Des séances anémiques conjuguées à une faiblesse des volumes.
La redynamisation est tributaire de la mise en circulation de papier frais, mais aussi de nouveaux instruments financiers…Les séances boursières sont moroses. De faibles volumes sont enregistrés. Le marché manque de papier frais. Les investisseurs boudent le marché des actions.
Le marché boursier marocain baigne dans l’accalmie et ne semble pas près d’en ressortir. La performance des indices boursiers de la place ressort à -5,21% pour le Masi et -5,12% pour le Madex en date du 13 juin. A la même période de l’année précédente, l’indice représentatif du marché avait atteint 17,68% et l’indice des grandes capitalisations 18,43%.
Pour Hassan El Hajjaji, gestionnaire de portefeuille à la société de Bourse MSIN, «la persistance des tensions géopolitiques des pays de la zone MENA, les revendications politiques, économiques et sociales locales qui ont surgi avec force au Maroc depuis le 20 février, ainsi que les attentats de Marrakech, sont des événements qui ont impacté directement l’évolution du marché boursier et la psychologie des investisseurs». Le manque de visibilité et l’incertitude sur les perspectives qui règnent sur le marché impliquent un sentiment de manque de confiance et d’attentisme de la part des opérateurs. Cela entraîne un marché morose avec des volumes faibles dont la physionomie est comparable à celle des années 2000 et 2001».
En effet, les transactions boursières se font de plus en plus rares, affectant directement le niveau des volumes qui atteignent pendant cette année leur plus bas historique (18 MDH en date du 6 juin de l’année en cours).
Ainsi, les investisseurs tant nationaux qu’étrangers se désintéressent du marché boursier. Leurs placements financiers prennent-ils plus une orientation monétaire et obligataire, ou préfèrent-ils placer dans des dépôts bancaires ? A cette question, Hassan El Hajjaji assure : «Oui, c’est vrai, il y a un arbitrage qui est fait en faveur des OPCVM obligations qui sont passés de 127 Mds de DH à 138 Mds de DH, soit une hausse 8,11% sur les cinq premiers mois de l’année sur une année glissante. Par contre, les OPCVM monétaires connaissent un intérêt bien moins présent. Leur actif est passé de 59 Mds de DH à 56 Mds de DH, soit une baisse de 5 % sur la même base comparable».
Le marché manque de nouvelles introductions en Bourse. Les sociétés rejoignent de moins en moins la cote en comparaison aux années 2006 et 2007 qui ont connu un niveau d’IPO record avec 20 sociétés introduites en Bourse durant ces deux années. D’un point de vue opérationnel, cette absence est due incontestablement au caractère familial des entreprises marocaines constituées dans leur majorité de PME. D’un autre côté, de par leur nature, certaines grandes sociétés marocaines telles que l’OCP sont dépendantes dans leur choix stratégique de décisions des pouvoirs publics.
Des pistes pour dynamiser le marché
Un bon «plat» pour fortifier le marché boursier est fortement recommandé. «Dans le contexte actuel, le marché a besoin de plus de confiance et de visibilité. Dans ce sens, l’Etat peut stimuler le marché d’une façon directe à travers l’accélération des réformes politiques, économiques et sociales. Indirectement, l’accélération des publications des lois portant sur la création des différents instruments financiers (marché à terme, ventes à découvert, prêt-emprunt des titres…) constituent des outils financiers qui concourront incontestablement à tonifier le marché. Cependant, l’Etat doit être le précurseur en matière d’introduction en Bourse à travers la privatisation des sociétés publiques. Depuis l’introduction en Bourse de Maroc Télécom et de la CGI, on a constaté une absence de l’Etat malgré ses besoins de liquidité pour couvrir son déficit budgétaire qui peut atteindre 4,5% du PIB en 2011. Ce qui est regrettable pour le marché», note El Hajjaji.
Le PEA est l’un des grands projets mis en œuvre par l’Etat dans l’objectif justement de dynamiser le marché. Mais cet outil de mobilisation de l’épargne n’a jusqu’à présent pas connu le succès prévu par les pouvoirs publics.
El Hajjaji le confirme d’ailleurs. Selon lui «c’est un moyen d’incitation à l’investissement en Bourse et de mobilisation de l’épargne à long terme. Il offre aux ménages la particularité de la non soumission aux taxes sur les profits de cession des actions au-delà d’une période de cinq ans.
Il reste un produit intéressant qui n’a néanmoins pas été lancé au bon moment par les autorités. La conjoncture actuelle n’est pas favorable à son épanouissement. On prévoit un démarrage effectif de la commercialisation de ce produit dès la reprise du marché boursier».
In fine, les perspectives d’évolution du marché boursier à fin 2011 restent indéchiffrables. Ceci dit, Hassan El Hajjaji pense que «les résultats semestriels des sociétés cotées qui vont être publiés en septembre, ajoutés à l’évolution des réformes politiques au Maroc et la progression de la conjoncture géopolitique de la région, sont des facteurs qui vont affecter l’évolution du marché boursier marocain». «Mes pronostics seraient que le marché clôture à fin 2011 dans une fourchette de -5% à +5%)», conclut-il.
I. Ben (Stagiaire)