Fidèle à lui-même, le wali de Bank Al-Maghrib a distillé des messages forts à la planète finance, à l'occasion du panel inaugural des Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale.
Par A. Hlimi & Y. Seddik
Que seraient pour vous les signaux de réussite de ces Assemblées annuelles ? La question a été posée par la Directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, à Abdellatif Jouahri. Dans sa réponse, le wali de Bank Al-Maghrib a insisté sur le rôle que doivent jouer les institutions de Bretton Woods pour réconcilier les Etats et, selon ses dires, «refermer les portes de l'enfer». «Les moyens financiers ne doivent pas être un obstacle. Ce serait malheureux que l'humain bute sur des problèmes de financement quand il s'agit de la survie. Je sais que vous (FMI) en avez déjà fait, mais on vous en demande encore plus, madame la Directrice...», a déclaré le wali, acclamé par l'assistance.
Pour lui, les priorités mondiales doivent rester humanitaires. Un parti pris clair pour la paix, alors que le Moyen-Orient vit l'une des semaines les plus meurtrières de son histoire. «Il faut vaincre la pauvreté et l'analphabétisme. Il faut vaincre la montée du souverainisme et la fragmentation géopolitique. Le multilatéralisme a certes donné des résultats positifs, mais il a laissé beaucoup de monde sur le bord de la route. Ce multilatéralisme exige des politiques publiques plus valables», souligne-t-il.
L'économie marocaine et sa résilience
S'exprimant sur les effets du séisme, le gouverneur de la Banque centrale a rappelé ce qu'il avait déjà souligné en septembre, à l'occasion du Conseil de politique monétaire : «La reprise du tourisme a été rapide dans la région de Marrakech et se renforcera davantage après le maintien des Assemblées annuelles de la BM et du FMI».
Concernant l'évaluation du coût du tremblement de terre, le wali de la Banque centrale a affirmé qu'une cellule d’évaluation a été créée et œuvre en étroite collaboration avec celle du FMI sur cette question, relevant que sur le plan des équilibres macroéconomiques, le Maroc dispose de marges de manœuvre intéressantes. Évoquant les réformes mises en place par le Royaume depuis les années 80, le wali a rappelé le chemin parcouru, qui va du programme d'ajustement structurel à la liberté des prix, en passant par le rééchelonnement de la dette, en plus des réformes relatives au régime de change et à la fiscalité. Jouahri a souligné que le Maroc a également souscrit à l’article 8 du FMI relatif à la convertibilité des opérations bancaires et n’a fait défaut d’aucune échéance de dette.
«Nous avons réussi, avec un leadership éclairé, à opérer une mise en œuvre effective des réformes structurelles et un suivi avec les institutions internationales», ce qui a permis de signer en 2012 la Ligne de précaution et de liquidité (LPL) et la Ligne de crédit modulable (LCM) en 2023, a-t-il conclu, sous les applaudissements d'une salle pleine d'officiels marocains.