■ L’idéal serait que les relations avec l’Occident soient basées sur des intérêts communs et non sur des intérêts de l’un au détriment de l’autre.
■ Il existe une trame commune et des défis conjoints entre l’Egypte et les pays du Maghreb.
■ Pour Hassan Aourid, professeur essayiste, il faut délier l’affaire du Sahara d’un processus de normalisation entre les pays.
✔ Finances News Hebdo : Les relations à travers les pays devraient nécessairement être redéfinies. Est-ce que vous pensez qu’il serait judicieux pour le Maroc de redéfinir ses relations interrégionales, d’une part, et intercontinentales, d’autre part ?
✔ Hassan Aourid : Incontestablement. L’un des thèmes qui étaient brandis par les décideurs était Taza avant Gaza, autrement dit, la nécessité de mettre l’accent davantage sur les considérations nationales au détriment des considérations régionales. Il me semble que c’est un choix qui a échoué finalement. On ne peut pas dissocier Taza de Gaza. Nous faisons partie d’un monde et le Monde arabe est en train de changer. Ce printemps arabe est aussi l’expression du retour du refoulé et constitue, quelque part, une rupture par rapport à un ordre post-colonial. On a incontestablement des relations avec l’Occident, mais on voudrait que nos relations soient basées pratiquement sur des intérêts communs et un respect mutuel, non pas finalement au profit de l’un au détriment de l’autre. Il me semble que de part et d’autre, on est conscient de cette donne.
✔ F.N.H : Qu’en est-il des relations maroco-algériennes et quel avenir pour les relations du Maroc avec ses voisins maghrébins ?
✔ H.A: Il est clair que cela ne dépend pas que du Maroc. Nous connaissons un peu la position de l’Algérie, mais la donne a changé. Je pense qu’il y a une embellie et cette dernière n’est pas le fruit du hasard. Elle émane justement du changement de contexte. Objectivement parlant, le Maroc a besoin de l’Algérie autant que l’Algérie a besoin du Maroc. Finalement, tous les cinq pays du Maghreb se complètent. Mais, il y avait une certaine lecture du conflit qui empoisonnait un peu les relations régionales et il me semble qu’il faut délier l’affaire du Sahara d’un processus de normalisation entre les pays. Ceci étant, je souhaite que ce printemps arabe ouvre les perspectives, pas forcément aux décideurs, mais également à la société civile de réagir et de s’exprimer sur les relations entre les pays du Maghreb. J’ai utilisé un terme et je ne suis pas le seul à l’avoir réhabilité, c’est le Maghreb des peuples et je suis convaincu que ce dernier ne peut s’offrir la fermeture des frontières.
✔ F.N.H : Une intégration horizontale est plus que jamais pressante. Sous quelle forme devrait s’effectuer ce processus ?
✔ H.A : D’abord régionale, entre les pays du Maghreb, peut-être éventuellement avec l’Egypte. Il était même question, quand le Maghreb était lancé, que l’Egypte rejoigne ce qui était appelé l’UMA. A mon sens, un marché à presque 200 millions d’habitants en intégrant l’Egypte aux pays du Maghreb constituera quand même une force importante. Il est vrai que je ne fantasme pas sur un Monde arabe qui est divers. La péninsule arabe est un monde à part. Les pays du Golfe sont à part également. Mais il me semble qu’il y a une trame commune, des défis conjoints, entre l’Egypte et les pays du Maghreb. Je pense que ce n’est pas une lubie, il faudra plus parler des Etats-Unis d’Afrique du Nord que du Maghreb à proprement parler. ■
Dossier réalisé par I. Bouhrara & I. Benchanna