L’Office des changes permet désormais aux OPCVM et OPCC la gestion des actifs en devises des résidents.
Les Assets managers auront accès à une gamme de produits plus diversifiée.
Par Y. Seddik
Les sociétés gestionnaires sont constamment en quête de bons rendements, de relais de performance et de diversification, cela dans le but d’optimiser leurs politiques d’investissement. Sur le marché national, les opportunités de placement sont parfois réduites, et la baisse et/ou la stagnation du marché actions conduisent les gérants à voir ailleurs.
C’est ainsi que les Assets managers marocains se tournent vers les marchés internationaux qui seraient une bonne alternative, quoique pour y investir des limitations sont imposées par les autorités. Car dans le cadre de la libéralisation progressive des changes datant de 2007, l’Office des changes n’a permis aux OPCVM (Organisme de placements collectif en valeurs mobilières) d’investir que de 10% de leurs portefeuilles en devises à l’étranger.
Et, avant 2019, les organismes de placement collectif en capital et en valeurs mobilières n’avaient pas la possibilité de gérer les souscriptions collectées en devises de leurs clients marocains.
Un manque à gagner qui faisait grincer des dents au sein de la communauté financière, après l'opération d'amnistie fiscale sur les avoirs à l'étranger notamment. Une société de gestion étrangère pouvait décrocher le statut CFC et concurrencer les gestionnaires marocains sur leur propre territoire sur ce segment.
Pourtant, elles ont emmagasiné suffisamment d'expérience, d'outils et de maîtrise depuis 20 ans pour le faire. Les ressources humaines sont bien formées et à la pointe en termes de systèmes d'information et de gestion de risques.
Accès à une nouvelle clientèle
La nouvelle instruction de l’Office des changes est venue corriger cette anomalie. Les OPCVM et les OPCC (Organisme de placement collectif en capital) collectant des souscriptions en devises ou en dirhams convertibles peuvent désormais effectuer des opérations de placements en devises à l’étranger à hauteur de 100% du montant collecté.
En clair, l’on pourrait voir naître des fonds orientés à 100% vers les marchés étrangers. Cette avancée donne donc aux Assets managers accès à une clientèle latente qu’ils ne pouvaient recruter auparavant. Cela dit, toutes les règles prudentielles auxquelles sont soumis les OPCVM marocains restent applicables à l’investissement à l’étranger.
Bien entendu, le placement à l’étranger suppose des limites géographiques. Les opérations de placements en devises par un OPCVM doivent être effectuées dans les pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) et/ou les pays membres de l’Union européenne et/ou dans les pays de l’Union du Maghreb arabe (UMA), précise l’Office des changes.
Restrictions
Si la circulaire est assez claire concernant les limitations géographiques, elle insiste également sur la nature des supports d’investissement des fonds à l’étranger. L’univers d’investissement accessible aux OPCVM y est clairement défini. Ils sont autorisés à investir dans les titres de capital cotés, titres de créance, dépôts chez banques étrangères et parts ou actions de fonds investis majoritairement en actions et titres de créances.
Les dérivés et produits à terme ne font pas partie de la liste des instruments autorisés. Car, par souci de prudence, il a été retenu de limiter la nature des placements autorisés aux produits financiers classiques équivalents à ceux actuellement traités sur le marché marocain.
Au moins, les gérants pourront tirer profit de la gestion indicielle, dont le marché représente plus de 1.000 milliards d'euros en Europe. Et qui, selon les experts, délivre des performances supérieures à la gestion active sur le long terme, c'est-à-dire au-delà d'une période de 5 ans. Bien sûr, un rating minimal est exigé pour les titres de créance et pour les banques étrangères chez qui les OPCVM effectuent des dépôts. Dans les deux cas de figure, la notation doit être équivalente en Standard and Poor’s (S&P) à AA- et AAA pour le moyen et long terme, et à A-1+ pour le court terme. Dans le cas où le rating des titres acquis évolue à la baisse et ne respecte plus le niveau minimum requis, l’OPCVM doit procéder à la vente de titres dans les meilleurs délais.
Parallèlement, les revenus et produits de cession, y compris les plus-values, réalisés au titre des opérations de placement à l’étranger des institutions financières, peuvent être réinvestis à l'étranger.
Cette ouverture est possible depuis le 14 janvier dernier. Reste à savoir si la demande va suivre.
D'autres institutions concernées
L’Office des changes a aussi prévu des dispositions bien précises pour les autres institutions financières. Pour les opérations de placement à l’étranger des entreprises d’assurances et de réassurance, les plafonds sont fixés à 5% du montant total de leur actif net du dernier bilan clos.
Toutefois, le réemploi au titre de ces opérations est considéré comme une nouvelle opération de placement. Pour ce qui est des banques, les plafonds sont fixés par la Banque centrale, alors que pour les organismes de retraite, les seuils sont fixés à 5% du montant total de leurs réserves telles qu’elles figurent sur les états financiers du dernier exercice social.