Propos recueillis par B. Chaou
Finances News Hebdo : Vous avez mis en place durant cette crise le «paquet résilience» qui comporte des lignes de financement destinées à fournir de la liquidité à l’économie marocaine à court et moyen termes. Quel était le montant distribué à travers ces lignes de crédit au Maroc ?
Marie Alexandra Veilleux-Laborie: Pour plus de précisions, il s’agit d’une enveloppe de solidarité que notre Conseil d’administration a approuvée très rapidement au début de cette crise et au-lendemain du confinement, en deux étapes, tout d’abord à la fin de mars, ensuite à la fin d’avril. Cette enveloppe de solidarité est globale, avec pour objectif de soutenir nos partenaires au Maroc via des lignes de crédits à court terme pour financer leurs besoins en trésorerie.
Ce programme a été très bénéfique pour le tissu économique marocain, surtout au printemps, période pendant laquelle nous avons constaté un besoin important des entreprises en termes de liquidités.
Notons que le Maroc a été le premier pays à bénéficier de cette enveloppe de solidarité via notre partenaire bancaire Bank of Africa Groupe. Ensuite, cela a été élargi par le biais d’autres acteurs du secteur bancaire. A travers cette enveloppe de solidarité, nous avons pu soutenir plusieurs de nos partenaires au Maroc pour un montant global de 500 millions d’euros.
F.N.H. : A quels types d’entreprises étaient destinés ces financements ? Et quelles sont celles qui en ont le plus bénéficié ?
M.A.V.L : En plus des lignes de financement octroyées via nos différents partenaires bancaires au Maroc, nous avons également apporté notre soutien directement à des opérateurs publics pour faire face à leur besoin en fonds de roulement, notamment dans le secteur du transport et des énergies. Il s’agit entre autres des Autoroutes du Maroc, l’ONDA ainsi que la branche eau de l’ONEE.
Globalement, je tiens à dire que 2020 a été une année record pour la BERD au Maroc, puisque nous atteindrons un montant global de financement de plus 800 millions d’euros d’ici la fin d’année.
Il faut noter que notre accompagnement ne se limite pas au financement, nous accompagnons également les TPE et PME sur plusieurs aspects techniques. Compte tenu des mesures sanitaires mises en place par les autorités, nous avons poursuivi notre accompagnement en ligne en proposant des formations et webinars sur différentes thématiques, comme la gestion de la trésorerie, le marketing digital ou encore la gestion de la crise sanitaire pour les cliniques privées.
F.N.H. : Cette crise a beaucoup fragilisé les entreprises marocaines. Les besoins de financement restent importants. Dans une optique d’accompagnement, avez-vous une stratégie sur le long terme pour permettre un financement adapté aux entreprises ? Et sur quoi repose-t-elle ?
M.A.V.L : Nous sommes en constant renouvellement pour nous adapter aux conditions des marchés, compte tenu du contexte de la crise ainsi que des différentes actions du gouvernement qui, d’ailleurs ont été très fortes pour soutenir les entreprises marocaines via plusieurs produits financiers. Ainsi, nous comptons bien continuer sur cette lancée afin d’appuyer le tissu économique marocain, et nous adapter aux besoins des entreprises afin de bien préparer l’ère postcovid.
D'ailleurs, nous commençons à travailler sur notre nouvelle stratégie pour le Royaume, qui devrait être prête d’ici l’été et qui va guider nos actions pour les quatre prochaines années. Nous pourrons communiquer davantage à ce sujet d’ici quelques mois. Globalement, notre objectif est de soutenir le Maroc pour une économie plus résiliente, plus inclusive et plus durable.
F.N.H. : Comptez-vous toujours promouvoir les financements green ? Les montants destinés à cette catégorie de projets seront-ils revus et plus en faveur de financements vers des secteurs ?
M.A.V.L : Le financement vert est extrêmement important pour nous. D’ailleurs, nos actionnaires ont approuvé au mois d’octobre la nouvelle stratégie de la BERD pour les cinq prochaines années. Elle compte notamment soutenir une économie verte et durable de nos pays d’opération, avec comme objectif d’ici 2025 d’avoir 50% de nos financements qui soient verts. C’est un objectif primordial qui va également guider notre action au Maroc.
Actuellement, nous sommes en train de préparer un nouveau produit qui devrait sortir en début d’année prochaine. Il fait suite au programme MorSeff, avec plus de partenaires bancaires et un accompagnement en termes de subventions aux entreprises. Celles-ci achèteront des technologies se basant sur les énergies vertes, qui leur permettront de réduire leur facture énergétique.
Ce sont donc des projets importants que nous allons déployer en 2021 via les banques, mais aussi directement à travers le ciblage de projets d’entreprises qui s’inscrivent dans une vision d’économie verte et durable.
Je rajouterais que le secteur des énergies renouvelables est un secteur que nous ciblons en priorité et dans lequel nous espérons signer plusieurs projets au cours de l’année prochaine.
Mission de la BERD au Maroc
La BERD est détenue par 69 pays, l’Union européenne et la Banque européenne d’investissement. Chaque actionnaire est représenté individuellement au Conseil des gouverneurs de la BERD, qui dispose d’une autorité générale sur la banque, et est chargé d’approuver l’orientation stratégique globale. Au Maroc, la banque se concentre sur le développement du potentiel entrepreneurial, la promotion de l'entrepreneuriat féminin et l’accroissement des financements en direction des petites et moyennes entreprises, ainsi que le soutien au caractère durable de l’économie, et l’amélioration de l'efficacité et de la qualité des infrastructures et des biens publics.