À fin 2022, les OPCVM détiennent une part considérable de 34% de l'encours des bons du Trésor.
Pour la ministre, le nouveau projet de refonte des OPCVM permettra de hisser le dispositif juridique régissant cette industrie aux meilleurs standards internationaux.
Par Y. Seddik
L’industrie des Organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM) au Maroc, depuis ses modestes débuts en 1995, a évolué de manière notable pour devenir un pilier essentiel du paysage financier marocain. Cette success story financière est le résultat de réformes audacieuses et d'une vision stratégique visant à renforcer le marché des capitaux, à encourager l'épargne nationale et à stimuler l'investissement. La ministre de l'Économie et des Finances, Nadia Fettah, est revenue sur ces progrès lors d'une conférence organisée par l'Association des sociétés de gestion et fonds d’investissement marocains (ASFIM).
Actuellement, le Maroc compte 573 OPCVM en activité, gérés par une vingtaine de sociétés de gestion, avec un actif net totalisant près de 55 milliards de dollars. À la fin de l'année 2022, ces OPCVM détiennent une part considérable de 34% de l'encours des bons du Trésor (BDT) et 60% de l'encours de la dette privée, démontrant leur importance cruciale dans le financement des besoins du Trésor. Cela a un impact direct sur le soutien des politiques publiques sociales et sectorielles, en plus de favoriser la canalisation des épargnes vers l'investissement.
La ministre a également mis en lumière les réformes structurelles entreprises par les pouvoirs publics pour renforcer la stabilité financière. Cela inclut l'octroi de pouvoirs et de moyens d'intervention accrus aux autorités de supervision, l'approfondissement du marché des capitaux et la diversification des instruments de financement pour les émetteurs et les investisseurs. Ces réformes visent également à renforcer le positionnement régional et continental du marché des capitaux à travers la création de Casablanca Finance City (CFC) comme place financière à portée continentale, a-t-elle poursuivi.
Évoquant le projet de loi sur les OPCVM, Fettah a affirmé que ce nouveau projet de refonte permettra de hisser le dispositif juridique régissant cette industrie aux meilleurs standards internationaux, conformément aux principes de l’Organisation internationale des commissions de valeurs. Et ce, à travers une série de dispositions qui permettront, dans la continuité du cadre actuel, de renforcer la protection des porteurs de titres, de mieux encadrer l’exercice de l’activité de gestion d’OPCVM et de renforcer les moyens d’intervention de l’AMMC en matière de contrôle.
Les grandes nouveautés de la refonte du cadre juridique relatif à la gestion d’actifs concerneront ainsi l’opérationnalisation de la cotation des OPCVM à la Bourse des valeurs de Casablanca et la revue des critères de classification des OPCVM. Ce qui rendra possible l’adoption de règles de fonctionnement allégées pour les OPCVM réservés aux investisseurs qualifiés et la mise en place d’OPCVM participatifs pour étoffer l’offre et drainer plus de capitaux, a expliqué la responsable gouvernementale. Elle a, dans ce sens, mis en avant les considérations à prendre en compte pour améliorer le marché des capitaux, dont notamment le renforcement des actions d’éducation financière sur le fonctionnement du marché, l’adaptation à la digitalisation, l’élaboration de dispositifs de surveillance de gestion des actifs, et l’étude du positionnement des acteurs africains afin de faciliter leur adaptation aux nouveaux défis et changements.
«Depuis l'introduction du premier OPCVM au Maroc en 1995, l'industrie des OPCVM a connu une croissance significative pour se positionner comme l'un des principaux acteurs de la collecte de l'épargne nationale et de la contribution au financement de l'économie. En parallèle, la gestion d'actifs en Afrique subsaharienne est en plein essor, offrant des opportunités de croissance et d'investissement considérables», a-t-elle conclu.