Les crédits bancaires manquent de tonus.
Les banques se défendent d'être frileuses.
La distribution des crédits bancaires manque sérieusement de tonus. Il y a deux mois, le financement bancaire a enregistré l’un des taux de croissance les plus faibles sur les dernières années (+1,2%). Depuis janvier, l’évolution des crédits est plate, rompant avec la dynamique constatée les années passées.
Comment expliquer ce tassement persistant ? Allongement des délais de paiement, ralentissement de certains secteurs d’activité, baisse de la demande… et très récemment les nouvelles exigences bâloises, sont autant d'explications.
Mais, pour Mohamed El Kettani, PDG du Groupe Attijariwafa bank, il s’agit surtout d’atonie du côté de la demande. «Si la demande des entreprises pour le financement est atone, ce n’est pas le secteur bancaire qui va la créer», a-t-il argumenté, lors de la conférence de presse de la présentation des résultats semestriels.
El Kettani rejette l'argument de la frilosité des banques, arguant que «dans l’imaginaire populaire, on croit que les banques sont des vannes de crédits ouvertes à l’infini». Or, «aujourd’hui, avec un taux de contentialité global du secteur bancaire de 7,5%, je dis que les banques ne sont pas frileuses, mais aventureuses».
Le taux des créances en souffrance reste élevé au Maroc. D’après les dernières statistiques de Bank Al-Maghrib, le portefeuille global des créances à risque s’élève à 66,4 milliards de DH. «Dans les économies solides, dès que le taux des créances en souffrance dépasse les 2%, c’est le signal d’alarme. Les banques marocaines prennent des risques plus que la normale. Dans une économie comme la nôtre, nous devons être dans un taux entre 3 et 4%. Nous avons frôlé les 8%, il y a un an. C’est un grand signal d’alarme», insiste El Kettani. L’on comprend donc que les bonnes intentions des banques de prêter se voient réduites davantage, devant un taux de contentialité aussi important.
Une réunion repoussée
Une réunion entre la Banque centrale, le banques et la CGEM, prévue pour la rentrée afin de discuter des pistes de relance du crédit, a été reportée à cause des élections (du président de la CGEM) qui ont pris du temps et de la saison des vacances qui a suivi.
Dans ses dernières sorties médiatiques, le wali de Bank Al-Maghrib, préoccupé par le sujet, a admis que la machine de production des crédits doit urgemment être relancée. Dans l’attente de la réunion avec le patronat et le GPBM (Groupement professionnel des banques au Maroc), la Banque centrale a pris l’engagement de mettre en place des comités régionaux TPME qui ont eu au moins 11 réunions, pour débattre des spécificités de chaque région, dans le but de revivifier le crédit bancaire. ■
Y. S