaux propres) est passé de 71% en 2014 à 65% en 2015. «Il s’agit d’un bon gearing, la norme sectorielle étant de 75%», souligne le DGA.
Eolien et gaz en ligne de mire
En termes de perspectives, Taqa Morocco ne compte pas se limiter au charbon et souhaite diversifier son mix énergétique en s’appuyant sur la stratégie nationale pour l’énergie. «Le secteur énergétique au Maroc est très dynamique et connaît beaucoup d’évolution, notamment en matière d’énergies renouvelables et de gaz», indique Abdelmajid Iraqui Houssaini. Le groupe est clairement intéressé par ces nouveaux leviers de croissance, même si ses dirigeants estiment être en stand-by pour le moment, par manque de visibilité. C’est le cas notamment pour le gaz naturel, dont la stratégie de développement, intitulée «gas to power», a été initiée en 2014 par les autorités marocaines. Taqa pourrait y voir plus clair bientôt, puisque l’ONEE (Office national de l’électricité et de l’eau potable) a lancé l’an dernier un appel à manifestation d’intérêt pour le développement du projet «gas to power» auquel Taqa a l’intention de soumissionner. Prévue initialement le 25 mars 2016, l’ouverture des plis a finalement été reportée au 6 mai 2016.
L’éolien est l’autre volet énergétique sur lequel Taqa se positionne. En réalité, le groupe est déjà engagé dans l’éolien avec l’annonce en début d’année du développement d’une ferme éolienne dans la région de Tanger d’une capacité de 140 MW, pour un investissement estimé à près de 1,5 milliard de DH. Le management de Taqa n’a pas souhaité en dire davantage sur l’état d’avancement du projet, se contentant de signaler que la société est là pour accompagner le programme éolien du gouvernement. Chez Taqa, on promet néanmoins qu’une annonce à ce sujet sera réalisée au courant de l’année 2016.
Le titre cartonne
Les indicateurs boursiers du titre Taqa Morocco constituent également un motif de satisfaction pour le management. En effet, depuis le premier détachement de dividendes en juin 2014, le titre s’est apprécié de 76% sur une période de 20 mois (+34% en 2015) pour atteindre une capitalisation boursière de 14,6 milliards de DH. Quant au rendement global du titre, calculé par Taqa de la date de la première cotation au 7 mars 2016, il s’élève à 31% contre une performance du MASI rendement brut de seulement 3%. En 2015, le bénéfice par action est de 40,95 dirhams, en hausse de 20,5% par rapport à 2014. Le ROE (return on equity, soit la rentabilité des capitaux propres) ressort en 2015 à 17,1%, contre 14,9% en 2014. Concernant le PER (Price earning ratio, c’est-à-dire le cours de Bourse sur le bénéfice par action), il s’établit à 15,1, ce qui fait dire à O. Alaoui M’Hamdi que le PER de Taqa est meilleur que celui du marché au 7 mars 2016. «Nous sommes dans une fourchette attractive», souligne-t-il. Dans ce contexte, le dividende par action proposé aux actionnaires au titre de l’exercice 2015 est de 30 DH, contre 28,9 DH prévu par le businessplan. «Il y a une volonté très forte d’offrir un meilleur rendement pour les actionnaires», explique le management.
Amine El Kadiri