Conçue pour prévenir et résoudre les crises par le biais d’instruments de prêt, la ligne de précaution et de liquidité (LPL) du FMI accordée au Royaume depuis 2012, puis renouvelée en 2014, ne sera pas reconduite en 2016.
L’habituelle rencontre semestrielle entre le gouvernement et les équipes du FMI, qui ont séjourné au Maroc du 21 octobre au 4 novembre 2015, n’aurait pas abouti au renouvellement de la LPL. Le ministre des Affaires générales et de la Gouvernance, Mohamed El Ouafa, l’aurait confirmé : «Pas de recours à une 3ème ligne de précaution et de liquidité».
Le gouvernement a donc tranché par rapport à la question du renouvellement, avant même la date d’échéance de la 2ème LPL prévue en juin 2016. Rappelons, à ce titre, que le Maroc n’a jamais fait usage de cet instrument, qualifié de parachute anti-crise, et accordé pour la première fois en 2012, pour un montant de 6 milliards de dollars (700% de la quote-part du Maroc). En 2014, la LPL a été reconduite une seconde fois, pour un montant de 5 milliards de dollars, soit 550% de la quote-part du Maroc, d’une durée de 24 mois.
Le choix de ne plus recourir à la LPL semble s’expliquer principalement par l’amélioration de l’état de santé économique du pays, comme en témoignent les agrégats économiques de l’année écoulée: une croissance de 4,7% en 2015 grâce à la bonne campagne agricole et à l’accélération progressive de l’activité dans les autres secteurs, des réserves de change qui s’apprécient, un déficit budgétaire en recul et une inflation maîtrisée à 1,5%. C’est certainement à la lecture de ces agrégats que le gouvernement a estimé qu’au bout de la 2ème LPL, il faudrait concrétiser, ou du moins être prêt à mettre en oeuvre les autres réformes du programme, notamment celles de la retraite et du régime de change, jugé peu flexible par le FMI. D’ailleurs, au terme de la récente mission d’évaluation qui entre dans le cadre de la LPL, le FMI avait déclaré que «la réforme du système de retraites est urgente pour en préserver la viabilité». Cette recommandation, intervenue au moment où le régime des retraites faisait déjà l’objet de toutes les préoccupations, semble avoir été entendue, puisque les premières prémices de la réforme ont été annoncées.
Momar Diao