Dans un marché très concurrentiel, Zurich Assurances Maroc (ZAM) reste fidèle à son principal fondement, à savoir la technicité. A fin juin 2015, les primes émises brutes s’élèvent à 672,6 MDH, en progression de 6,9% par rapport à la même période de l’année dernière. Pour voir plus clair dans les dessous du management de la compagnie, Finances News Hebdo a rencontré Berto Fisler, président du Conseil d'administration, et Dirk de Nil, Administrateur-Directeur général de Zurich Assurances Maroc.
Finances News Hebdo : Sur le plan managérial, qu’est-ce qui distingue Zurich Assurances Maroc ? Votre compagnie est-elle en conformité avec les principes du groupe ?
Zurich Assurances Maroc : Zurich Assurances Maroc porte une attention particulière à la parité homme/femme, en alignement avec la maison-mère. Comme vous le savez, l’actualité est marquée par beaucoup de discussions sur la composition des Conseils d’administration, mais aussi sur la place des femmes dans le management des entreprises. Aujourd’hui, ZAM donne le meilleur exemple de la parité, vu que son Senior management compte 5 femmes et 3 hommes uniquement. C’est une configuration dont notre Groupe peut être fier. Il est important d’avoir des femmes dans le top-management : cela insuffle une impulsion et une dynamique à toute l’entreprise. Aussi, la mixité des formations, des horizons, des profils et des parcours constitue-t-elle une réelle richesse pour la compagnie, qui veille à intégrer les équipes dans le développement et la mise en place de tous les projets visant l’atteinte de ses ambitions.
F.N.H. : Comment se positionne aujourd’hui ZAM dans un marché certes en plein essor, très concurrentiel, mais aussi fortement concentré ?
Z. A. M. : Zurich restera toujours une société multinationale qui opère selon des fondements solides, ancrés dans son ADN. Le premier fondement étant la technicité; nous n’entrons jamais en guerre des prix, et nous ne pratiquons pas de concurrence déloyale. Par ailleurs, nous avons des règles d'éthique et de conformité strictes, qui limitent notre flexibilité et nous amènent à respecter scrupuleusement les lois de la concurrence. Cela veut dire que nous ne pouvons pas concrétiser des affaires à des prix non techniques. Mais, comme le montrent nos résultats, nous arrivons à réaliser une profitabilité durable.
Depuis les années 2000, Zurich Assurances Maroc est reconnue comme une compagnie leader au niveau du service Sinistres (après-vente). Il est à rappeler qu’au moment des inondations, Zurich était la seule compagnie à mettre en place un numéro vert, à contacter ses clients, à lancer rapidement les évaluations de dégâts,… Cette efficience et cette efficacité résultent de la technicité de notre démarche et de notre tarification. La clientèle, qui demeure fidèle et loyale à Zurich, l’est justement en raison de son sérieux et de sa rapidité dans le remboursement des sinistres.
F.N.H. : Vous avez lancé le programme de résilience aux inondations en 2013, quel était son objectif ? Et quelle évaluation en faites-vous ?
Z. A. M. : Effectivement, le Groupe Zurich a lancé ce programme en 2013. Son objectif est de fédérer des partenaires du milieu universitaire, des organisations humanitaires ainsi que du secteur privé afin de trouver des moyens novateurs pour réduire les risques d’inondation. Le programme a été récemment reconnu par la convention des Nations Unies.
L’ambition de la compagnie au Maroc est de participer à la mise en place du programme national de résilience aux inondations, afin de soutenir les communautés locales dans les zones exposées. Dans ce sens, ZAM a mené des rencontres avec les institutionnels, les associations, les autorités locales, les acteurs concernés en 2015 pour explorer de nouvelles possibilités. Par ailleurs, elle a procédé à la réalisation d’une étude à Sidi Ifni et Guelmim, suite aux fortes inondations que cette région a connues en 2014. Cette étude, dont les résultats vont bientôt être partagés, porte sur les données scientifiques, le recueil d'informations auprès des populations et des autorités locales pour analyser ce qui est réellement arrivé, et les recommandations pour prévenir et limiter les dégâts.
F.N.H. : La crise financière s’est répercutée de manière négative sur les placements des compagnies d’assurances. Ces dernières ont compris qu’elles avaient intérêt à se concentrer sur le technique. Aujourd’hui, quel état des lieux pouvons-nous faire de la situation du marché ?
Z. A. M. : Il y a quelques mois, les grands patrons des compagnies d’assurances ont tiré la sonnette d’alarme pour que le marché s’assainisse. Au 1er janvier 2015, le secteur a connu un élan de retour vers la technicité, notamment via la revue des primes à la hausse. Mais quel est le pourcentage des compagnies qui a revu ses primes pendant le premier semestre ? Quelle a été la croissance du marché non Vie durant cette période ?
Le marché a connu une évolution de la branche non Vie de 2 à 3%. Si l’on prend en considération que la branche automobile représente, à elle seule, près de 50% et qu’elle affiche une croissance régulière de 5%, cela veut dire que les compagnies n’ont pas augmenté les primes sur les autres branches, car logiquement, cela n’est pas possible. Certains confrères continuent de brader les prix, et ce malgré le signal reçu.
Dans la même foulée, vous n’êtes pas sans savoir qu’il y a des compagnies d’assurances dont les agents ont utilisé le rabais saharien pour des clients qui habitent dans le Sud et non pas au Sahara. Ce qui a causé au marché quelques millions de pertes. C’est un exemple de concurrence déloyale qui nuit à tout le marché. Pour sa part, Zurich ne tolère pas ce genre de pratiques.
F.N.H. : Vous avez déclaré récemment à un quotidien de la place que votre objectif est de doubler votre chiffre d’affaires d’ici 2020 et de passer à une PDM de 10%. Quelles sont les actions déployées pour y arriver ? Et comment vont évoluer votre tarification et votre offre de produits ?
Z. A. M. : En effet, nous visons à gagner des parts de marché sur le segment non Vie, tout en préservant la profitabilité de notre croissance. Pour y arriver, nous jouissons d’atouts indéniables, à commencer par notre historique de présence au Maroc et notre appartenance à un groupe multinational brassant des expériences et un savoir-faire pluriculturels.
Nous comptons, par ailleurs, continuer à développer notre réseau, à créer des produits sur-mesure et à augmenter la productivité de nos intermédiaires. Nous étudions également la possibilité de mettre en place d’autres partenariats pour commercialiser nos produits. Enfin, nous poursuivrons la modernisation de nos systèmes d’information et notre service à la clientèle.
F.N.H. : Au premier semestre 2015, quels sont les résultats affichés par ZAM ?
Z. A. M.. : Les primes émises brutes pour le premier semestre 2015 s’élèvent à 672,6 MDH, en progression de 6,9% par rapport à la même période de l’année dernière. La compagnie continue à être dynamique dans la branche automobile, avec une progression de 10,8%.
F.N.H. : Aujourd’hui, quelles sont vos priorités ?
Z. A. M. : Les priorités de la compagnie sont la croissance des produits et des bénéfices (élargissement de la base des clients, lancement de produits adaptés à leurs besoins), la concentration sur les fondamentaux (simplification de l’organisation et amélioration des process, promouvoir une culture d’optimisation des coûts) et la préparation d’une nouvelle génération de talents, tout en intégrant de bonnes pratiques managériales à tous les niveaux de l’organisation
Propos recueillis par F. Ouriaghli & S. Es-siari