Le Wali de Bank Al Maghrib, Abdellatif Jouahri, a mis en avant mardi à Lisbonne l’expérience marocaine en matière de souveraineté monétaire ainsi que les réformes structurelles engagées par la banque centrale du Royaume.
S’exprimant dans le cadre de la conférence "Money in Africa" organisée par la Banque du Portugal, M. Jouahri en passé en revue les étapes phares de l’histoire de la monnaie marocaine depuis la dynastie Idrisside et jusqu’aujourd’hui, en passant par l’adoption du dirham et la création de Bank Al Maghrib en 1959.
La banque centrale a aujourd’hui toute son indépendance, a souligné M. Jouahri dans une déclaration à la MAP, ajoutant que l’institution déploie une politique monétaire accommodante pour soutenir le développement économique et social.
Cependant, tout cela ne peut se faire qu’en parallèle avec d’autres réformes, aussi bien au niveau de l’équilibre budgétaire à moyen terme, que dans d’autres domaines tels que la justice, l’environnement des affaires, l’équilibre des caisses de retraite, le marché de travail et les feuilles sectorielles, a-t-il expliqué lors d’une table ronde sur "la politique monétaire en Afrique aujourd’hui : entre souveraineté et coopération internationale".
L’essentiel est, pour l’argentier du royaume, que la concertation se renforce et qu’il y ait de par et d’autre une prise de conscience des différents enjeux.
Il a en outre indiqué que "nous avons en train de mettre en œuvre des réformes structurelles au niveau monétaire que ça soit sur le ciblage de l’inflation et le passage au régime de change flexible, notant que tout cela requiert des efforts de communication, d’explication et de sensibilisation.
Il a dans ce sens souligné la nécessité d’impliquer dans ce processus la société civile et les citoyens sans oublier le parlement et le gouvernement, afin de faciliter la mise en œuvre de ces réformes.
M. Jouahri a, d’autre part, noté que la souveraineté monétaire est une notion qui a plusieurs dimensions, mettant l’accent sur la nécessité de tenir compte des évolutions sur le plan régional et international mais aussi des décisions des grandes puissances qui influent beaucoup sur la situation des économies des pays aussi bien émergents qu’en développement.
Il a appelé à cet égard les pays africains à mener les réformes nécessaires notamment au niveau des équilibres macroéconomiques, au risque de perdre leur souveraineté et avoir à subir ce que dictent les institutions internationales.
Le Wali de Bank Al Maghrib a de même plaidé pour la promotion d'une coopération gagnant-gagnant entre les pays africains, rappelant dans ce sens les accords de coopération signés entre la banque centrale marocaine et ses homologues africaines ainsi que la présence des banques marocaines dans 25 pays à travers l’Afrique.
Cette rencontre a été aussi marquée par la présentation des cas du Mozambique, du Ghana et de la Guinée ainsi que du Portugal en tant qu’ancienne puissance coloniale, qui ont passé en revue les différentes étapes de décolonisation monétaires après leur indépendance à travers la création de monnaies nationales et la mise en place de banques centrales.
La conférence Money in Africa initiée les 9 et 10 octobre en collaboration avec la Banque de France et l’European Association for Banking and Financial History (eabh), s’est articulée autour de trois sessions portant sur les "expériences nationales des zones monétaires coloniales", la "transition monétaire de l’ère coloniale à la période postcoloniale" et la "gestion de la souveraineté monétaire après l’indépendance".
(MAP)