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Crédit bancaire : Sursaut en trompe-l’oeil

Crédit bancaire : Sursaut en trompe-l’oeil

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Sur le mois de décembre 2015, le crédit bancaire s’est accru de 2,5% en comparaison avec le mois de novembre. Ce sont près de 20 milliards de dirhams de crédits supplémentaires qui ont été octroyés durant ce mois. Mais cette hausse est due essentiellement aux crédits alloués aux OPCVM. Les détails.

Alors que le faible rythme de croissance du crédit bancaire continue de préoccuper la sphère économique, voilà que le concours des banques à l’économie nationale a connu une embellie inattendue en fin d’année, plus particulièrement durant le mois de décembre. Bank Al-Maghrib n’en espérait pas tant. Rappelons que lors de son dernier Conseil, la Banque centrale tablait sur une croissance annuelle du crédit de l’ordre de 0,5%. En fin de compte, et grâce au sursaut des mois de novembre et décembre, qui ont sauvé l’année, le taux de croissance du crédit bancaire sur l’année 2015 par rapport à 2014 s’établit à 2,7%, d’après les données des statistiques monétaires du mois de décembre publiées par la Banque centrale. Toutefois, ce sursaut «sur le gong» ne doit pas faire oublier l’essentiel : le rythme de progression des crédits bancaires s’inscrit dans un trend baissier depuis 2012. Surtout, il vient de signer sa pire performance depuis 15 ans. Toujours est-il que sur le mois de décembre, le crédit bancaire s’est accru de 2,5% en comparaison avec le mois de novembre.  Ce sont près de 20 milliards de dirhams de crédits supplémentaires qui ont été distribués durant ce mois (l’encours des crédits est passé de 764,8 milliards de DH en novembre 2015 à 784,2 milliards de DH en décembre). C’est plus que sur les 11 premiers mois de l’année (encours de 755 milliards de DH en janvier 2015 et de 764,8 milliards de DH en novembre 2015).  Comment expliquer ce rebond ? Les conditions d’accès au crédit se seraient-elles améliorées ? Pas vraiment. 

Les crédits aux OPCVM flambent

Car, à y regarder de plus près, l’accroissement du crédit bancaire en fin d’année s’explique essentiellement par une importante hausse des crédits à caractère financier, alloués principalement aux autres OPCVM (Organismes de placements collectifs en valeurs mobilières) autres que monétaires (c’est-à-dire les OPCVM actions et obligations). Cette hausse des prêts bancaires octroyés aux OPCVM est de l’ordre de 15% en glissement mensuel, soit un montant additionnel de près de 14,3 milliards de dirhams par rapport au mois précédent, pour un encours total de 108,9 milliards de DH. On comprend ainsi que sans cet effet «OPCVM», la hausse des crédits alloués à l’économie n’aura été que de 5,6 milliards de DH supplémentaires. Soit une progression beaucoup moins importante que ne le laissent croire les chiffres. En réalité, les autres catégories de crédit sont restées à des niveaux relativement bas durant le mois de décembre. Les facilités de trésorerie et les concours à l’équipement ont certes progressé en glissement mensuel, respectivement de 1,5% et de 0,8%, mais sur une année, ils s’inscrivent en recul respectif de 4,5% et 0,3%. En revanche, la petite embellie du mois de décembre n’a pas atteint les crédits à l’immobilier qui enregistrent un repli de 0,2% en glissement mensuel. Les crédits à l’habitat comptabilisent une faible progression mensuelle de l’ordre de 0,5%. Quant aux crédits à la promotion immobilière, ils poursuivent leur trend baissier et reculent de 2,6% en décembre 2015 par rapport à novembre de la même année. Au final, et par rapport au mois de décembre 2014, les crédits immobiliers terminent l’année sur une légère progression de 1,8% (+5,4% pour le crédit à l’habitat et -9,4% pour les crédits à la promotion immobilière). Les crédits à la consommation, enfin, se sont dépréciés de 0,2% en glissement mensuel. Sur l’année, ils enregistrent une hausse de 4,9%.  Bref, la commission tripartite (Banque centrale, patronat et banques), qui planche actuellement sur la manière de relancer le crédit, a bien du pain sur la planche. 

Les créances en souffrance représentent 7,2% des crédits

Mêmes les créances en souffrance ont vu leur encours diminuer de 2,2% durant ce mois de décembre, ce qui représente près de 1,3 milliard de DH récupérés par les banques. Cependant, sur l’année, les créances en souffrance ont enregistré une progression de 6,9%. Leur rythme de progression décélère puisqu’en 2014, la hausse enregistrée était de 20,2%. A fin 2015, l’encours global des créances en souffrance s’établit à 56,14 milliards de dirhams. Rapporté à l’encours des crédits bancaires (784,2 milliards de dirhams), le taux des créances en souffrance atteint, à fin décembre 2015, 7,2%. Il s’agit du plus haut niveau constaté depuis 8 ans. Il faut noter que ce taux s'approche de ceux élevés enregistrés historiquement chez les sociétés de financement (8%). 

Amine El Kadiri

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