Il a levé 1 milliard d'euros pour une offre de 2,3 Mds d'euros. La maturité est de 10 ans, le taux d'intérêt de 4,5% et une prime de risque de 200 points de base.
Le gouvernement a fait un arbitrage pour optimiser son endettement sans effet d'éviction sur le secteur privé.
Le Maroc a réussi son opération d'émission obligataire de 1 milliard d'euros sur le marché international. Salaheddine Mezouar, ministre de l'Economie et des Finances, a manifesté sa satisfaction lors d‘un point de presse organisé le 4 octobre à Rabat. L'opération est assortie d'une maturité de 10 ans, un taux d'intérêt de 4,5% et une prime de risque de 200 points de base. Les banques qui ont accompagné le Maroc dans cette transaction sont Barclays, HSBC et Natixis en tant que chefs de file, Attijariwafa bank, la BCP, BMCE Bank, et DZ Bank AG en tant que co-chefs de file. «Le succès de cette opération montre la confiance des investisseurs internationaux en la bonne santé de l'économie marocaine, ses perspectives de croissance et la solidité de nos fondamentaux», a souligné Mezouar. Il a expliqué que l'offre a dépassé les prévisions pour atteindre les 2,3 Mds d'euros. «Le succès de l'opération donne de la visibilité aux investisseurs; c'est un signal positif pour l'économie nationale. C'est ça qui va faire la force du Maroc de demain», a-t-il souligné. La répartition par profil d'investisseurs fait ressortir qu'il y a une prédominance des gestionnaires de fonds avec une part de 49%, suivis des banques qui se dotent de 30%, les assurances et les caisses de retraite avec 5%. La répartition sur le plan géographique montre une nette diversification. Bien que l'Europe ait une part de 47%, elle est à moins des 75% réalisés lors de la dernière émission en 2007. Ce sont les régions MENA, Etats-Unis et Asie qui grimpent avec des parts respectives de 20%, 19% et 4%, contre 9%, 10% et 0% en 2007. Le Maroc a touché pour la première fois le marché suisse dont la part a atteint les 8%. Concernant le timing de l'opération, Mezouar a expliqué que «la décision a été prise au mois de mars pour sortir au mois de mai, mais il y a eu entre-temps la crise grecque, on a alors décidé de reporter l'initiative, d'attendre et de suivre de plus près la situation des marchés et de la conjoncture internationale». En effet, la crise grecque, et plus ou moins la crise irlandaise, ont entraîné une forte aversion et une accentuation de la volatilité. A côté de cela, il y a eu une dépréciation de l'Euro face au Dollar. «Nous avons décidé de maintenir les préparatifs, mais sans faire d'annonces officielles. Il s'agissait de saisir le moment opportun dans un contexte d'aversion des risques. C'est pour cela qu'entre le road show, qui s'est déroulé du 20 au 29 septembre 2010 sur les places financières internationales, et la conclusion de l'opération, la décision était rapide car la volatilité peut revenir à tout moment», a-t-il noté. Concernant le taux, le ministre des Finances a souligné que l'opération du Maroc est compétitive en comparaison avec d'autres pays qui ont lancé dernièrement des emprunts similaires. Expliquant l'option de la sortie sur le marché international, Mezouar a affirmé qu'«il y avait deux choix : soit le marché intérieur, soit s'endetter à l'étranger. Nous avons opté pour cette dernière pour ne pas impacter la liquidité. Nous avons jugé que notre niveau d'endettement extérieur est acceptable puisqu'il ne dépasse pas les 23%, alors que la normale est située entre 40 et 50%. L'objectif est de coller également au panier des devises qui est libellé à 80% en Euro», avant d‘ajouter que «conformément à notre stratégie de financement du Trésor, nous avons procédé à des arbitrages entre le financement interne et externe». En effet, cette stratégie repose sur le financement du déficit budgétaire au travers d'un meilleur coût pour la collectivité. Il est question aussi de réduire les risques associés (risque de taux, de change, de refinancement). Il s'agit également de développer le marché intérieur de la dette, sans effet d'éviction sur le secteur privé, comme il fallait veiller à la soutenabilité de la dette et à la solvabilité du pays. «Plusieurs facteurs ont plaidé pour l'arbitrage en faveur du recours au marché de financement international. Il s'agit de la notation Investment Grade attribuée par les agences de notation, et l'existence de marges en matière d'endettement extérieur», a précisé Mezouar.
* Attrait : Les raisons de l'intérêt des investisseurs suisses L'une des particularités de l'emprunt obligataire international concerne l'arrivée des investisseurs suisses qui décrochent 8% de l'opération, soit 80 millions d'euros. Mezouar, qui a visité Zurich le 27 septembre dernier dans le cadre de son road show, a vu le fort intérêt de ce marché et de la place financière connue mondialement. «Les investisseurs suisses sont exigeants, notamment au niveau de l'Investment Grade. Il n'y a que 70 pays au monde qui sont parvenus à ce niveau. L'amélioration de notre notation est un élément fondamental pour l'attrait des capitaux étrangers. C'est pour cela qu'il faut améliorer toujours», a souligné Mezouar. Dans les dernières sorties à l'international en 2003 et 2003, les Suisses n'étaient pas présents la notation du Maroc ayant été moins attractive.
C. J.