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Communication financière : Le marché s'adapte aux nouvelles règles

Communication financière : Le marché s'adapte aux nouvelles règles

 

La saison des semestrielles se termine et avec elle une nouvelle expérience pour les émetteurs. 

 

Par Adil Hlimi

 

Les entreprises qui font appel public à l’épargne viennent de se plier à l’habituel exercice semestriel de communication financière auquel elles se livrent chaque année en pareille période. Mais, cette fois-ci, le contexte est particulier puisque les émetteurs doivent répondre aux nouvelles dispositions réglementaires prévues par la circulaire de l’AMMC relative aux opérations et informations financières et publiée au Bulletin officiel en juin dernier. Cette circulaire, avec effet immédiat, s’est directement traduite par la publication très commentée d’indicateurs trimestriels en août. 

 

Rétablir la confiance 

La confiance. C’est de cela qu’il s’agit. Le marché des capitaux marocain à la liquidité épisodique - où les particuliers deviennent structurellement craintifs, où les institutionnels sont extrêmement passifs avec des stratégies d’investissement rudimentaires privilégiant le dividende, et où les étrangers font la grimace à cause d’une cherté relative des actifs pas toujours justifiée - doit opérer son sursaut qualitatif pour rétablir et consolider la confiance.

Les mises à niveaux réglementaires, comme la nouvelle circulaire de l’AMMC ou encore le nouveau règlement de la Bourse en vigueur depuis quelques semaines, servent cette cause. 

 

Communiquer mieux 

La nouvelle circulaire de l’AMMC introduit plusieurs nouveautés pour rehausser la qualité de l’information fournie par les émetteurs. Certaines dispositions ont été largement commentées pour les indicateurs trimestriels, d’autres pas. Concrètement, les moments de communication obligatoires passent de 3 par an à 7.

A cette plus grande fréquence, s’ajoute une quantité plus importante de données à publier sur les sites des émetteurs comme le rapport financier annuel (RFA) ou le rapport financier semestriel (RFS), qui vont contenir les rapports des commissaires aux comptes, des rapports ESG et autres rapports d’activité et des différents comités, permettant aux investisseurs nationaux et étrangers d’avoir une information d’une exhaustivité jamais égalée au Maroc, gratuitement, accessible à tout moment et consultable de tout endroit.

Un petit tour sur le site des émetteurs montre qu’un travail a aussi été fourni sur les comptes rendus des Assemblées générales, permettant d’avoir une idée précise sur les votes des résolutions et donc mesurer «l’ambiance» des Assemblées générales, assemblées sur lesquelles les émetteurs sont d’ailleurs appelés à communiquer dans un délai de 15 jours. 

 

Standards internationaux, spécificités locales 

Cette circulaire, mise en consultation publique par l’Autorité de marché à deux reprises, prend en compte les doléances des émetteurs et des professionnels de marchés. Quelques centaines de commentaires ont été recueillis pendant cette période avant de produire un document final lancé par la suite dans le circuit réglementaire pour validation et publication. Dans leurs différentes sorties publiques récentes, les responsables de l’AMMC ont souvent insisté sur l’importance d’adapter cette réglementation aux spécificités de l’entreprise marocaine, au tissu économique et à la loi sur la société anonyme. 

Mais communiquer mieux demande aussi un effort de la part des émetteurs. Le champ du possible a été approfondi, ils doivent maintenant l’investir. D’abord sur les processus et les systèmes d’information pour remonter une information rapide et fiable pour les indicateurs trimestriels en l’occurrence.

Mais aussi, et surtout, sur les mentalités qui doivent évoluer. Communiquer n’est pas un coût. C’est un investissement. Communiquer mieux et de manière transparente évite aux entreprises les problèmes d’image et leur permet d’être mieux valorisées en Bourse. Communiquer est créateur de valeur. Cette nouvelle circulaire, censée apporter une mise à niveau de la place, a en effet pour principal obstacle le risque de réticence et de résistance au changement des concernés. 

 

Opérations financières : L’autre évolution réglementaire 

Les évolutions réglementaires récentes s’attaquent également aux opérations financières bien que ce volet soit moins médiatisé car il concerne les émetteurs en amont et leur relation au régulateur. Dans ce sens, la circulaire de l’AMMC s’est alignée sur les best-practices en mettant en place la notion de «prospectus» pour un ensemble d’opérations financières et en introduisant le principe de document de référence que les émetteurs peuvent constituer en vue de leurs éventuelles opérations.

Ce document allège l’émetteur en lui permettant de ne produire que les informations nécessaires à ses opérations et de les greffer à son document de référence pour générer un prospectus qui sera soumis au visa de l’Autorité. Utile pour les émetteurs qui multiplient les opérations sur le marché, les sociétés financières par exemple. Une flexibilité et un gain de temps qui n’enlèvent en rien à la quantité et à la qualité d’informations habituellement demandées pour ces opérations. 

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