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Paiement mobile: coup d’épée dans l’eau ?

Paiement mobile: coup d’épée dans l’eau ?

Le faible enrôlement des commerçants pénalise le développement du paiement mobile au Maroc.

Plus de 3 ans après son lancement, les chiffres des opérations interopérables sont insignifiants.

 

Par Y. S

Le Maroc est à la traîne en matière d’inclusion financière. Deux constats le prouvent  : deux tiers des adultes ne sont pas bancarisés, alors que les dispositifs de paiement mis en place aujourd’hui ne marchent plus (du moins pas comme souhaité). C’est dans cette configuration que l’initiative du paiement mobile a été pensée. Annoncé comme l'un des piliers de la Stratégie nationale de l'inclusion financière, le projet du m-payment se fait année après année discret. L’aura construite autour du projet avant son démarrage s’est vite éteinte, laissant la place à un marché creux, avec des opérateurs sans véritable activité.

C’est le constat dressé par la Banque mondiale dans un récent rapport où elle explique que l’usage du paiement mobile n’est pas à la hauteur des attentes. Avec un taux de pénétration mobile à 137% et celui d’Internet dépassant les 93%, le m-payment avait le chemin balisé pour un lancement à succès. Mais aujourd’hui, les chiffres sont clairs, il n’y a pas de décollage. Pas plus d’adoption. «Au niveau des m-wallets, nous sommes passés de 1,2 million à 5,4 millions. Le volume des opérations en gros est de 1,1 milliard de DH. C’est essentiellement des factures et des prépayés. Sur le plan des montants interopérables, nous restons à 1% de l’ensemble des montants», a déclaré Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al-Maghrib, lors du dernier point presse suivant le Conseil. Il concède que «c’est l’écosystème de proximité qui n’a pas pris et nous sommes en train un petit peu de pousser. Nous allons avoir un Comité national d’inclusion financière très rapidement où nous allons devoir repenser également la stratégie».

«Malgré les incitations apportées par la Loi de Finances 2020, il y a une réticence à passer du formel vers l’informel», note le Wali. Pour la Banque mondiale, cette réticence envers le recours aux technologies numériques pour les transactions financières est «probablement imputable au manque de confiance de la société à l’égard de l’administration publique et des sociétés commerciales».

Ce qui bloque

L’enrôlement des commerçants, d’une part, et le développement du réseau d’acceptation, de l’autre, restent donc les deux défis à surmonter par les établissements de paiement. C’est ainsi qu’un travail de communication et de sensibilisation de toutes les parties prenantes prend toute son importance. Le but étant d’installer une confiance auprès des futurs usagers. Dans ce sens, Jouahri souligne que «le programme Tayssir est l’une des orientations stratégiques de Bank Al-Maghrib dans ce domaine, qui pousse le gouvernement à faire passer les aides publiques par le mobile payment. Nous essayons maintenant de généraliser avec le ministère de l’Éducation nationale l’opération Tayssir, qui ne concerne actuellement que Azilal, Benguerir, Fès et Meknès. Ce n’est pas facile vu qu’il faut fiabiliser tous les RIB des bénéficiaires aussi bien chez les établissements de paiement que chez les banques».

A cet effet, l’une des priorités du Groupement d’intérêt économique (GP2M) est la mise en place d’une marque unique de paiement mobile au Maroc, à l’instar de ce qui est fait avec la monétique. Cette marque devrait faciliter la reconnaissance des points d’acceptation de paiement et indiquera au client, quel que soit son opérateur, que le paiement mobile est disponible. L'objectif  recherché est donc d'arriver à créer une solution qui remplace l’existant et qui soit acceptée par la population. C’est pour cette raison que c’est particulièrement difficile au Maroc. En fait, c’est tout l’enjeu pour cette industrie. Au final, comme toute activité nouvelle, le paiement mobile a besoin d’ajustements, et surtout, de la patience pour un décollage généralisé. Car même dans les pays où l’activité s’est avérée être une success-story, cela a mis des années pour un bon déploiement, à l’image du Kenya et des autres pays d’Afrique subsaharienne. 

 

 

 

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