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Crédit du Maroc : Le bon sens a-t-il de l'avenir ?

Crédit du Maroc : Le bon sens a-t-il de l'avenir ?

credit du marocLe management de Crédit du Maroc tenait récemment une conférence de presse à Casablanca. Risques, contrôle fiscal, perspectives au Maroc... Autant de sujets qu'il fallait aborder intelligemment pour rassurer le marché.

Comment aborder sereinement une rencontre avec la presse et les analystes quand on enregistre une baisse des bénéfices de 65% ? Comment s'y prendre pour calmer les journalistes et éviter les titres alarmistes, type déconfiture, effondrement ou autres ? Bref, vous l'aurez compris, la préparation d'un tel point de presse est loin d'être une partie de plaisir. D'emblée, le management a voulu couper court à toute polémique. Le président du Directoire de Crédit du Maroc, Valdoméro Valverde, a déclaré :
«Nous sommes là pour rassurer sur notre avenir au Maroc et rassurer sur nos résultats qui peuvent susciter des interrogations». Car, il faut le dire, une chute aussi importante des bénéfices a tendance à cacher tout le reste, notamment l'activité commerciale (l'opérationnel, cet ensemble d'opérations réalisées chaque jour par les femmes et les hommes de la banque à travers le réseau). Sur ce point, il faut dire que Crédit du Maroc dispose dans son bilan, à fin 2015, de 38,4 Mds de dirhams de dépôts (+3,9% par rapport à 2014), alors que les crédits distribués ont atteint 36,9 Mds de dirhams (+5,6%). Mais le résultat de ces activités est maigre : le produit net bancaire a stagné (0,3%). Dans le détail, la marge d'intérêt s'est appréciée de 6%, alors que la marge sur commissions a gagné un petit 1%. L'activité de marché, en baisse, a contrebalancé les progrès réalisés sur les deux autres composantes. Mais, au final, deux éléments ont complètement absorbé cette petite performance commerciale : il s'agit du contrôle fiscal et du coût du risque.


Le contrôle fiscal
Selon le management, le contrôle fiscal porte sur les déclarations d'IR. Il ne s'agit pas de dissimulation d'informations, mais d'un problème d'interprétation. La banque a été notifiée pour un montant bien plus élevé que les 79 MDH dont elle s'est acquittée, mais a préféré y mettre fin rapidement en négociant ce montant. Ce sont au final ces 79 MDH, en plus d'une appréciation du coût du risque, qui ont eu raison de ses bénéfices.


Un coût du risque en hausse de 28%
766 MDH, c'est la quote-part des fonds propres allouée par la banque pour faire face à d'éventuels risques, contre 598 MDH en 2014. Cette hausse de 28% a été expliquée par les provisions concernant les clients corporate qui font ou risquent de faire défaut, ainsi que par l'effort de provisionnement habituel de la banque, jugé d'ailleurs excessif par les opérateurs. Les engagements envers Alliances et Samir sont couverts à 100% par des provisions, explique le président du Directoire, alors que les sidérurgistes sont provisionnés à hauteur de 70%. Au final, la banque affiche un taux de couverture parmi les plus élevés de la place : 74%.
Pour l'avenir, la banque espère réaliser de meilleures marges grâce à ses actions commerciales et le recrutement de nouveaux clients plutôt haut de gamme. Le digital sera également mis à profit. La bancassurance devrait rapporter, pour sa part, 2 à 3% de PNB additionnel dans le futur à travers son partenariat avec Saham Assurance. Enfin, concernant les résultats financiers, tout se jouera sur les risques maintenant que l'épisode fiscal est passé. Si CDM arrive, dans un meilleur contexte des risques, à enregistrer des reprises sur les provisions de ces dernières années, un rattrapage, peut-être même important, sera constaté.
Encore faut-il que sa course effrénée pour récupérer des parts de marché dans le crédit promoteur ne produise pas un effet boomerang. Car, au moment où toutes les banques limitent leur exposition à l'immobilier, l'encours des crédits promoteurs immobiliers de CDM a augmenté de 26% en 2015. Le management promet qu'il s'agit de «petits» promoteurs, principalement dans l'axe Casa-Rabat. Est-ce du bon sens ? L'avenir nous le dira.

Activité des filiales
Crédit du Maroc Capital, la filiale spécialisée dans l'intermédiation boursière du groupe Crédit du Maroc, a réalisé en 2015 un chiffre d'affaires de 4,9 MDH, en hausse de 26% par rapport à 2014. C'est l'une des filiales les plus efficaces du groupe, étant donné son effectif réduit. Une efficacité qui se constate d'ailleurs dans son bénéfice net qui grimpe plus rapidement que le chiffre d'affaires à 2,4 MDH, soit une hausse de 35,5%.
Concernant les autres filiales spécialisées du groupe, Crédit du Maroc Assurance réalise le plus gros des bénéfices avec 26,1 MDH. CDM Patrimoine a comptabilisé un bénéfice net de 7,9 MDH, CDM Leasing et Factoring, qui démarre sa première année d'activité, a clos l'exercice sur une perte de 10,9 MDH, alors que CDM Offshore a gagné un million de dirhams. On notera enfin que la société SIFIM, spécialisée dans la gestion du parc immobilier du groupe, a dégagé une perte de 10 MDH.

Adil Hlimi

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