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Bourse : plaidoyer pour un changement de rythme des IPO

Bourse : plaidoyer pour un changement de rythme des IPO

À l’occasion de l’introduction en Bourse de Vicenne, sursouscrite 64 fois, Younès Benjelloun, Directeur général de CFG Bank, a livré sa vision d’un marché en transition et esquissé l’ambition d’une Bourse capable de soutenir une introduction par mois.

 

Par Y. Seddik

Présent à la cérémonie de cotation de Vicenne, Younès Benjelloun, Directeur général de CFG Bank, n’a pas parlé chiffres. Mais d’écosystème. De transformation structurelle. Et d’un «dernier centimètre» que peu d’entreprises marocaines osent encore franchir. Alors que l’IPO de Vicenne affichait une sursouscription record de 64 fois, le banquier d’affaires a pris du recul.

Pour lui, le plus marquant dans cette opération n’est pas son ampleur, mais le fait qu’elle révèle d’un changement profond dans le tissu économique du pays «Ce que je retiens, c’est l’émergence d’un nouvel écosystème. On observe de plus en plus d’entreprises qui changent de mentalité, qui se structurent, qui pensent marché», indique-t-il.

Younès Benjelloun décrit un schéma intéressant en trois temps : une entreprise développe d’abord son activité de façon organique. Puis elle ouvre son capital à un fonds (ici, Amethis en 2018) pour financer son changement d’échelle. Et enfin, quand la gouvernance est prête et les fondamentaux solides, elle se tourne vers le marché.

«Ce qui est remarquable dans le cas Vicenne, c’est la patience des acteurs. L’entreprise a pris sept ans entre l’entrée d’Amethis et l’IPO. Ce n’est pas courant. Et c’est une preuve de maturité», précise le banquier d’affaires. Pour lui, cette chronologie est vertueuse. Elle montre qu’on n’est plus dans une logique d’introduction opportuniste, mais dans une construction de valeur long terme.

 

D'une IPO par an à une par mois ?

Benjelloun l’affirme : la dynamique est bel et bien enclenchée. Le succès de Vicenne crée un précédent tangible et reproductible, et son effet d’entraînement est déjà perceptible. «La première semaine de janvier, après une précédente IPO réussie, j’ai reçu dix appels d’entreprises disant : ‘Je veux y aller moi aussi’», révèle-t-il. Ce qu’il entrevoit, c’est un changement de paradigme. La Bourse de Casablanca, longtemps marquée par un flux très limité de nouvelles introductions, pourrait s’industrialiser en matière de cotations.

«Aujourd’hui, nous sommes à un rythme d’une IPO par an. Je pense qu’on peut très vite passer à trois par an. Et le rêve, ce serait une par mois», espère Y. Benjelloun. Ce rythme transformerait en profondeur le rôle de la Bourse dans l’économie marocaine. Une introduction en Bourse chaque mois créerait un flux continu de nouvelles sociétés à la cote en favorisant une diversification sectorielle aujourd’hui encore limitée. Cela renforcerait mécaniquement la liquidité sur le marché secondaire, en l’élargissant et en la rendant plus homogène. Ce serait aussi l’opportunité, pour des entreprises de taille intermédiaire, souvent écartées des circuits de financement traditionnels, d’accéder durablement au capital. Et surtout, cela permettrait à la Bourse de mieux refléter la réalité productive du pays.

«C’est ça le véritable enjeu : que la Bourse représente l’économie réelle, pas seulement un segment figé et surreprésenté», souligne le DG de CFG Bank, qui rappelle d’ailleurs que plusieurs secteurs majeurs restent absents de la cote, notamment l’automobile et le textile. Or, si des entreprises suivent le modèle Vicenne (structuration, financement en private equity, puis IPO), alors le marché peut rapidement changer d’échelle, en profondeur. En clair, Younès Benjelloun envoie un signal aux entreprises : la Bourse n’est plus un club fermé. Et l’exemplarité de Vicenne, entreprise industrielle issue du secteur de la santé, en est la preuve.

«On ne veut pas des entreprises qui viennent en Bourse pour cocher une case. On veut celles qui viennent pour grandir, créer de l’emploi, investir, et construire un partenariat avec leurs actionnaires», affirme-t-il. In fine le banquier appelle les régulateurs, les conseils et les acteurs de marché à soutenir cette dynamique. Le socle est en place : la réglementation, les investisseurs, la liquidité. Reste à multiplier les exemples concrets. «Le succès de Vicenne, c’est un tournant. À nous tous de faire en sorte que ce ne soit pas une exception, mais le début d’une série», conclut-il. 

 

 

 

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