2015 s’est soldée sur une reconstitution appréciable du stock en devises. L’encours des réserves internationales nettes dépasse les 221 Mds de DH, soit l’équivalent de 7 mois d’importation. Les facteurs favorisant cette tendance à la hausse sont purement exogènes.
La fin de l’exercice 2015 a été marquée par une reconstitution appréciable du matelas des réserves en devises. Les derniers chiffres publiés par la Banque centrale montrent que l’encours des réserves internationales nettes du mois de décembre dépasserait les 221 Mds de DH, soit l’équivalent de 7 mois d’importation. L’analyse de trois sous-périodes met en évidence l’évolution très contrastée du stock des réserves, qui n’est en fait que le reflet du dynamisme des échanges extérieurs. Entre 2001 et 2007, la tendance était plutôt à l’accumulation des réserves de changes, les années 2008-2013 se sont caractérisées par un effondrement. La question qui se pose d’emblée : le redressement observé au cours de la biennale 2014-2015 va-t-il se poursuivre en 2016 et au-delà pour retrouver le niveau de 2001 ?
Les analystes du Centre marocain de conjoncture expliquent cette hausse par des facteurs qui sont pour l’essentiel exogènes. Le premier concerne le retour du Maroc sur le marché international des capitaux qui a impacté positivement le niveau actuel des réserves en devises, comme peut en attester la forte progression de la dette extérieure publique (13% entre 2009 et 2014, contre une baisse de 27% entre 1998 et 2008). A rappeler que sur la décennie 2003-2014, le Trésor a lancé huit emprunts sur le marché financier international qui lui ont permis de lever 2,9 Mds d’euros et 2 milliards de dollars, compte non tenu des grands établissements publics. Ajoutons à cela l’opération de l’amnistie financière, décidée dans le cadre de la Loi de Finances 2014, qui a permis à l’Etat de collecter plus de 2,3 Mds de DH sous forme de taxes à la contribution libératoire.
L’autre élément exogène qui a permis une amélioration de l’ensemble des comptes extérieurs et, partant, du stock des avoirs en devises, est la baisse du prix du baril de pétrole et des matières premières, qui s’est traduite par une baisse en valeur des importations. Une aubaine dont a profité amplement l’économie marocaine.
Sur le plan des échanges extérieurs, on remarque une nette amélioration du taux de couverture pour la deuxième année consécutive (56,7% en octobre 2015, 51,8% en 2014 et 47,8% en 2012). Ceci est valable également pour le déficit commercial qui s’est établi à 61,7 Mds de DH en octobre 2015, contre plus de 186 Mds de DH en 2014 et 202 Mds de DH en 2012. Une nette amélioration qui s’explique par le recul des importations des produits agroalimentaires rendu possible par la campagne agricole record de 2014-2015. Aussi, suite à la chute du cours du baril de pétrole, le déficit de la balance «énergie» n’est que de 31,9 Mds de DH en octobre 2015, contre 96 Mds de DH en 2012. Les exportations, à leur tour, ont affiché une sensible augmentation de 5,5 Mds de DH. Cette performance résulte essentiellement de la hausse des ventes de phosphate et de ses dérivés de 18,7% et 16,8% respectivement, compte tenu essentiellement d’un effet de change. Les volumes expédiés ont enregistré, par contre, une baisse de 5,4% pour le phosphate et de 8% pour les dérivés suite à la baisse de la demande mondiale en provenance du Brésil. Il ressort clairement que l’amélioration du stock des réserves en devises est le fruit de la conjugaison d’éléments exogènes. Une aubaine qui risque d’être éphémère, mais à partir de laquelle le Maroc pourrait tirer amplement profit pour parachever ses réformes et, surtout, asseoir une offre diversifiée et compétitive.
Soubha Es-Siari