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Flux d’investissements étrangers : Le Maroc et l'Egypte jouent des coudes

Flux d’investissements étrangers : Le Maroc et l'Egypte jouent des coudes

 

La destination Afrique offre aux investisseurs étrangers une exposition à des rendements plus élevés que ce qu'ils peuvent avoir dans l'hémisphère Nord. Les Bourses africaines le savent et essayent de capter le maximum de ces flux.

Deux destinations en particulier mettent les bouchées doubles pour ne rien rater de la redistribution de la carte des IDE sur le continent : le Maroc et l'Egypte. Un match qui ne fait que commencer.

 

Par A. Hlimi

 

La banque d'affaires internationale Renaissance Capital a réuni récemment, et pour la première fois au Maroc, des investisseurs étrangers pour leur présenter des opportunités de placement sur le continent. Un évènement étalé sur deux jours où plus de 100 délégués d'Afrique du Nord étaient présents.

Des réunions ont eu lieu entre plus de 20 entreprises du Maroc et d'Egypte et 18 fonds d'investissement internationaux en provenance de l'île Maurice, de Singapour, d'Afrique du Sud, de Suède, de Suisse, des Émirats Arabes Unis, du Royaume-Uni et des États-Unis et dont les actifs sous gestion cumulés excèdent 2.000 milliards de dollars.

 

Cibler l'industrie

Cette conférence a constitué un véritable terrain de jeu pour une confrontation directe entre deux places boursières et financières africaines qui ont la cote : le Maroc et l'Egypte.

Il faut dire que Renaissance Capital a souhaité placer cette manifestation sous le signe de l'investissement industriel, en orientant sa plénière vers la compétitivité et l'industrialisation des pays de la région MENA.

Le sujet a été longuement débattu lors de la table ronde où Ahmed Kouchouk, vice-ministre des Finances égyptien, pour les politiques fiscales et la réforme institutionnelle, puis Karim Hajji, Directeur général de la Bourse de Casablanca, ont un à un présenté les réalisations en la matière dans chacun de ces deux pays.

Charles Robertson, économiste en chef monde de Renaissance Capital, a lui dressé - un peu en arbitre - un tableau original de l'évolution des conditions de l'industrialisation en Afrique. Démographie, accès à l'électricité... un exposé où les facteurs de compétitivité du continent ont été décortiqués sur un demi-siècle.

Son constat : «La proximité avec l'UE et les niveaux de salaire en Égypte et au Maroc, qui représentent 20 à 50% des niveaux observables en Europe centrale et 7 à 17% du niveau français, signifient que les investissements directs étrangers (IDE) devraient continuer à affluer vers le Maroc et que les IDE manufacturiers pourraient bientôt atteindre l’Égypte également».

Sortant d'un ensemble de réformes souvent difficiles, l'Egypte souffre en effet d'une pénurie d'investissements privés qu'elle souhaite reconquérir. Ni Charles Robertson ni Christophe Charlier, président du conseil d'administration de Renaissance Capital, n'ont voulu montrer une préférence pour telle ou telle destination.

Christophe Charlier préfère parler de «deux histoires différentes» avec un point en commun : ce sont les seules places financières en Afrique à être dans une dynamique positive de leurs fondamentaux.

«Ces marchés des capitaux devraient connaître de nouvelles émissions d’actions, soit par le biais de sociétés privées soit par le biais d'un certain nombre d'opérations de privatisation».

Le numéro 1 de Renaissance Capital s'intéresse d'ailleurs à cet aspect. «Nous sommes fiers d'avoir été mandatés pour certaines de ces transactions», explique-t-il tout en concédant que, pour le moment, aucun de ces deals ne concerne une entreprise marocaine.

Mais la banque d'affaires qui se spécialise dans les marchés frontières, met en avant sa présence dans plusieurs pays et un accès aux investisseurs internationaux pour vendre ses services de M&A aux émetteurs marocains.

Avec des opérations en Afrique, en Europe centrale et orientale, en Amérique du Nord et en Asie, ainsi qu'une Recherche actions qui couvre l'Afrique, Renaissance Capital justifie déjà d'un track-record sur le continent.

Des éléments de différenciation qui, selon Christophe Charlier, ne manqueront pas de donner des fruits. «Vous entendrez de plus en plus parler de nous au Maroc», lance-t-il durant une conférence de presse en marge de l'événement.

 

Le match Egypte - Maroc

Pour vendre la destination Egypte aux investisseurs étrangers présents, le vice-ministre des Finances égyptien a mis en avant la reprise économique constatée et des taux qui offrent un rendement inégalé dans la région. Par contre, il ne s'attardera pas sur la volatilité de la devise et l'inflation galopante que connaît son pays.

En VRP de la place financière marocaine, Karim Hajji a, lui, mis en avant la stabilité politique et économique du Royaume, la réussite des nouveaux métiers du Maroc, notamment l'aéronautique et l'automobile, ainsi que la force de frappe importante des institutionnels et des banques marocains dans la région.

La recherche de Renaissance Capital estime, elle, dans un document de recherche sur les perspectives 2020 dans la région, que l'Egypte est à surpondérer dans les portefeuilles d'investisseurs qui souhaitent accompagner la relance à travers l'investissement privé.

Les économistes de la banque sont plutôt neutres sur la destination Maroc pour des raisons de timing. Le marché boursier montre, selon eux, une valorisation élevée actuellement en traitant à 19,1x ses bénéfices. Le Maroc est présenté plutôt comme une destination de sécurité à privilégier pour des investissements physiques en provenance d'Europe notamment.

Point positif pour la Bourse de Casablanca : Son poids, appelé à grandir, dans l'indice MSCI FM. Car si l'Egypte est dans la catégorie au-dessus, son poids reste marginal. Charles Robertson préconise de passer «70 fois plus de temps à surveiller le Maroc que l'Egypte» en se basant sur les pondérations des deux pays.

Lors de cette conférence, Karim Hajji était aux côtés de Zouhair Bennani, qui contrôle le groupe Label'Vie, et de Nawfal Bendefa, président de REIM Partners, société de gestion de la foncière Aradei Capital, pour témoigner des nouveaux métiers de la finance au Maroc et du développement rapide de l'immobilier professionnel d'entreprises.

Des nouveautés que les investisseurs accueillent chaleureusement, alors que les locomotives habituelles africaines trébuchent, l'Afrique du Sud et le Nigéria connaissant des perturbations politiques et économiques dans un contexte d'incertitude sur les matières premières.  ◆

 


Maroc-Egypte : Des histoires différentes

Ce que pense Christophe Charlier, président du Conseil d'administration de Renaissance Capital, de ces deux destinations.

Spécialisé dans les fusions-acquisitions, la structuration d'opérations notamment par introductions en Bourse et émissions de dettes, Renaissance Capital participe également en tant qu'intermédiaire financier spécialisé dans les places africaines. C'est dire que cette banque d'affaires peut apporter une véritable comparaison entre les pays.

Pour Christophe Charlier, son président, le Maroc et l'Egypte présentent d'importantes opportunités, bien que ces deux destinations soient des histoires différentes. «En Egypte, c'est une histoire de réformes, de décisions prises par le gouvernement et qui ont fait vivre au peuple des années assez difficiles». Aujourd'hui, la situation semble plus assainie avec moins de surchauffe sur les taux notamment. «Nous pensons que le Momentum est réellement attractif maintenant sur un marché de 100 millions de personnes en pleine croissance. Investir en Egypte c'est faire le pari de la croissance et des réformes», conclut le banquier d'affaires.

Au Maroc, l'histoire est celle de l'industrialisation et de l'expansion africaine. Christophe Charlier met en avant l'industrie automobile et l'aéronautique qui réussissent à drainer des investissements physiques avec des constructeurs de renommée mondiale qui misent sur cette destination. Un argument de taille pour attirer plus facilement d'autres opérateurs dans le Royaume.

Christophe Charlier parle aussi d'Afrique et de l'ambition royale de positionner le Maroc sur l'échiquier continental. L'ouverture développée dans ce cadre offre aux flux financiers étrangers une rampe de lancement vers le reste du continent. Un argument qui semble également être apprécié par les investisseurs.

Renaissance Capital estime dans ses prévisions que la croissance va rebondir au Maroc en 2020. Sur le plan purement boursier, et si Renaissance Capital estime que les valorisations sont élevées au Maroc, la sortie du Kuwait de l'indice MSCI FM pour être reclassé dans l'indice MSCI EM, devrait donner plus de visibilité et de poids au Maroc parmi les marchés frontières.

L'Egypte a pour sa part un calendrier chargé en 2020. Les investisseurs seront particulièrement attentifs à un éventuel nouveau pack de mesures négociées avec le FMI, après l'arrivée à échéance d'une première vague de réformes en novembre 2019. ◆

 

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