Faux départ pour le passage à un régime de change plus flexible du Dirham. La réforme n’aura finalement pas lieu début juillet, comme n’a cessé de le répéter la Banque centrale, et ce depuis plusieurs mois, à chacune de ses sorties médiatiques.
Lors de son interview télévisée du samedi 1er juillet, le chef de gouvernement Saad Eddine El Othmani a été on ne peut plus clair : «Il n’y a pas d’urgence, nous ne sommes pas pressés».
El Othmani justifie ce report de la réforme à une date ultérieure, non encore arrêtée, par la nécessité d’analyser plus en profondeur les impacts de cette réforme sur le pouvoir d’achat des citoyens et sur l’économie nationale.
Un argumentaire pour le moins étonnant quand on sait que Bank Al-Maghrib a réalisé toutes les études nécessaires et qu’elle a fait un travail titanesque pour préparer l’ensemble des acteurs concernés par cette réforme.
A l’évidence, l’argumentaire du chef de gouvernement ne tient pas la route. Voilà des mois que tout le monde, y compris la presse internationale, savait que la réforme sera lancée en juillet, sans que jamais le gouvernement (ni celui-ci encore moins le précédent) n’ait trouvé à redire.
Pourquoi dès lors attendre les arrêts de jeu pour s’exprimer sur le sujet et annoncer un report de la réforme ? Est-ce à cause de la panique qui s’est emparée des opérateurs qui se sont rués sur les devises et les instruments bancaires de couverture ? Est-ce à cause du climat social qui n’est pas propice pour lancer une telle réforme ? Autant de questions cruciales, mais qui à l’heure actuelle demeurent sans réponses.
La Banque centrale désavouée
Le plus grave est qu’El Othmani, en décidant de mettre en stand-by la réforme et en chamboulant le calendrier, porte un sacré coup à la crédibilité de la Banque centrale. Une institution qui s’est pourtant souvent distinguée par la qualité de son travail, sa communication transparente, et le strict respect de ses échéanciers.
El Othmani assure avoir rencontré il y a quelques jours à son domicile Abdelatif Jouahri Wali de Bank Al Maghrib et Mohamed Boussaid, ministre de l’Economie et des Finances, pour évoquer ces questions.
Il rappelle aussi que la décision finale revient au gouvernement, via un arrêté du ministère des Finances. Et que le rôle de la Banque centrale est de surveiller la monnaie et de prendre les mesures adéquates.
Bref, tout ceci ne fait pas très sérieux !
A.E