- Les PME et les entreprises familliales peu séduites
- L’activité des fusions et acquisitions se développe malgré le nombre limité des opérations.
- L'objectif majeur des acquisitions au Maroc est liée à la pénétration du marché africain.
Le nombre et le montant des transactions et opérations inhérentes aux fusions-acquisitions sont le reflet du dynamisme économique d’un pays ou d’une zone. Ces données traduisent également le type d’opération prisé par les entreprises pour leurs stratégies de développement sur un marché bien déterminé.
Pour avoir un ordre de grandeur, durant le premier semestre 2016, avec près de 160 transactions réalisées dans la zone MENA pour un montant de 5,8 Mds de dollars, l'Afrique du Nord s’est arrogée près de la moitié des opérations de fusions et acquisitions (contre 22% au premier semestre 2013). Aussi surprenant que cela puisse paraître, cette partie du continent africain a surclassé les pays du Golfe sur la période précitée.
A en croire Mehdi Baghdadi, expert-comptable et commissaire aux comptes au cabinet Firec & Associés, le marché des fusions-acquisitions (M&A) au Maroc est en constante amélioration depuis quelques années, même si le nombre de transactions demeure toujours faible.
«La principale caractéristique des acquisitions réalisées au Maroc répond au but premier de pénétrer le marché africain», assure-t-il en substance.
A l’échelle nationale, le dernier rapprochement d’entités qui a fait l’actualité, est l’accord visant la fusion-absorption de Taslif (filiale de Saham Assurances) par Salafin (société de financement du Groupe BMCE Bank of Africa).
Au-delà de la fusion des deux géants du ciment à l’échelle mondiale, à savoir Lafarge et Holcim en 2015, qui a donné le nouvel ensemble LafargeHolcim Maroc en 2016, l’autre transaction qu’il y a lieu de rappeler est le rachat de la filiale marocaine Zurich Assurances par l’assureur allemand Allianz, pour un montant de 244 millions d’euros.
Ceci dit, qu’en est-il du rapprochement entre les PME nationales, sachant que les fusions et acquisitions semblent être l’apanage des grands groupes et d’entreprises de taille assez importante ?
«Au Maroc, le rapprochement des sociétés sous la forme des fusions–acquisitions se fait essentiellement dans le cadre des stratégies de développement. Or, cette décision nécessite également un environnement économique propice», explique Ahmed Chahbi, expert-comptable et trésorier de l’Ordre national des experts comptables.
Et d’ajouter que «l’un des facteurs explicatifs du manque de rapprochement des entreprises à travers des opérations de fusions-acquisitions par rapport aux économies matures, a trait à la caractéristique du tissu entrepreneurial national, composé majoritairement de PME familiales. Or, ces dernières ne plébiscitent guère ce mode de rapprochement, à l’exception de certains groupes immobiliers familiaux en quête de puissance financière et de plus de parts de marché».
Un écosystème favorable, mais insuffisant
Le Maroc dispose de l’arsenal juridique nécessaire ainsi que d’experts nationaux hautement qualifiés capables de mener à bien les opérations de fusions acquisitions, qui sont souvent d’une grande complexité. A ce titre, Baghdadi confie que «cette activité prend une part de plus en plus importante dans notre pôle conseil».
«Plusieurs cabinets locaux, pour ne citer que Mazars, ont accompagné de grandes opérations de fusions au Maroc», assure, pour sa part, Chahbi.
Cela dit, la Loi de Finances 2018 contient une panoplie de mesures incitatives de nature à encourager bon nombre de transactions concernant l’entreprise, y compris celles inhérentes aux fusions-acquisitions. Néanmoins, le retour d’expérience des professionnels montre qu’une série d’obstacles (lourdeur administrative, valorisation irréaliste, différence de culture d’entreprise, etc.) empêche les entreprises de s’unir en fusionnant. ■
Régime fiscal des fusions de sociétés
Il existe un régime particulier des fusions de sociétés, défini par l’article 162 du Code général des impôts (CGI) et permettant une neutralité fiscale.
Les apports s’avèrent être nombreux :
• Exonération de la prime de fusion (plus-value) réalisée par la société absorbante, correspondant aux apports des sociétés absorbées, au lieu de son imposition immédiate à l'impôt sur les sociétés au taux de droit commun de 31%;
• Etalement de l’imposition des plus-values nettes réalisées sur l’apport des éléments amortissables à la société absorbante sur la durée d’amortissement chez ladite société;
• Sursis d’imposition des plus-values réalisées sur l’apport des éléments non amortissables jusqu’à leur retrait ou cession ultérieure;
• Sursis d’imposition des plus-values latentes résultant de l’échange de titres détenus par les personnes physiques ou morales, dans la société absorbée par des titres de la société absorbante, jusqu’à leur retrait ou cession ultérieure au lieu de leur imposition immédiate (suspension au paiement de la taxe de 20%).
Par M. Diao