La fuite illicite de capitaux au Maroc coûterait en moyenne chaque année près de 4 milliards de dollars. La sous-facturation à l’import et la sur-facturation à l’export font perdre au Maroc près de 3,8 milliards de dollars annuellement.
4 milliards de dollars ! Soit près de 40 milliards de dirhams. C’est le montant estimé des fuites annuelles de capitaux au Maroc, sur la période 2004-2013, selon Global Financial Integrity (GFI), une organisation non gouvernementale, située à Washington, qui lutte contre les mouvements transfrontaliers de capitaux illicites.
Ce think tank publie régulièrement un rapport intitulé : «flux financiers illicites en provenance des pays en développement». On y apprend dans sa dernière version que le Maroc occupe la 34ème place mondiale en termes de flux financiers illicites. A titre de comparaison, et pour avoir une idée de l’importance de ces flux, le montant annuel de ces flux illicites est largement supérieur au montant de la contribution libératoire, qui a permis, on s’en souvient, de rapatrier près de 2,8 milliards de dollars. Ce montant est également équivalent à la totalité des flux des investissements directs étrangers entrants au Maroc en 2014, soit quelque 4,02 milliards de dollars. C’est enfin à peine moins important que la totalité des flux de transferts de MRE qui, en 2014, a atteint près de 5 milliards de dollars. Rapporté au PIB national de 107 milliards de dollars, les flux illicites représentent tout de même 3,7% de la richesse nationale.
Les flux illicites de capitaux en partance du Maroc ont des conséquences non négligeables sur le stock de réserves internationales nettes, véritable cheval de bataille des autorités du Royaume.
Fraude à l’import/export
GFI nous renseigne aussi sur les deux sources de flux financiers illicites. Il s’agit d’une part de la falsification des transactions commerciales. Selon GFI, cette fraude aux factures à l’export ou à l’import constitue, et de loin, le moyen le plus usité pour sortir de l’argent illégalement. 83,4% des flux financiers illicites en partance des pays développés seraient le fait de falsifications frauduleuses du commerce. L’autre moyen est ce que GFI appelle «hot money», soit les capitaux flottants. Au Maroc, la falsifaction des factures permettrait de sortir illégalement près de 3,8 milliards de dollars chaque année depuis 2004. Notons que cette étude de GFI a été réalisée avant l’amnistie fiscale (janvier 2015), dont l’un des objectifs est justement de limiter, à terme, la sortie illégale de capitaux. La prochaine étude de GFI sera donc intéressante à analyser pour savoir s’il y a un eu effet amnistie dès 2015.
Amine Elkadiri