La passation des pouvoirs entre Hassan Boulaknadal et Nezha Hayat s'est effectuée le 10 février au ministère des Finances. Une nouvelle ère pour le marché financier marocain. Tour d'horizon des défis que devra relever le nouveau régulateur.
En nommant Nezha Hayat à la tête de l'Autorité marocaine des marchés des capitaux (AMMC), le Souverain a choisi la compétence et le dévouement. La compétence, car cette dame a roulé sa bosse sur les marchés, et le dévouement en ce sens que c'est une femme de causes. Une femme qui a toujours milité pour l'égalité entre les genres et la représentativité des femmes dans les instances dirigeantes. L'arroseur a, semble-t-il, été arrosé, surtout quand on prend la mesure de ce qui l'attend. Car l'AMMC sera aux marchés financiers ce que Bank Al-Maghrib est aux banques. Une autorité entièrement indépendante, autonome et aux larges prérogatives. Elle devra avoir un oeil sur l'ensemble des marchés des capitaux et ne pas se limiter aux valeurs mobilières.
Une expérience reconnue
Nezha Hayat, diplômée de l’ESSEC Paris, traîne derrière elle une longue expérience sur les marchés. Elle a occupé plusieurs postes à la Société Générale dans l'activité de marché. Elle a siégé au Conseil d'administration de la Bourse comme représentant de la société de Bourse de la Société Générale et préside, par ailleurs, le Club des femmes administrateurs qui oeuvre pour une meilleure reconnaissance de la femme marocaine dans les postes de responsabilité. Le marché, elle le connaît fort bien, et ses problèmes aussi. Une question reste toutefois posée : il s'agit du style de régulation qu'elle va adopter, car quand bien même les procédures sont claires et précises, l'appréciation humaine devra intervenir dans certains cas, ne serait-ce que dans sa communication. L'avenir nous apportera des réponses.
Enfin, n'oublions pas que le CDVM a lancé plusieurs chantiers que cette autorité devra achever, comme l'accès des PME aux marchés financiers, surtout l'information «allégée» qu'il faudra leur demander de produire pour réduire leur coût d'accès aux capitaux. Il s'agit aussi de la mise en place d'un compartiment à terme qui s'avère être un casse-tête pour les autorités étant donné la multitude de contraintes, d'intervenants et de procédures. Ces chantiers, ce sont 7 années de travail qu'il ne faudra surtout pas balayer d'un revers de main.
Adil Hlimi