Les valeurs cycliques ont bien progressé cet été avant la publication de leurs résultats semestriels, provoquant des réactions mitigées. Faut-il pour autant enterrer la thématique Value ?
Par A. Hlimi
Profitant de flux acheteurs bien nourris pendant les mois d'août et septembre, l'indice Masi a pris 6,27% au cours du troisième trimestre, sur fond de publications trimestrielles, puis semestrielles globalement en ligne avec les attentes des analystes. Les souscriptions auprès des OPCVM ont également entretenu la hausse des actions sur fond de taux bas. Désormais, le MASI se trouve à quelque 200 points au-dessus de ses sommets de 2020, et tout début de correction provoque des sueurs froides chez les investisseurs. En filtrant par les volumes, ce sont les secteurs cycliques qui ont le plus profité des flux durant cet été.
L'immobilier, le BTP, les bancaires ou encore les assurances, l'énergie et la distribution automobile ont été les plus recherchés. En revanche, le marché s'est montré plus réservé et sélectif sur les dossiers défensifs, à l'image de Maroc Telecom et l'agroalimentaire. Mais la saison des semestriels s'est mal terminée pour les cycliques, avec des réactions parfois violentes face aux publications.
Sonasid est l'exemple le plus significatif, avec un marché qui a sanctionné les risques futurs sur les marges de manière agressive, sans s'attarder sur des résultats semestriels largement supérieurs aux attentes. Les immobilières ont également subi le même sort, même si elles présentaient des indicateurs certes en redressement. Mais qui restent bien en deçà des niveaux d'avant-crise. Les analystes financiers ne manquent pas de le rappeler d'ailleurs dans leurs notes de recherche : le secteur est celui qui est le plus en retard par rapport aux performances d'avant crise.
Est-ce la fin de la Value ?
Dans une étude récente publiée cette semaine, les équipes de la DEPF, relevant du ministère des Finances, ont effectué un travail fouillé sur la rotation sectorielle de cash au niveau de la Bourse de Casablanca entre 2007 et aujourd'hui. L'une de leurs conclusions est que «les avancées enregistrées en matière de vaccination contre la pandémie et son corollaire, l’assouplissement significatif des mesures de restriction à la mobilité, ainsi que le lancement effectif du plan de relance de l’économie nationale sont autant de facteurs qui pousseront les investisseurs à se positionner sur des segments cycliques dans le futur proche».
Une conclusion qui se justifie également par le manque d'alternatives sur le marché des capitaux. Selon la même source, des rotations sectorielles se sont opérées, à différents degrés et à différents moments, durant ces douze dernières années. Elle indique, également, que les secteurs cycliques ont cédé du terrain aux secteurs défensifs durant les phases de décélération de l’activité économique nationale en 2010-2011, 2013-2014 et 2019-2020. La rotation la plus marquée a été observée en 2010-2011, avec une surpondération des secteurs défensifs à raison de 95% en moyenne.
En 2020, le déclenchement de la crise sanitaire a ravivé, quoique pour une durée très courte, l’intérêt des investisseurs pour les secteurs défensifs. Mais la rotation en faveur des secteurs cycliques a repris de manière significative à partir du dernier trimestre de l’année 2020, sur fond d’optimisme économique et du retour progressif à la normale de l’activité dans son ensemble.
La thématique «retour à la normale» est implémentée dans les portefeuilles depuis le début de cette année et qu'aucune rotation à la faveur des défensives n'a été opérée jusqu'à juin. Si l'on ajoute à cela les derniers éléments conjoncturels, liés notamment aux chiffres de la croissance, au rebond des économies partenaires et les taux bas, on peut imaginer, et comme l'écrit la DEPF, que «l’intérêt pour le placement axé sur les secteurs cycliques devrait se poursuivre pour le reste de l’année 2021». Le déploiement du plan de relance devrait à son tour profiter à une revalorisation des secteurs cycliques, alors que les titres de croissance commencent à afficher des niveaux de valorisation élevés.