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Financement des startups : ce qui bloque la dynamique au Maroc

Financement des startups : ce qui bloque la dynamique au Maroc

Les startups marocaines peinent à arriver au stade de maturité pour accéder plus facilement aux financements. Le Royaume a toutefois des atouts qui peuvent laisser espérer une dynamique positive sur le plus long terme.

 

Par D. M.

Malgré les bonnes intentions du gouvernement et des acteurs professionnels de positionner l'écosystème des startups au Maroc parmi les plus dynamiques en Afrique, les statistiques révèlent une réalité bien différente. Avec seulement 17 millions de dollars levés par nos startups, le Maroc ne représente qu'un modeste 0,4% du total africain, d'après le rapport «Africa : The Big Deal». En contraste, le Kenya, en tête de liste, a réussi à mobiliser 800 millions de dollars de financements, soit 47 fois plus que le Royaume.

Parallèlement, bien que plongées dans un cycle interminable de crises économiques, l'Égypte et l'Afrique du Sud ont réussi à lever des montants bien plus conséquents, avec respectivement 640 millions et 600 millions de dollars. Cette réalité souligne la résilience et la capacité de ces nations à attirer des investissements dans leurs écosystèmes de startups, contrairement au Maroc qui peine à rivaliser sur la scène financière régionale. Bref, le constat est on ne peut plus clair : cette disparité souligne l'urgence d'une réévaluation des stratégies nationales pour dynamiser l'écosystème des startups marocaines et renforcer leur attractivité sur la scène internationale.

«Selon nos chiffres, le montant investi dans des startups en Afrique en 2023 (dette & equity) a reculé de 39% par rapport à 2022 (de 4,6 milliards de dollars US à 2,9 milliards). Durant la même période, nous avons enregistré une contraction des investissements au Maroc de 45% (17 millions de dollars en 2023 par rapport à 32 millions en 2022). Il est intéressant de noter qu’à l’échelle du continent, on a enregistré une forte progression de la quantité de dette levée par les startups (par opposition à l’equity)», nous explique Max Cuvellier Giacomelli, cofondateur d’Africa The Big Deal.

L’expert affine l’analyse en indiquant qu’«au Maroc, sur les 20 deals de plus de 100 mille dollars que nous avons recensés en 2023, aucun ne mentionne de dette. On pourrait donc être tenté de comparer la performance du Maroc (-45% YoY) non pas à celle du continent en termes de dette + equity (-39% YoY comme indiqué ci-dessus), mais plus spécifiquement à l’évolution du montant d’equity levé (-57% YoY)». Il est important de garder à l'esprit que le développement d'écosystèmes matures prend du temps, et les startups qui parviennent à lever des fonds de manière significative (et récurrente) ont souvent été établies il y a plusieurs années. Il faut environ sept ans avant d'atteindre un stade où une levée de fonds conséquente devient réaliste.

Actuellement, au Maroc par exemple, certaines startups font face à des défis pour parvenir à cette maturité. D’où la nécessité d'une perspective à long terme et d'un soutien continu pour favoriser une croissance durable au sein de l'écosystème entrepreneurial. Malgré cette performance peu reluisante en 2023, notre interlocuteur reste optimiste sur le long terme.

«Nous ne sommes pas des experts du contexte marocain, mais il semble que le climat mondial de ralentissement des investissements dans les startups ait beaucoup joué dans la baisse d'activité enregistrée dans la majorité des pays du continent. Ceci dit, le Maroc a des atouts qui peuvent laisser espérer une dynamique positive sur le plus long terme. Citons par exemple sa position géographique et stratégique qui peut lui permettre de prétendre à des investissements de la part d’acteurs africains, européens et moyen-orientaux; la force de sa diaspora; et l’implantation locale d’investisseurs, tels que UM6P Ventures, AfriMobility ou Outlierz Ventures». 

 

 

 

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