Sonasid a tenu mardi dernier une conférence de presse au lendemain de la publication d'un profit warning. Aucun commentaire sur le compte de résultats, mais des indications sur l'évolution du bilan et des marges.
Entre les entreprises qui communiquent peu et celles qui en font trop, Sonasid place le curseur à droite. Ses alertes sur résultat ne passent pas du tout inaperçues car elles sont toujours suivies de conférences de presse. C'est d'ailleurs la seule entreprise de la place à procéder de la sorte et personne ne peut le lui reprocher. Cela dit, on peut se poser des questions sur l'utilité de cette multitude de sorties de la part du management. En effet, pour ce premier trimestre, une autre conférence de presse sera organisée pour expliquer l'évolution du résultat.
Une perte sèche en 2015
Dans la lignée du premier semestre où la société était bénéficiaire, mais en forte chute par rapport au premier semestre 2014, le deuxième semestre a été également marqué par une dégringolade de la profitabilité. «Surtout au dernier trimestre», explique Mohamed Ali Kabbaj, nouveau DG de la société. Les raisons sont multiples et s'inscrivent là aussi dans la lignée des années précédentes : une concurrence accrue à l'international, surtout à cause de la Chine qui affiche des surcapacités de production et inonde le monde en acier pas cher, et l'exacerbation de la concurrence locale. On n'en saura pas plus sur le résultat net de l'année, mais le management essaye de préparer la conscience collective à un «désastre». On en saura un peu plus dans quelques semaines, les comptes de 2015 étant en cours de certification. En revanche, le management a bien voulu répondre aux questions de la presse concernant son bilan et sa trésorerie. «Nous disposons de garanties nécessaires auprès de nos clients. Il n'y a pas d'impayés. Cela dit, les délais de paiement se rallongent cette année». C'est ce que nous a expliqué Abdelilah Fadili, directeur financier, estimant qu'il n'y a pas d'inquiétudes particulières concernant la solvabilité des clients. Pas de risques donc sur ce point.
La dette nette redevient négative
Après avoir épongé les quelque 700 MDH de dettes à travers des opérations de leasing entre 2012 et 2013, le sidérurgiste s'est remis à l'endettement en 2014. Pour 2015, le management promet un retour à la situation de 2013, c'est-à-dire un endettement net négatif. En revanche, les usines tournent autour de 66% de leurs capacités. Cela «lamine» les marges de Sonasid, mais la société est habituée à ce genre de situations. Ce taux avait frôlé les 50% il y a 5 ans. La situation n'est donc pas dramatique, d'autant plus que les charges fixes sont en baisse, selon le management. C'est d'ailleurs ce qui va atténuer la baisse des bénéfices. Par ailleurs, la société devrait poursuivre sa diversification aussi bien en amont qu'en aval. En amont, en réduisant les coûts d'approvisionnement pour la ferraille (le management estime qu'il y a trop d'intermédiaires dans le circuit d'approvisionnement), et en aval en poursuivant la stratégie de vente en détail à travers Sonasid Distribution. A noter enfin que Sonasid ne s'attend pas à un redressement rapide des prix de vente. Ils ont d'ailleurs baissé de 13% en 2015.
Adil Hlimi