Les cours des matières premières commencent à reprendre de la hauteur. Le mois de décembre a affiché une nette augmentation suite à une reprise de la demande. L'économie marocaine risque d'être pénalisée du fait que tous les produits importés sont touchés par ce mouvement de hausse, à commencer notamment par le pétrole et les produits agricoles de base.
Avec cette tendance, les pressions sur la Caisse de compensation vont s'accentuer et entraîner un alourdissement de la facture dédiée et une probable aggravation du déficit budgétaire
«Les cours du pétrole ont atteint 94 dollars le baril le 28 décembre, leur plus haut niveau depuis septembre 2009, en hausse de 11% depuis un mois et de 21% depuis le début de l'année.
Cette évolution découle d'un hiver très froid dans l'hémisphère nord, un repli des stocks et une forte hausse de la demande, en ligne avec le net redressement de l'économie mondiale. Globalement, les cours pétroliers continuent de fluctuer dans une fourchette assez large (entre 80 et 90 dollars depuis début octobre) et qui se déplace progressivement vers le haut», explique-t-on dans une étude publiée récemment par la Direction des Etudes et de la Prévision Financière (DEPF) relevant du ministère de l'Economie et des Finances.
Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), la demande mondiale en pétrole a été plus forte que prévu en 2010, avec une hausse de 2,5 millions baril/jour à 87,4 millions baril/jour tirée par l'Amérique du Nord et l'Asie émergente, en particulier la Chine. Pour l'année 2011, l'AIE prévoit une poursuite de la croissance de la demande de brut à un rythme modéré (+1,3 million de baril/jour à 88,8 millions baril/jour) mais plus fort que prévu initialement.
Mais après trois ans, le pétrole menace de revenir à son niveau de volatilité record où il avait atteint un pic historique de 150 dollars. Le gouvernement avait été contraint, à l'époque, de revoir à la hausse les prix des hydrocarbures à la pompe. Avec ces tendances à la hausse, ce scénario est fort probable.
La facture pétrolière reste l'un des facteurs les plus pénalisants de la balance commerciale et des avoirs extérieurs du pays en devises. Car le Maroc importe 95% de ses besoins de l'étranger. La Loi de Finances 2011 a prévu un prix de baril à 75 dollars et un taux de change Dollar/DH de 8,5. Au-delà de ces estimations, le coût sera élevé pour les finances publiques et l'économie nationale.
Au terme des dix premiers mois de 2010, les importations énergétiques ont augmenté de 36%, en glissement annuel, suite à la hausse des cours mondiaux. Elles se sont établies à 58,5 Mds de DH, représentant 24% des importations totales de marchandises contre 20% en 2009.
La facture pétrolière a rebondi de 58% sur un an à 20,6 Mds de DH, tirée par une hausse de 38% du cours moyen de la tonne importée.
La facture alimentaire est, elle aussi, un élément déterminant au niveau des importations du Maroc.
«Les prix des produits agricoles restent inscrits dans une tendance haussière, soutenus par des préoccupations sur l'offre. Les prix du blé et du maïs ont atteint des sommets de plus de deux ans en décembre, avec des hausses respectives de 86% et 78% depuis début juillet. Les cours du sucre brut ont repris leur hausse en décembre pour s'approcher de leur sommet de trente ans atteint en novembre, suite à des difficultés d'approvisionnement et des récoltes plus faibles que prévu», explique-t-on à la DEPF.
A fin octobre 2010, la facture alimentaire a rebondi de 12% sur un an pour s'établir à 22,6 Mds de DH sur la période susvisée, en raison notamment de la hausse des importations de maïs, de blé et de produits laitiers. Ainsi, les achats de maïs ont augmenté de 21% à 3,1 Mds de DH, tirés par une hausse du prix moyen de 14% et du volume importé de 6%. De même, les importations de blé ont augmenté de 12% à 5 Mds de DH, suite à une hausse du volume importé de 26%, malgré une baisse du prix moyen de 12%.
Bien que l'Etat ait reconduit l'exonération des droits de douane sur le blé jusqu'à 2012, le prix de ce produit reste cher et pénalise les activités des professionnels au Maroc, notamment les minotiers.
A fin octobre 2010, les importations de maïs et de blé ont augmenté de 21% et 12% respectivement. Les achats de sucre ont reculé de 13%. Les prix de ce produit s'inscrivent également à la hausse avec une progression moyenne de 50%.
Son approvisionnement reste tendu, affecté par une récolte faible au Brésil, premier exportateur mondial, et en Australie en raison du mauvais temps, ainsi que par des restrictions à l'exportation en Inde, deuxième producteur mondial. La congestion persistante des ports brésiliens a accentué les difficultés d'approvisionnement à court terme pour répondre à une forte demande mondiale. A Cosumar, principal producteur et importateur national de sucre au Maroc, on affirme que la situation est sous contrôle et que le Groupe suit de plus près la situation du marché et qu'il a déjà pris les dispositions nécessaires en anticipant les différentes fluctuations du marché avec les contrats d'achat à terme.
La hausse des produits de base a impacté la balance alimentaire marocaine qui a affiché un solde déficitaire de 2,8 Mds de DH durant les dix mois de l'année 2010, contre un excédent de 343 MDH sur la même période de 2009. Outre la hausse des importations, les exportations ont connu un recul de 3% à 19,8 Mds de DH.
C. J.