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Gestion multilatérale des DTS: l’heure de la réforme a sonné au FMI

Gestion multilatérale des DTS: l’heure de la réforme a sonné au FMI

En raison de leurs quotes-parts très importantes, les pays riches s’accaparent la part du lion lorsque le FMI procède à une émission globale de droits de tirage spéciaux.

 

Par M. Diao

 

«Aux grands maux les grands remèdes», dit l’adage. La crise liée à la pandémie, qui a mis à terre aussi bien les économies des pays riches que les Etats moins développés, a poussé les gouvernements et les institutions financières internationales à mettre en place des plans de relance massifs afin de permettre le redémarrage de l’activité économique, pourvoyeuse de richesse, d’emplois et surtout de stabilité sociale. En dépit de ces efforts, l’ampleur de la crise économique induite par la pandémie est telle qu’il est nécessaire d’injecter de nouvelles sommes pour relancer la machine économique des pays.

D’où l'idée d'une émission globale des droits de tirage (DTS) de 650 milliards de dollars par le FMI, soutenue par la communauté internationale depuis plusieurs mois maintenant. L’approbation d’une nouvelle allocation de DTS permettrait d’injecter une quantité importante de liquidités supplémentaires dans les pays, sans alourdir leur endettement. Rappelons qu’en mars 2021, Kristalina Georgieva, DG du FMI, a fait savoir sa position sur ce sujet central à l’issue d'un débat informel du Conseil d’administration du FMI, notamment sur les arguments techniques en faveur d'une allocation générale des DTS. En effet, la DG du FMI proposera formellement au Conseil d’administration d’ici juin 2021 d’envisager une nouvelle allocation à hauteur de 650 milliards de dollars.

Et ce, sur la base d’une évaluation des besoins globaux de réserves des pays membres du FMI à long terme, et conformément aux statuts et au mandat de l’institution. Toujours, à en croire Kristalina Georgieva, les services du FMI établiront de nouvelles mesures visant à accroître la transparence et la responsabilisation dans l’utilisation des DTS, tout en examinant comment les pays membres riches pourraient réaffecter leurs DTS au profit des pays vulnérables et à faible revenu.

Vers une réforme en profondeur ?

L’enjeu est de taille surtout si l’on sait que les DTS sont répartis en fonction des quotes-parts de chaque pays au FMI. Pour rappel, la quotepart d’un pays membre détermine le montant maximum de ressources financières qu’il s’engage à fournir au FMI et le nombre de voix qui lui est attribué en conséquence. Elle détermine le montant de l’aide financière qu’il peut recevoir de l’institution de Bretton Woods. Dans la configuration actuelle, les quotes-parts représentent une composante essentielle des ressources financières du FMI.

Or, en raison de leurs quotes-parts très importantes, les pays riches s’accaparent la part du lion. En revanche, l'Afrique, qui, bien avant la crise, avait un besoin d’investissement en infrastructures de l’ordre de 100 milliards de dollars par an, ne bénéficierait que de 34 milliards de dollars sur les 650 milliards de dollars d’allocation de DTS. D’ailleurs, à ce titre, il convient de rappeler que l’une des principales idées défendues lors du Sommet de Paris sur le financement des économies africaines est que les pays aisés puissent réallouer leurs DTS (réserves du FMI), pour porter les 34 milliards à 100 milliards de dollars. A ce stade de la réflexion, toute la question est de savoir si cette réallocation augure d’une réforme en profondeur du système de gestion multilatérale des DTS en faveur des pays du Sud, et surtout à des conditions favorables.

Il incombe à ceux-ci de poser le débat et surtout de vaincre les Etats-Unis, puisque la France, dont la voix compte beaucoup en Europe, a montré sa bonne volonté en la matière lors du Sommet de Paris sur le financement des économies africaines. Pour rappel, les Etats-Unis, qui ont la quotepart la plus importante au FMI, disposent d’un droit de véto. Ce qui prouve qu’il est difficile d’envisager une réforme en profondeur du système de gestion multilatérale des DTS en faveur des pays du Sud sans l’accord des EtatsUnis.

Pour un pays comme le Maroc, à l’instar des autres pays du continent, l’avantage est qu’une fois émis, les DTS peuvent être utilisés soit en monnaie de réserve permettant de stabiliser la valeur de la monnaie intérieure. Ils peuvent aussi être convertis dans des monnaies plus fortes afin de financer des investissements (Euro, Dollar, etc.). De plus, pour les pays du continent africain, les DTS, dont le taux d’intérêt est proche de 0%, présentent l’avantage de se procurer des devises fortes sans avoir à débourser des montants colossaux pour payer des intérêts. 

 

 

 

 

 

 

 

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