- Le patrimoine financier des ménages marocains a nettement bondi, profitant à la fois d’une baisse de la consommation et de leur volonté de se prémunir face à l'avenir dans un contexte incertain.
En pleine crise sanitaire, les Marocains ont accumulé des montagnes de cash. La multiplication des périodes de confinement et des mesures de restriction ont limité les possibilités de consommer. Résultat des courses: le patrimoine financier des ménages, qui mêle les dépôts bancaires, l'épargne retraite et les avoirs en Bourse, a progressé de 5,1% avec près de 43 milliards de DH additionnels.
Il a totalisé ainsi 876 milliards de DH, constitué dans sa grande proportion de dépôts bancaires à hauteur de 82,7%, suivi des placements en assurance vie et des actifs sous forme de valeurs mobilières, avec des parts respectives de 10,8% et 6,5%.
Comment a été placé cet argent?
Il faut dire que les ménages marocains ont historiquement privilégié la détention des avoirs financiers liquides et de moindre risque. Du coup, compte tenu des restrictions sanitaires et de déplacements, ces derniers ont accumulé des dépôts auprès des banques qui se sont élevés globalement à 724 milliards de DH à fin 2020, enregistrant une progression sensible de 5,5%, soit un additionnel de 38 milliards de DH.
Par catégorie, les dépôts à vue, formant la principale composante avec une part de 63%, ont connu une accélération de 10% (totalisant 456 milliards de DH) contre 4,9% en 2019, alors que les comptes d’épargne, représentant 23% des dépôts, ont nettement décéléré, leur croissance s’étant établie à 1,9% après 4,7% en 2019, soit 166,5 milliards de DH.
Parallèlement, les dépôts à terme se sont de nouveau contractés de 6,4%, soit un retrait de 6,5 milliards de DH en une année. Ces dépôts ont totalisé 94 milliards de DH en 2020, leur part dans le total s’est réduite à 13% au lieu de 14,6% en 2019.
Des taux peu encourageants
Cette évolution s’expliquerait, entre autres, par la tendance baissière des taux d’intérêt rémunérant les dépôts à terme, observée ces dernières années, qui ne pousse pas les particuliers à faire des placements en ces produits. En 2020, les taux moyens pondérés des dépôts à 6 mois et 12 mois se sont établis respectivement à 2,56% et 2,87%, niveau bien inférieur que celui des années d’avant.
Par ailleurs,le montant global des placements des ménages sous forme de contrat d’assurance Vie a progressé de 9,1% en 2020 après 12,4% une année auparavant. Ce type de placements reste attrayant en raison de ses avantages fiscaux.
La crise pandémique et ses répercussions sur le marché boursier n’ont pas été sans impact sur les placements des ménages en valeurs mobilières. En effet, ces derniers ont enregistré une contraction de 5% contre une progression de 7,4% une année auparavant, pour s’établir à 57 milliards de DH à fin 2020. Ces placements sont majoritairement des titres de propriété à hauteur de 97%, composés d’actions et de titres d’OPCVM.
En définitive, ce surcroît d'épargne alimente aujourd’hui les débats, et plus précisément la question de mobiliser les citoyens dans l'effort de la relance économique. On pense notamment à l’emprunt national qui a été reporté à la rentrée. Une période qui coïncide avec les élections.