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Loi de Finances rectificative: Le gouvernement balise la relance

Loi de Finances rectificative: Le gouvernement balise la relance

Les grands axes du projet de Loi de Finances rectificative dévoilés.

Pour certains observateurs, cette situation de crise est une opportunité pour mener à bien les réformes.

 

Par C. Jaidani

 

Face à une conjoncture de crise, un projet de Loi de Finances rectificative (LFR) s’est imposé. L’objectif est de réviser les différentes projections et de lancer une série de mesures permettant de relancer la machine économique, tout en faisant des arbitrages budgétaires.

Les finances publiques sont mises à rude épreuve. D’une part, l’Etat est appelé à jouer son rôle de stabilisateur à coup de fonds injectés dans l’économie pour soutenir les secteurs les plus impactés et, d’autre part, les recettes publiques seront chahutées à cause de la crise économique.

«Ce projet de LFR se distingue par le recentrage des orientations autour de trois éléments clés, alors que dans la LF 2020, on recense pas moins de 21 éléments. La première orientation vise à relancer l’économie rapidement à travers la contractualisation des secteurs impactés.  La deuxième a pour objectif de préserver l’emploi avec les aides aux entreprises qui gardent plus de 80% de leurs effectifs, et le troisième élément se focalise sur la réforme de l’administration», souligne Driss Effina, président de Directoire du Centre indépendant des analyses stratégiques.

«Excepté les trois objectifs prioritaires de ce projet, les autres seront décalés dans le temps et seront programmés dans la Loi de Finances 2021 si les circonstances économiques le permettent», ajoute Effina. L’Etat devrait accompagner les secteurs impactés à travers des mécanisme de financement adéquats qui ciblent aussi bien les entreprises privées que publiques.

Pour l’informel, le projet de LFR a prévu d’alimenter le fonds Covid19 afin de financer et soutenir les activités non organisées. Ce dispositif devrait être maintenu jusqu’à fin 2020. Face à cette situation de crise mettant une forte pression sur les finances publiques, des interrogations se posent quant à la capacité de l’Etat à répondre à tous les besoins.

«Il est prévu que le déficit budgétaire soit porté à 7,5% et il peut être accentué davantage s’il le faut, surtout que la conjoncture internationale n’est pas favorable et plusieurs secteurs ou indicateurs sont fortement secoués, comme le tourisme ou les transferts des MRE», explique Youssef Oubouali, professeur de droit fiscal.

«Le gouvernement n’a pas assez de marges de manœuvre. Depuis le début de la crise, des mesures sont prises pour le court terme, car la situation évolue rapidement et il faut prendre en considération les différentes évolutions afin d’ajuster les décisions. Le plus important est de maintenir le tissu économique en état de relance. Dans ces conditions, une nouvelle amnistie fiscale générale est souhaitable. Elle permettra de rassurer les entrepreneurs et le monde des affaires», précise Oubouali. Chez la classe politique, les commentaires sont mitigés à propos du projet de LFR.

Pour Abdallah Bouanou, président de la commission de l’Intérieur à la Chambre des représentants et membre du Bureau politique du PJD, lequel conduit le gouvernement, «les trois orientations déclinées dans le texte viennent répondre aux besoins urgents du pays».

«Le projet de LFR est exceptionnel pour une situation d’exception. Le plus important est de soutenir les populations et les secteurs les plus impactés», ajoute-t-il. Du côté de l’opposition, les voix qui s’élèvent sont plus critiques, fustigeant notamment la politique de l’Exécutif qui, sous l’effet du cumul de plusieurs lacunes durant les dernières années, met l’économie nationale et une bonne partie des Marocains dans une situation délicate.

«Notre pays a perdu beaucoup de temps et d’énergie avec des stratégies incohérentes et peu efficaces. Cette crise est le moment ou jamais de mener les réformes nécessaires, surtout celle de l’Administration», indique Noureddine Médiane, du Parti de l’Istiqlal.

Pour sa part, Samir Aboulkacem, du Parti de l’authenticité et de la modernité (PAM), «le gouvernement doit assumer ses responsabilités. Il faut soutenir massivement l’économie et les populations défavorisées, pour écarter le risque d’une grogne sociale de grande ampleur, avec une vague massive de chômage et de faillites d’entreprises. Les équilibres macroéconomiques tant prônés par l’Exécutif ne doivent pas se faire au détriment des Marocains».

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