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Politique monétaire: le «stop and go» fait consensus

Politique monétaire: le «stop and go» fait consensus

Fitch Solutions prévoit de nouvelles hausses du taux directeur jusqu’au premier semestre 2024.

Bank Al-Maghrib se donne le temps d’évaluer ses derniers resserrements sur l’économie réelle avant de reprendre son cap restrictif.

 

Par Y.S

 

La pause sera peut-être de courte durée pour Bank Al-Maghrib. Et la stratégie du stop and go fait désormais consensus. Selon plusieurs analystes, la banque devrait reprendre son cycle de de relèvements du taux directeur dès sa prochaine réunion prévue en septembre.

«Après avoir maintenu les taux lors de sa réunion du 20 juin, nous anticipons désormais que Bank Al-Maghrib relèvera son taux directeur à 4% d'ici fin 2023, contre 4,50% auparavant», écrit Fitch Solutions, pour qui la pause de BAM est venue contre ses attentes d'une hausse de 50 pbs. Pour l’agence de notation bien que «la pause intervient dans un contexte de morosité de l'activité économique (…), le resserrement monétaire cumulé de 150 pbs depuis septembre 2022 sera insuffisant pour ramener l'inflation à son objectif implicite de 2% à moyen terme» incitant BAM à poursuivre son cycle de resserrement.

De son côté, Attijari Global Research estime que «tenant compte de la poursuite du resserrement monétaire de la BCE et de la reprise attendue du cycle de hausse du taux directeur de la FED après la pause de juin, BAM pourrait reprendre à son tour son cap restrictif d’ici la fin de l’année afin d’assurer un retour de l’inflation vers son objectif de stabilité des prix à moyen terme».

Notons que lors de la conférence de presse de la banque, le gouverneur a expliqué que le maintien du taux directeur inchangé a pour but d’évaluer les effets des hausses précédentes ainsi que l'impact des différentes mesures mises en place par le gouvernement pour soutenir certains secteurs d'activité et le pouvoir d’achat des ménages. Car les hausses de taux sont un outil très efficace pour décourager la consommation et l'investissement et desserrer ainsi la pression sur les prix. Mais leurs pleins effets mettent du temps à se faire sentir. Et à trop resserrer, c'est la croissance économique qui serait menacée surtout avec une campagne agricole en deçà des attentes.

De l’inflation au-delà de 2024

«Nous anticipons de nouvelles mesures de resserrement de la politique monétaire au dernier trimestre de 2023 et au premier semestre de 2024. Ainsi, Bank Al-Maghrib devrait augmenter progressivement son taux directeur pour atteindre 4,50% d'ici 2024», précise l’agence de notation.

Les raisons qui inciteront la Banque centrale à poursuivre ce resserrement sont multiples. Tout d'abord, l'inflation qui dépasse nettement l'objectif, et les anticipations d'inflation qui restent élevées. «Bien que nous ayons légèrement revu à la baisse nos prévisions d'inflation pour 2023, passant de 7,8% à 7,5% en raison de la baisse enregistrée en mai, nous sommes toujours convaincus que les anticipations d'inflation élevées, les taux d'intérêt réels négatifs, la faible croissance de la production agricole et la politique budgétaire expansionniste maintiendront l'inflation à un niveau élevé jusqu'en 2024 (+5,4%)».

Ceci suggère également que les taux d'intérêt réels resteront négatifs jusqu'en septembre 2024. Sur ce point, AGR note que la progression continue du volume de liquidité au sein de l’économie marocaine a été alimentée par un long cycle de faible rémunération de l’épargne. Rappelons que depuis le T4-2022, les taux réels au Maroc s’établissent toujours en territoire négatif.

Enfin, la stratégie adoptée par Bank Al-Maghrib rappelle celle de la Fed à la fin des années 1970. Sous la présidence de Paul Volcker, de 1979 à 1987, la Banque centrale américaine suivait une approche consistant à augmenter les taux d'intérêt pour lutter contre l'inflation, puis à les abaisser pour stimuler la croissance économique. Or, chaque fois qu'elle relâchait sa politique monétaire, l'inflation repartait à la hausse, sapant ainsi tous ses efforts.

 

 

 

 

 

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