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Financement du Trésor : Le long terme prend le dessus

Financement du Trésor : Le long terme prend le dessus

tresorProfitant de la tendance baissière des taux et d’une détente sur ses besoins en liquidités, le Trésor a enta­mé une restructuration du profil de sa dette au profit des maturités longues. Les assurances et les orga­nismes de prévoyance ont été les principaux souscripteurs du Trésor en 2014.

Durant l’année 2014, le Trésor a bénéfi­cié de conditions de financement particu­lièrement avantageuses, carac­térisées essentiellement par la diminution du taux moyen pon­déré des émissions du Trésor. Cette diminution a été accen­tuée par les deux décisions de Bank Al-Maghrib d’abaisser son taux directeur, de 3% à 2,75% en septembre, puis à 2,50% en décembre. Ainsi, «les taux des bons du Trésor ont accusé, entre septembre et décembre, d’importants replis sur le mar­ché primaire, allant de 59 points de base pour la maturité de 15 ans, à 142 points pour la matu­rité de 10 ans. Pour les matu­rités de 52 semaines et 5 ans, les replis ont été de 40 points et 56 points respectivement», relève la Banque centrale dans son dernier rapport annuel.

Plus de maturités lon­gues

Dans ces conditions, les nou­velles émissions du Trésor en 2014 ont porté principalement sur des maturités longues (5 ans et plus) : celles-ci repré­sentent en 2014 près de 55% des nouvelles émissions, contre seulement 14% en 2013 et 15% en moyenne entre 2010 et 2012. Les émissions courtes reculent donc de 48% en 2013 à 13% en 2014. De leur côté, les maturités moyennes pour­suivent leur tendance baissière, passant de 46% en 2010 à 33% en 2014. Par conséquent, la durée moyenne des émis­sions en 2014 s’est établie à 9,7 années en 2014, contre seulement 3 ans en 2013, et 4,2 ans en moyenne sur la période 2010-2012. Selon la Banque centrale, cette orienta­tion vers le long terme «traduit l’effort du Trésor d’améliorer la structure de sa dette».

Par ailleurs, grâce à la baisse de la courbe des taux, cet allonge­ment de la maturité ne s’est pas traduit par une hausse du taux moyen pondéré des émissions du Trésor. Celui-ci a même reculé à 4,4% en 2014, au lieu de 4,5% en 2013, reflétant une baisse des taux de l’ensemble des maturités.

Cette orientation vers les matu­rités longues s’est accompa­gnée d’un recours moindre au marché des adjudications grâce à la réduction du besoin en financement du Trésor. Cela est dû en grande partie à «la pour­suite du redressement du déficit budgétaire et l’assouplissement des conditions monétaires», souligne la Banque centrale. Ainsi, les nouvelles émissions du Trésor ont totalisé en 2014 110,2 milliards de dirhams, contre 175,2 milliards de DH en 2013 et une moyenne de 108 milliards de DH entre 2010 et 2012. «Le recul des émissions en 2014 reflète, en plus de la baisse du besoin de finance­ment du Trésor, une importante amélioration de sa trésorerie», précise Bank Al-Maghrib.

Les sorties du Trésor sur le marché domestique en 2014 ont légèrement augmenté de 617 millions de dirhams à 37,6 milliards de dirhams.

Les assurances en tête

Les fonds mobilisés pro­viennent à hauteur de 26,2 mil­liards de DH de ses propres cir­cuits financiers (dépôts auprès de la Trésorerie générale du Royaume) et de 11,4 milliards des émissions nettes sur le marché des adjudications, en baisse de 76,1%. La Banque centrale nous renseigne sur la ventilation des détenteurs de bons du Trésors (BDT).

Ainsi, les compagnies d’assu­rances et les organismes de prévoyance se taillent la part du lion, avec un total de 37,2 milliards de dirhams de sous­criptions nettes.

En revanche, les banques ainsi que les institutions financières se sont montrées beaucoup moins intéressées par les souscriptions en BDT, et se sont désengagées pour un montant de 8,2 milliards de DH chacune. La baisse de la rému­nération des BDT a orienté les banques vers d’autres pla­cements plus rentables, alors que les assurances préfèrent maintenir des placements moins risqués. Les OPCVM ont suivi la même tendance que les banques, en se désengageant à hauteur de 4,5 milliards de dirhams.

Autres conséquences de ce contexte favorable : le Trésor s’est moins financé à l’exté­rieur. En effet, les tirages bruts ont accusé en 2014 une baisse de 24,1% à 17,5 milliards de dirhams, dont 11,2 milliards de DH mobilisés sur le marché financier international et 5,7 milliards de DH auprès des institutions internationales.

La Banque centrale précise ainsi que les tirages auprès de la Banque mondiale ont totalisé 3,4 milliards de DH, contre 10,7 milliards en 2013, tandis que ceux auprès de la Banque africaine de développement sont revenus de 2,1 milliards à 1,6 milliard de DH.

A. Elkadiri

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