À l’occasion de l’introduction en Bourse de CMGP, son PDG et fondateur, Youssef Moamah, revient sur les ambitions du groupe, son positionnement panafricain et sa résilience face au stress hydrique.
Propos recueillis par A. Hlimi
Finances News Hebdo : Nous réalisons cet entretien en plein roadshow de CMGP pour présenter l’opération d’introduction en Bourse aux investisseurs. Comment se déroule ce marathon ?
Youssef Moamah : Effectivement, nous sommes en pleine tournée pour rencontrer les investisseurs et leur présenter notre vision et nos ambitions. Jusqu’à présent, les échanges se passent très bien. C’est une période intense mais stimulante, car elle nous permet d’expliquer en détail notre métier et nos projets d’avenir.
F.N.H. : Pour nos lecteurs qui découvrent CMGP, pouvez-vous résumer les principales activités de votre groupe ?
Y. M. : CMGP est un groupe panafricain organisé autour de trois grands axes : l’agroéquipement, l’agrofourniture et les infrastructures de l’eau.
• Sur l’agroéquipement, nous proposons notamment des solutions d’irrigation sophistiquées et du matériel agricole, y compris des systèmes solaires.
• Pour l’agrofourniture, nous répondons aux besoins des agriculteurs en produits phytosanitaires, engrais, semences ou encore films plastiques.
• Enfin, sur les infrastructures de l’eau, nous produisons des canalisations pour l’adduction d’eau potable, l’irrigation agricole et l’assainissement, tout en développant des solutions de traitement de l’eau par osmose inverse.
F.N.H. : À qui s’adressent principalement vos produits et services ?
Y. M. : Nous travaillons avec des agriculteurs de taille moyenne à grande, mais aussi avec des installateurs et des revendeurs spécialisés dans l’agroéquipement. Notre modèle repose sur une offre globale et intégrée pour répondre aux besoins spécifiques de ces acteurs.
F.N.H. : L’introduction en Bourse prévoit en partie une augmentation de capital de 300 millions de dirhams. À quoi ces fonds seront-ils destinés ?
Y. M. : L’opération totale s’élève à 1,1 milliard de dirhams, dont l’augmentation de capital de 300 MDH. Cette enveloppe sera consacrée à deux axes principaux :
• L’augmentation de nos capacités industrielles, car l’intégration industrielle est au cœur de notre stratégie. Vous avez d’ailleurs pu le constater lors de la visite de nos sites de production.
• La croissance externe, qui a déjà démontré son efficacité. En cinq ans, nous avons réalisé quatre acquisitions, dont une majeure en 2021 avec le Comptoir agricole du Souss.
Cette stratégie nous a permis de doubler de taille. Nous poursuivons dans cette voie, en ciblant des métiers en forte croissance comme le traitement des eaux ou encore des segments où nous souhaitons renforcer notre leadership.
F.N.H. : Vous vous définissez comme un groupe panafricain. Quelle est votre présence en Afrique et quels sont vos projets dans cette région ?
Y. M. : Nous sommes présents directement dans quatre pays : le Sénégal, la Côte d’Ivoire, la Mauritanie et le Ghana. Au Sénégal, où nous sommes implantés depuis 2020, nous avons déployé notre modèle «one-stopshop», offrant une gamme complète de produits et services pour l’agriculture. Dans d’autres pays, comme la Mauritanie, nous sommes encore au stade de projets, tandis qu’au Ghana, nous avons commencé par l’agrofourniture. Au-delà de ces présences directes, nous exportons vers une dizaine de pays africains depuis le Maroc ou à partir de nos hubs régionaux comme celui du Sénégal, qui nous permet de desservir des marchés comme le Mali et la Gambie.
F.N.H. : Votre activité repose en grande partie sur l’eau, un enjeu crucial au Maroc et en Afrique. Comment gérez-vous le stress hydrique qui impacte l’agriculture ?
Y. M. : L’eau est effectivement au centre de nos préoccupations. Le Maroc traverse un cycle de sécheresse inédit qui dure depuis plus de six ans. Malgré cette situation, le pays a su faire preuve d’une résilience remarquable, notamment grâce à des politiques nationales visionnaires qui ont permis d’éviter les pénuries graves d’eau potable et de produits agricoles. Chez CMGP, nous travaillons principalement avec l’agriculture moderne, qui est moins directement affectée par les aléas climatiques. Nous contribuons également à optimiser l’utilisation de l’eau avec des solutions d’irrigation précises et innovantes.
F.N.H. : Quels sont vos objectifs à moyen terme pour CMGP ?
Y. M. : Nous avons une ambition claire : être leader sur nos segments de marché, que ce soit par la croissance organique ou externe. Nous continuerons à investir dans des métiers à forte valeur ajoutée comme le traitement des eaux et les énergies renouvelables, tout en poursuivant notre expansion en Afrique et en consolidant notre position sur le marché marocain.
F.N.H. : Un dernier mot pour les investisseurs ?
Y. M. : Notre introduction en Bourse marque une étape importante pour CMGP. Nous offrons une opportunité de participer à l’essor d’un groupe innovant, résilient et engagé dans des secteurs stratégiques pour l’avenir de notre pays et de l’Afrique. Nous avons une vision claire et les moyens de nos ambitions.