La qualité de crédit des banques marocaines reste faible et les perspectives de viabilité autonome sont au mieux modérées.
C’est ce que dit l'agence de notation Fitch dans un rapport publié le 9 mars. Les banques marocaines sont notées BB+, avec une perspective négative.
«Nous avons récemment examiné le secteur bancaire marocain et nous avons conclu que la mauvaise qualité des actifs et les ratios d'adéquation des fonds propres continuent de peser lourdement sur la viabilité autonome des banques», notent les analystes.
L’agence de notation explique que les prêts douteux déclarés sont considérablement plus élevés au Maroc, sans signe significatif d'amélioration malgré une croissance économique plus forte.
«Le ratio moyen des sept plus grandes banques marocaines était de 9,6% à la fin du premier semestre 2017, et nous pensons que les pratiques de reporting locales sous-estiment la véritable ampleur de la faiblesse de la qualité des actifs», jugent-ils.
Par ailleurs, l’agence estime que la capitalisation des banques marocaines n'est pas suffisamment forte pour compenser les vulnérabilités du secteur. Les créances douteuses nettes représentent en moyenne 19% des fonds propres des principales banques du pays et la capacité des banques à constituer des capitaux est limitée.
«Les banques marocaines doivent se conformer à un ratio de fonds propres réglementaires minimum de 9%, plus strict que les normes internationales, mais les banques d’importance systémique du pays tendent à fonctionner avec des ratios à peine supérieurs à ce minimum et leurs plans d’investissement suggèrent que cela demeure le cas», ajoute l'agence.
«Il est peu probable que les notations de viabilité des banques marocaines s'améliorent, à moins d'une amélioration significative des ratios de fonds propres ou d'une réduction de l'appétit pour le risque», prédit Fitch Ratings.
BAM pas d'accord
Ce n’est pas la première fois que l’agence londonienne pointe du doigt le fait que les créances en souffrance des banques marocaines soient sous-estimées. En juillet 2017, dans une note sur le secteur bancaire, Fitch estimait que les «emprunts douteux représenteraient 12 à 14% (au lieu de 8% ndlr) des prêts si nous devions inclure les déficiences sous-déclarées ainsi que des listes de surveillance, ou des prêts restructurés et saisis».
Ce pavé dans la mare n’avait pas manqué de faire réagir la Banque Centrale. «En tant que Bank Al-Maghrib, nous ne partageons pas les conclusions de Fitch», avait déclaré Hiba Zahoui, Directrice de la supervision bancaire au sein de Bank Al-Maghrib.
La responsable de la DSB a argumenté son propos en expliquant que pour évaluer de manière précise les créances en souffrance du secteur bancaire, il faut avoir la possibilité d'examiner dans le détail les portefeuilles des banques ainsi que les dossiers litigieux, ce que l'agence Fitch ne peut faire. Il y certes des demandes de la Banque centrale de déclasser certaines créances. Les contrôles sur place au sein des établissements bancaires sont très détaillés et approfondis, et il existe un dialogue entre la banque centrale et les banques et des négociations concernant la classification de certaines créances qui peuvent être sujettes à interprétation, a-t-elle expliqué. Mais ces déclassements demeurent marginaux et ne remettent pas en cause les chiffres selon BAM. Pour Zahoui, les commissaires aux comptes sont également impliqués dans la détermination des créances en souffrance et ils font leur travail.
Cela n’empêche pas la Banque centrale de reconnaitre, à demi-mot, que les normes de classification actuelles des créances sont devenues insuffisantes puisqu'elles «ne captent pas l'ensemble tous les indices de dépréciation». Une réforme de la ciruclaire 19 G est donc en cours avec un durcissement de la réglementation.