La circulaire DAPS /IA/15/24 dérange à plus d’un titre les intermédiaires qui n’ont pas dissimulé leur mécontentement durant la rencontre annuelle de la Fédération nationale des agents et courtiers d’assurance au Maroc (FNACAM). D'un ton plus ou moins rassurant, son président, Khalid Aouzal, nous livre ses propos.
Finances News Hebdo : En dépit de son entrée en application, la circulaire DAPS/IA/15/24 du 16 juillet 2015 continue à diviser la profession des intermédiaires en assurance. Vous, en tant que président de la FNACAM, quelle est votre lecture des retombées de ladite circulaire sur la profession ou sur le secteur des assurances en général ?
Khalid Aouzal : Je pense que la situation d’encaissement des primes était très alarmante et qu’il fallait obligatoirement mettre de l’ordre au sein de la profession. Cette circulaire a beaucoup d’avantages, mais présente également un certain nombre d’inconvénients. C’est pour cette raison que nous avons demandé à nos confrères de nous remonter au fur et à mesure les difficultés qu’ils rencontrent lors de son application.
Je pense que cette circulaire va dans l’intérêt du petit agent et du petit courtier parce qu’elle leur permettra d’encaisser plus rapidement qu’auparavant. Il y aura peut-être de la casse, nous ne le savons pas encore, mais nous préférons avoir quelques mois d’expérience pour revenir vers la nouvelle autorité des assurances, l’ACAPS, et la FMSAR pour voir s’il y a lieu de retoucher cette circulaire.
F.N.H. : A en croire les courtiers et les agents, l’entrée en vigueur de la circulaire a été faite dans la précipitation et, du coup, ils n’ont pas eu assez de temps pour se préparer. Etes-vous du même avis ?
Kh. A. : Je ne veux jeter la pierre à personne. Depuis le mois de juillet 2015, nous avons communiqué cette circulaire à l’ensemble des adhérents de la FNACAM et même à certains agents et courtiers non-adhérents. Il y a eu une campagne de communication qui a débuté, certes tard, fin février-début mars. Je considère qu’elle a été timide et j’en ai d’ailleurs fait part aux personnes responsables à la FMSAR afin de la multiplier auprès du grand public. Je pense qu’avant le renouvellement du 1er juillet, d’autres rappels seront faits à ce niveau.
F.N.H. : Un peu plus d’un mois après l’entrée en application de la circulaire, quels sont les vrais problèmes rencontrés par les agents et courtiers ?
Kh. A. : Monsieur tout le monde. Monsieur tout le monde est habitué à tout acheter à crédit. Aujourd’hui, réclamer au citoyen lambda de payer au comptant la prime d’assurance, s’avère difficile et aux antipodes de ses habitudes.
F.N.H. : Quelle est votre appréciation sur le non-provisionnement des impayés proposé par le président de l’ACAPS ? Est-ce vraiment une issue à cette problématique ?
Kh. A. : Il s’agit d’une situation qui concerne les compagnies d’assurances qui, normalement, doivent provisionner les créances qu’elles ont sur les assurés et ou sur les intermédiaires. Hassan Boubrik a proposé le non-provisionnement des créances antérieures au 31/ 03 /2016 pour stopper l’hémorragie. En ce qui concerne les créances nées avant cette date, l’ACAPS va accepter l’existence d’un protocole entre intermédiaires et compagnies d'assurances pour permettre un échelonnement des dettes. Tant que le protocole est respecté dans ses échéances, l’autorité de contrôle ne va pas exiger des compagnies d’assurances de provisionner. Le ces échéant, elles seront dans l’obligation de le faire.
TÉMOIGNAGES
Hicham El Khadar, du Bureau régional de l’UMAC de Rabat et vice-président de l’Amicale Zurich
«Pas de prime, pas de couverture»
Que pensez-vous des intermédiaires qui prétendent que la présente circulaire signe leur mort ?
Ce que je peux dire, c’est que 80% des agents ne sont pas du tout d’accord avec l’application de la circulaire. Aujourd’hui, la question est de savoir si : le solde des impayés émane-t-il des clients ou des intermédiaires ? Lorsque la circulaire a été publiée, la défunte DAPS a fait l’autruche tout en minimisant les retombées. Si les intermédiaires font la rétention des primes, il y a le recours au procureur du Roi pour régler le problème. Si les primes ne sont pas payées par les assurés, il y a une procédure tout à fait normale dont a parlé le président de l’ACAPS, mais qu’il ne souhaite pas appliquer. A savoir, pas de prime, pas de couverture. Comme dans tous les pays du monde, celui qui n’a pas payé sa prime ne bénéficiera pas de la couverture. J’estime qu’il y a une fuite en avant et l’ACAPS ne veut pas regarder le problème tel qu’il se présente réellement parce qu’elle a peur que les citoyens commencent à circuler sans souscrire de polices d’assurance. Mais elle ne se soucie guère des intermédiaires.
Assureur souhaitant garder l’anonymat
«Les intermédiaires ont eu 9 mois pour se préparer»
Les intermédiaires ne se sentent pas prêts parce que l’application de la circulaire a été faite dans la précipitation. Etes-vous du même avis ?
«Je ne pense pas que l’application de la circulaire a été faite dans la précipitation parce que nous l’avons bien étudiée pendant une période de six mois avant sa parution. Nous avons tenu plusieurs réunions avec l’ACAPS, la FMSAR et la FNACAM qui, faut-il le rappeler, a participé activement aux débats. La circulaire est sortie au mois de juillet 2015 pour être appliquée au mois d’avril 2016. Il s’agit de neuf mois pour se préparer, et donc je ne suis pas d’accord avec ceux qui considèrent que son application a été faite dans la précipitation.
En ce qui concerne l’impact de la circulaire, bien qu’il soit prématuré de tirer des conclusions, je peux dire que nous avons fait ce mois-ci un meilleur encaissement par rapport à la même période de l’année 2015. Certes, nous avons perdu quelques clients chez les différents points de vente, mais en termes de primes, nous avons un encaissement qui est supérieur à la même période que l’année précédente.