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FMI/Ligne de précaution et de liquidité : Le salut par la réforme

FMI/Ligne de précaution et de liquidité : Le salut par la réforme

Pennsylvania AvenueEn louant les efforts entrepris par le Maroc depuis 2012, et en les rendant responsables de l’amélioration des agrégats économiques du Royaume, le FMI cherche à démontrer que le salut de l’économie marocaine et sa résilience passent nécessairement par la réforme. Régime de change et, surtout, retraites attendent leur tour.

 

C’est devenu une habitude pour les autorités marocaines : tous les 6 mois, une délégation du Fonds monétaire international (FMI) se rend au Maroc pour évaluer les résultats économiques nationaux, distribuer bons et mauvais points et émettre ses recommandations. C’est ainsi qu’une équipe des services du FMI, dirigée par Jean-François Dauphin, a séjourné au Maroc du 28 mai au 5 juin 2015 pour s’entretenir avec les autorités sur la deuxième revue des résultats économiques obtenus dans le cadre de l’accord au titre de la ligne de précaution et de liquidité (LPL). 

Pour rappel, la LPL a été accordée par le Conseil d’administration du FMI en juillet 2014, portant sur un montant de 5 milliards de dollars. Pour l’institution de Bretton Woods, cette LPL doit permettre aux autorités marocaines de poursuivre leur agenda de réformes, tout en disposant d’une protection contre les chocs extérieurs. Depuis que le Royaume a eu recours à cet instrument, il n’en a jamais fait usage. Un fait dont se targue l'argentier du Royaume, chaque fois que l'occasion se présente.

 

Les agrégats économiques s’améliorent

L’appréciation de l’équipe du FMI sur les perspectives de l’économie marocaine est globalement positive, même si le Royaume reste encore vulnérable face à d’éventuels chocs extérieurs. C’est ce qui ressort de la déclaration de J.F Dauphin, publiée à l’issue de cette deuxième revue : «L’économie se redresse, et les perspectives macroéconomiques sont favorables, mais restent exposées à des risques extérieurs importants», résume-t-il d’emblée. Il s’agit, d’une part, du risque de croissance lente prolongée dans les pays avancés, et notamment chez les partenaires de la zone Euro et, d’autre part, du risque d’une reprise à la hausse des prix des hydrocarbures. Pour les experts du FMI, ces risques «appellent à la poursuite des efforts visant à renforcer la résilience de l’économie». 

Sur le plan de la croissance, le FMI prévoit un taux de 5%, en amélioration par rapport à 2014, grâce à une bonne saison agricole et à l’accélération progressive de l’activité dans les autres secteurs. Cette embellie, confortée par la baisse des prix du pétrole et la bonne performance des exportations des secteurs émergents (automobile et aéronautique), profite à la position extérieure du Maroc qui s’améliore. «Le déficit des transactions extérieures courantes s’est réduit à 5,6 % du PIB, en 2014, et devrait continuer de baisser pour avoisiner 3 % du PIB en 2015», affirme le Chef de la mission, J.F Dauphin. 

Il faut souligner que ce déficit ne cesse de diminuer : il était de 9,7% du PIB en 2012, et de 7,6% en 2013. De manière générale, selon le FMI, c’est l’ensemble des agrégats macroéconomiques du Royaume qui s’améliore : les réserves de change s’apprécient, le déficit budgétaire diminue, et l’inflation reste maîtrisée à 1,5%. Même la dette publique, qui s’établit à 65% du PIB, soit un niveau qui pourrait s’avérer problématique pour l’économie marocaine, trouve grâce aux yeux des experts du FMI, qui la jugent «viable». J.F Dauphin a néanmoins mis l’accent sur le problème du chômage, en particulier celui des jeunes, qui mine l’économie nationale. «Des efforts importants restent à fournir» en la matière, déclare le Chef de la mission. La nécessité d’améliorer la gouvernance, la transparence ainsi que le climat des affaires a également été mise en exergue pour davantage de compétitivité et pour assurer une croissance inclusive. 

 

Retraites et régime de change à réformer

Le Maroc s’est résolument engagé sur la voie des réformes structurantes, depuis 2012. Le FMI a loué la conduite de ces réformes qui ont permis la réduction des vulnérabilités qui pesaient sur l’économie marocaine : réforme du système des subventions, extension des programmes sociaux dans les domaines de la santé et de l’éducation, adoption d’une nouvelle loi organique des Lois de Finances en mai 2015. Pour autant, le FMI se montre toujours aussi pressant quant à la réforme du système des retraites, sempiternel refrain dont la mise en oeuvre est sans cesse repoussée, hélas !, aux Calendes grecques. «Il est important de réformer, dans les meilleurs délais, le système des retraites afin d’en assurer la viabilité tout en étendant la couverture», assure-t-on au FMI. Une injonction qui, on l’espère, disparaîtra lors de la prochaine revue. D’autant que la Caisse marocaine de retraites (CMR) vient, une fois de plus, de tirer la sonnette d’alarme sur la pérennité des pensions civiles. 

Le FMI a également livré son appréciation de la politique monétaire du Royaume. Il a salué la récente décision de la Banque centrale de réviser la pondération des devises dans le panier du dirham. Pour les équipes du FMI, ce rééquilibrage entre Dollar et Euro «correspond à la structure actuelle des échanges extérieurs du Maroc». J.F Dauphin encourage les autorités monétaires marocaines à aller encore plus loin et procéder à un «assouplissement du régime de change afin de soutenir la stratégie gouvernementale de diversification des produits et des marchés d’exportation, et aider l’économie à mieux absorber les chocs». La réflexion sur cet assouplissement est déjà à l’oeuvre au Maroc, comme l’a souligné le gouverneur de Bank Al-Maghrib, à plusieurs reprises.

 

Le secteur financier est résilient

C’est l’un des chouchous du FMI : le secteur financier marocain reçoit, à chaque mission des experts de Bretton Woods, louanges et félicitations. «Le secteur financier reste sain et résilient, grâce à la solidité du cadre de réglementation et de supervision», affirme J.F Dauphin. Le Chef de la mission du FMI au Maroc apprécie particulièrement la volonté résolue des autorités marocaines pour améliorer le cadre de la politique financière, qui s’est traduit notamment par l’adoption de la nouvelle loi bancaire, fin 2014, et qui sera complétée par la mise en oeuvre de la loi révisée sur le statut de la Banque centrale. Le FMI ne s’alarme pas outre mesure de la hausse des créances en souffrance qui pèsent sur les banques marocaines. Il estime que ces impayés demeurent à un niveau bas et sont bien provisionnés.

 

A. Elkadiri

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