Le Dirham est généralement plus stable que d’autres monnaies des pays comparables, bénéficiant de la volatilité annualisée la moins importante depuis 2000.
Cette particularité de notre devise est attribuable à plusieurs facteurs économiques. Explications.
Par Y. Seddik
“Sur la base de l’historique de notre économie, nous constatons que le Dirham est resté à l’abri des fluctuations des monnaies ayant touché plusieurs pays limitrophes (Tunisie, Egypte, Turquie, Algérie et Israël). Ainsi, les deux parités USD/ MAD et EUR/MAD n’ont affiché que des variations respectives de 1,9% et de -7,6%, depuis l’année 2000 jusqu’au 5 septembre 2023», explique le courtier Valoris Securities. Les analystes du bureau soulignent que BAM a maintenu une politique monétaire équilibrée, caractérisée par un taux directeur constamment plus élevé que ceux de la zone Euro et de la Réserve fédérale américaine au cours de la dernière décennie.
Cette approche a permis de contenir l'inflation, la maintenant à proximité de l'objectif fixé à 2%. Cette gestion rigoureuse a été complétée par la capacité du gouvernement à maintenir le déficit budgétaire en pourcentage du PIB à une moyenne de 5,1% entre 2012 et 2022. Outre la politique monétaire, d'autres facteurs ont également contribué à la stabilité du Dirham. Bien que la balance des paiements ait enregistré un solde négatif (-3,6% du PIB en 2022 et une moyenne de -4,1% entre 2012 et 2022), cette détérioration est demeurée relativement contenue par rapport à d'autres économies.
Cette maîtrise du déficit de la balance des paiements s'explique en partie par l'amélioration du solde des services et l'augmentation des revenus secondaires, notamment les transferts des Marocains résidant à l'étranger. Ces tendances positives ont également contribué à renforcer les réserves de change, qui ont connu une croissance notable, passant de 225,4 milliards de dirhams à la fin de 2015 à 336,7 milliards de dirhams à la fin de 2022, selon les données de l'Office des changes.
Une stabilité maintenue en perspective
Les experts de Valoris Securities estiment que le Dirham devrait continuer à maintenir sa stabilité sans connaître de fluctuations majeures, à moins de survenance d'événements extraordinaires. Ils avancent que cette stabilité pourrait renforcer l'attrait des investissements privés au Maroc, tant nationaux qu'étrangers, à condition que le gouvernement mette en place une politique fiscale concurrentielle. Pour étayer leur argumentation, les analystes mettent en lumière plusieurs éléments. Tout d'abord, ils notent une tendance à la baisse de l'inflation au cours des cinq derniers mois, principalement en raison d'effets de base, et de la diminution des prix des matières premières sur les marchés internationaux. En outre, malgré un déficit budgétaire élevé en 2023, attribuable à la flambée des prix des matières premières et à l'augmentation des dépenses d'investissement, ce déficit a été maintenu à 5% du PIB, démontrant ainsi une gestion financière responsable.
De plus, l'alignement progressif des taux directeurs entre la FED, la BCE et BAM est un facteur notable, réduisant la pression sur le Dirham. Enfin, les analystes soulignent la décélération du déficit commercial et la croissance soutenue des recettes provenant des MRE, ainsi que des recettes touristiques, comme des éléments extrêmement positifs. À fin juin 2023, les importations ont connu une baisse de 2,3% par rapport à la même période de l'année précédente, entraînant une réduction de 6,5% du déficit commercial sur la même période. Parallèlement, les recettes des MRE ont atteint un niveau record de 66 milliards de dirhams, enregistrant une hausse de 10% par rapport à l'année précédente. Les recettes touristiques, de leur côté, ont atteint 57,2 milliards de dirhams, en augmentation de 51% par rapport à 2022, dépassant même les niveaux d'avant la crise. Ces tendances devraient avoir un impact positif sur la balance des paiements, ouvrant ainsi la voie à une probable réduction du déficit en 2023.