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PLF 2014 : Les six péchés mignons

PLF 2014 : Les six péchés mignons

 

altLe projet de Loi de Finances ne finit pas de faire jaser. Il semble accaparer l’attention de toutes les classes politique, économique et scientifique. 

Ce troisième PLF de Abdelilah Benkirane fait l’unanimité quant à son inefficacité à relever les défis qui se posent au Royaume.

Le PI n’a pas manqué cette occasion en or pour épingler son compagnon d’hier. 

 

 

Cette année (encore?), le projet de Loi de Finances donne lieu à un large débat sur ses hypothèses, ses prévisions, ses réformes… Mais cette année, la polémique est plus grande encore. En effet, il s’agit du 3ème projet de LF après des élections anticipées au Maroc et une large vague qui a secoué toute la  région : j’ai nommé le «printemps arabe». Ce qui justifie que les attentes soient grandes et le mécontentement tout aussi ! 

Le PLF 2014 ressemble en tous points à ses prédécesseurs. 

Le patronat a déjà donné le «La» et plusieurs observateurs sont d’avis que le PLF n’est pas celui de la rupture, de la fin des mesurettes et du colmatage de brèches. Car, entre déficit et croissance, l’hésitation a eu raison de la pertinence du PLF. 

De quoi donner matière à l’opposition pour se livrer à l’exercice d’analyse des principales mesures que contient ce texte et, surtout, celles urgentes qui n’y figurent pas.

L’Alliance des économistes istiqlaliens s’est livrée à l’étude du projet et Adil Douiri, son président,  s’en est donné à cœur joie pour tailler en pièces ce PLF. «C’est le PLF qui nous a pris le moins du temps pour l’analyser… parce qu’il est vide !», explique-t-il, d’emblée, lors de la conférence qu’il a animée devant un parterre de journalistes, à Casablanca. 

L’analyse de l'Alliance des économistes istiqlaliens s’est attardée sur six principaux points. Le premier étant l’absence de mesures préventives malgré l'urgence d'un virage dans la stratégie économique. «Notre pays a déjà vécu une situation au début des années 1980. L’absence de réactions rapides du gouvernement a conduit, aujourd’hui, aux premières étapes de la mise sous tutelle de l’économie nationale par les institutions internationales. Un tel processus conduit souvent, en l’absence de vision et de compétence de la part du gouvernement, et au terme de quelques années, à une forte dévaluation de la valeur de la monnaie comme ajustement du déséquilibre des échanges extérieurs. 

Une forte hausse des prix s’ensuit, instantanément, avec une réduction parallèle du pouvoir d’achat des ménages et un mécontentement social de grande ampleur», souligne l’Alliance. Adil Douiri n’y va pas de «langue» morte pour relever le manque de compétence, de compréhension des problèmes et la capacité d’apporter des solutions à tous ces problèmes. 

 

Un projet «sans vision»

Le PLF aurait également péché, selon l’analyse des économistes de l’Istiqlal, par un message très négatif pour tous. L'Alliance estime que le projet est sans vision, sans souffle, sans ambition et ne traduit pas une approche économique claire et cohérente. Toujours est-il que cette problématique ne date pas d’aujourd’hui ! 

Or, le président de l’Alliance et membre du comité exécutif de l’Istiqlal ne démord pas. Car, s’il est vrai que certaines des problématiques soulevées dataient de l’époque même où le Parti de la balance était aux commandes, le gouvernement actuel est handicapé par son manque d’écoute et de concertation, de même que par son incapacité à gérer les grands projets. 

D’ailleurs, l’achèvement des grands chantiers, notamment ceux dédiés à l’export,  est aux yeux des économistes de l’Alliance la seule solution pour combler l’important déficit des échanges extérieurs. «Ceci requiert un changement d’idéologie, un changement de méthode, d’accepter que l’Etat doit changer de rôle dans la mise en œuvre des plans sectoriels exportateurs. Nous préconisons, depuis près de deux ans, que l’Etat déplace environ 3% de son effort d’investissement annuel (environ 3 milliards de DH par an) vers le renforcement du capital des projets exportateurs en cours d’exécution ou programmés mais non entamés. 

En face de l’injection limitée de capitaux dont ces projets ont besoin, notre pays gagnera entre 30 et 40 milliards de DH de recettes en devises, chaque année, à partir de la fin de la construction de ces projets», estime-t-on.

Par contre, difficile d’adhérer à l’argumentaire du PI concernant les hypothèses irréalistes ! Car au Maroc, c’est une règle générale,  immuable quel que soit le gouvernement. 

Aussi, le PLF aurait-il  péché car il porterait atteinte au pouvoir d'achat des ménages. Référence est faite ici aux différentes augmentations des prix ainsi qu'à la hausse de la TVA… et le fameux butoir.

Après les particuliers, c’est de l’angle de l’entreprise que l’Alliance se pose pour souligner un bilan globalement défavorable. Car, si l'Alliance salue la suppression du décalage d'un mois défavorable auparavant à l'entreprise, entre payement à l'Etat de la TVA collectée et récupération par l'entreprise de la TVA payée à ses fournisseurs; elle énumère nombre de mesures pénalisantes pour l'entreprise, notamment la forte réduction du budget d'investissement de l'Etat. 

Enfin, l’analyse relève l'absence d'une réforme de fond de la fiscalité. Et là encore, le gouvernement n’a fait que «ne pas déroger à la règle générale» ! 

Et bien qu’Adil Douiri ait dressé un tableau noir de la situation économique du pays, si rien n’est fait, il s’est tout de même permis d’espérer que l’arrivée de technocrates à la tête des ministères qui gèrent l’économie ou, en d’autres termes, «le gouvernement économique au sein du gouvernement», puisse rectifier le tir. 

Le PI, pour sa part, votera contre ce PLF actuellement au Parlement. Ce qui augure de débats encore plus houleux et des amendements à la pelle car le projet, tel qu’il est, ne comporte aucune rupture avec le passé ni de mesures structurelles à même de donner un nouveau souffle à l’économie, ou du moins apporter quelques réponses à ses priorités. Rien ! 

Pis, il n’a pas su apporter cette visibilité à l’économie nationale tant souhaitée par les opérateurs et les investisseurs.

A mi-chemin de la fin de son mandat, le gouvernement n’a pas «épaté» l’opinion comme attendu. Il n’a pas fait pire que ceux qui l’ont précédé, mais n’a pas fait mieux. Ce gouvernement amené par les vents du changement, a préféré faire dans la continuité. Certes, le contexte international a mené la vie dure à Benkirane. Encore faut-il admettre que l’équipe ne s’est pas montrée à la hauteur des défis !  

 

 

Pages réalisées par I. Bouhrara

 

 

 

 

 

 

 

 

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