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Entretien : «Il faut capter l'épargne islamique locale en majeure partie thésaurisée pour des raisons religieuses»

Entretien : «Il faut capter l'épargne islamique locale en majeure partie thésaurisée pour des raisons religieuses»

alt Le resserrement conjoncturel des trésoreries bancaires serait davantage provoqué par des souscriptions effectuées par ces dernières en bons du Trésor à cause de l’emprunt extérieur de 1,5 Md $. • Abdelmajid Benjelloun, expert-consultant et ancien Directeur général de banque islamique en République de Guinée Conakry, émet des réserves concernant l’impact positif de la finance islamique sur la contrainte actuelle de financement.

Finances News Hebdo : Dans un environnement financier contraignant, la perspective d'installation des banques islamiques au Maroc pourrait-elle assouplir les contraintes de financement actuelles ? Pourquoi ?

Abdelmajid Benjelloun : Il ne faut pas, à mon avis, excusez-moi l'expression, «mettre  la charrue avant les bœufs».

Il n’y a pas normalement de finance islamique sans épargne islamique transparente et contrôlable par les instances devant être créées par Bank Al-Maghrib et qui doivent, bien entendu, respecter les principes de la charia pour bénéficier de la confiance des croyants musulmans.

Il faut d'abord créer les banques islamiques selon les prescriptions de BAM, ensuite capter l'épargne islamique locale en majeure partie thésaurisée pour des raisons religieuses dans l'immobilier et ou «dans les tontines et/ou bas de laine».

 

F. N. H. : Dans ces conditions, les contraintes financières vont-elles s’alléger ?

A. B. : Il est quasi certain qu’une fois captée par les banques, filiales ou agences de banques à vocation islamique qui seront créées dans cet objectif,  l'épargne islamique  locale va permettre d'alléger l'étroitesse actuelle des trésoreries des banques conventionnelles. Ces dernières pourraient ainsi affecter, via leurs nouveaux guichets, spécialisés en la matière, les nouvelles ressources islamiques  ainsi collectées, et ce en priorité au financement.

 

F. N. H. : Dans un contexte marqué par une raréfaction des liquidités bancaires, voire par un ralentissement des crédits octroyés aux PME, cœur névralgique de l’économie, peut-on savoir jusqu’à quel degré la finance islamique pourrait remédier à cette problématique ?

A. B. : Comme vous le savez sans doute, la trésorerie des  banques est fongible et il me paraît  très difficile à ce stade de prévoir raisonnablement à quel degré l'épargne islamique pourrait répondre à la problématique du financement des PME qui connaît actuellement un ralentissement conséquent à un resserrement relatif des trésoreries des banques conventionnelles.  Ce resserrement conjoncturel des trésoreries bancaires serait davantage provoqué, notamment par des souscriptions  effectuées par ces dernières en bons du Trésor qui seraient plus importantes que par le passé. Le but est d’aider à parfaire le financement du budget de l’Etat qui vient de contracter, en vue de diminuer le recours au système bancaire marocain, un emprunt extérieur de 1,5 milliards de dollars.

Ceci étant, les projets bancables des PME, et ce bien entendu, hormis ceux relevant de quelques secteurs peu porteurs et ou sinistrés, continuent pour la plupart d'entre eux à  bénéficier, dans une certaine mesure, du soutien financier des banques marocaines.

 

Propos recueillis par S. Es-siari


 

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