Numéro 2 du Groupe BMCE Bank of Africa, bras droit du PDG Othman Benjelloun, cheville ouvrière du Groupe…, tous ces qualificatifs siéent à Brahim Benjelloun-Touimi. Compagnon de la première heure de celui qui est également président du holding FinanceCom, cet homme affable de 57 ans a été de toutes les batailles qu’a connues ce groupe bancaire. Normal, il «revendique» 27 ans de boîte, soit plus d’un quart de siècle dans cet établissement créé par les pouvoirs publics en 1959, dont il connaît le moindre rouage, les moindres recoins. Il a en effet intégré BMCE Bank en 1990, quand elle était encore un établissement public, après avoir entamé sa carrière sur les marchés financiers en France et assumé la responsabilité de la recherche au sein de la salle des marchés d’une grande banque d’affaires française.
Il y est ainsi plus ancien que le président Othman Benjelloun, qui s’est offert, en 1995, ce qui n’était qu’une «petite» banque, à la faveur de la privatisation initiée par l’Etat.
Fidèle au poste, ce docteur en Monnaie, Finance et Banque de l’Université Paris I Panthéon Sorbonne a donc accompagné l’établissement bancaire dans les différentes phases de son développement, qui ont conduit à en faire un Groupe multimétier de référence, présent dans pas moins de 19 pays dans le continent africain. Il en est même l’un des principaux architectes.
Le cheminement de Brahim Benjelloun-Touimi aux côtés de Othman Benjelloun n’aura pas cependant été de tout repos. Des challenges, ils en ont relevé. Des revers, ils en ont aussi subi. C’était le cas notamment lorsque, dans le cadre de son processus de développement, BMCE Bank a voulu avoir à ses côtés un partenaire de référence, notamment après le départ de la Commerzbank. La banque a ainsi vu sa tentative de rapprochement avec la Caisse d’épargne française avorter en 2003 : le Comité des établissements de crédit y avait mis son véto.
En 2004 cependant, un partenariat stratégique sera finalement signé entre BMCE et le Crédit industriel commercial (CIC), marquant l’entrée du Français dans le tour de table de l’établissement. Néanmoins, c’est en devenant l’actionnaire majoritaire (35%) du Groupe Bank of Africa en 2007 que le Groupe acquiert véritablement une nouvelle stature. Une dimension panafricaine actuellement bien assumée, consolidée avec le temps et qui va en se renforçant.
D’ailleurs, aujourd’hui, la présidence de Bank of Africa, groupe détenu à hauteur de 73% par BMCE Bank, est assurée par Benjelloun-Touimi, également administrateur Directeur général exécutif du Groupe BMCE Bank.
Zen attitude
Brahim Benjelloun-Touimi a ainsi gravi tous les échelons pour être l’un des piliers de cet empire financier, portant avec humilité ses multiples casquettes, dont notamment celles de président de Conseil ou administrateur de différentes sociétés du Groupe au Maroc et administrateur des entités bancaires européennes du Groupe.
La position qu’il occupe aujourd’hui dans l’organigramme du Groupe, il la doit certes à ses compétences, mais également à sa fidélité et sa loyauté. Qui ont fait de lui l’homme de confiance du président.
Comme on le dit «vulgairement», il a fait carrière. Lentement et sûrement. Faisant de la discrétion et du temps de précieux alliés. La patience semble d’ailleurs être le parfait miroir de la zen attitude qu’il affiche au quotidien. Bien visible dans ses discours lors des conférences de présentation des résultats : le débit est lent et posé, les mots égrenés avec minutie…, comme un banquier qui compte ses sous. A l’entendre parler, on en oublierait presque que c’est un banquier chevronné. Poète ? Certainement. A l’évidence, pour lui qui est visiblement très épris de la langue de Molière, l’élégance des mots est importante. Homme d’esprit doté d’une grande culture générale, il aurait vraisemblablement pu être un excellent homme de lettres. Mais voilà, c’est un banquier… habité par BMCE Bank, ses valeurs et ses ambitions. Un banquier qui, à long terme, a l’ambition de voir son Groupe présent dans tous les pays du continent africain. Comme le dirait certainement Brahim-Benjelloun Touimi d’une façon poétique, un Groupe qui a les racines profondément enfouies au Maroc, mais dont les feuillages verdissent efficacement les prés africains. ■
Par D. William