Promouvoir les outils digitaux dans la distribution, un cadre légal plus flexible et une meilleure qualité de l'information sont au cœur des doléances des investisseurs particuliers.
Par A. Hlimi
Intervenant à l'occasion de l'ouverture du Salon de l'épargne organisé par Finances News Hebdo et Boursenews les 3 et 4 novembre à Casablanca, Nezha Hayat, présidente de l'Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), n'a pas manqué de rappeler la fissure grandissante entre les petits épargnants et le marché des capitaux. Pourtant, le marché dispose d'atouts, avec une offre de plus en plus accessible et diversifiée (Bourse, OPCVM, obligations vertes, etc.) et un cadre règlementaire orienté sur la protection des épargnants. Mais les chiffres ne mentent pas.
«L'épargne individuelle captée par le marché des capitaux est encore modeste, avec un nombre d'investisseurs individuel limité», commente la présidente de l'AMMC. Quelques indicateurs suffisent pour illustrer ce constat. Le Maroc compte moins de 150.000 comptes titres détenus par les personnes physiques résidentes et 22.000 porteurs de parts d'OPCVM, alors que 16,5 millions de personnes, au moins, détiennent des comptes bancaires. L’autre chiffre parlant est que moins de 6.000 personnes physiques ont participé aux 10 dernières introductions en Bourse. Un chiffre bien loin des 130.000 souscripteurs que nous avons enregistrés à l'IPO de Maroc Telecom en 2004.
Pour Nezha Hayat, la part moyenne des personnes physiques dans le volume des transactions ne dépasse guère les 11%, et ce en dépit du développement accru de la Bourse en ligne. «Il va sans dire que pour le développement du marché, la mobilisation de l'épargne populaire est tout aussi importante que celle de l'épargne institutionnelle», a-t-elle martelé.
Comment inverser la tendance ?
Pour la présidente de l'AMMC, les canaux de distribution et de commercialisation doivent s'adapter aux évolutions des usagers, notamment chez les jeunes. Selon un sondage d'opinion réalisé par l'AMMC, les principales attentes des particuliers sont tout d'abord la digitalisation au maximum du marché boursier et la promotion de l'innovation en matière de produits financiers. En deuxième lieu, les personnes physiques citent un cadre légal plus flexible qui encourage l'accès au marché. Enfin, il s'agit d'accompagner l'investisseur pour lui faciliter l'accès à l'information et d'outils adaptés.
Un site web dédié aux personnes physiques
Annonce faite à l'occasion du Salon de l'épargne : l'Autorité va lancer un site web dédié à l'information des personnes physiques. Cette action est entreprise dans le cadre de la mission de l'AMMC pour la promotion de l'éducation financière des épargnants. Ce portail réunit en un seul point les données statistiques relatives aux porteurs d'instruments financiers, les divers supports d'éducation financière publiés par l'AMMC, un espace d'échange avec les épargnants ainsi que des études sur le comportement des épargnants et des alertes sur des pratiques frauduleuses.