Dans l'histoire récente de la Bourse de Casablanca, le mois de janvier a été souvent profitable. Mais cette anomalie statistique peine à se vérifier lorsqu'on remonte à avant l'an 2000. Les raisons sont à chercher du côté de la professionnalisation des opérateurs. Décryptage.
Les travaux réalisés sur les marchés boursiers des pays développés sont unanimes : ils montrent tous l’existence de ce fameux «effet janvier». Les rentabilités boursières y sont, en moyenne, plus élevées que durant les autres mois de l'année. Cela n'a rien de divin, car après le grand toilettage du mois de décembre, les comités d'investissement se réunissent et décident de leur politique de placement pour l'année entrante. Cela se traduit par de nouvelles positions boursières, et quand tout le monde agit selon le même calendrier, cela provoque une hausse des cours. Au Maroc, cet effet se constate depuis 2003, mais à plus long terme, cette anomalie statistique a tendance à se tarir. «Sur la période allant de janvier 1996 à décembre 2000, l'équation de régression permettant de détecter l’existence d'un effet janvier à la Bourse de Casablanca indique l'absence significative de ce phénomène», explique le chercheur Khalid Bakir, du laboratoire d'économie de l'université d'Orléans. Ce dernier, qui s'est spécialisé dans l'étude des comportements boursiers des pays émergents, affirme également, dans une étude, que l'absence d'un effet janvier est un phénomène courant dans les Bourses des pays moins développés en Afrique comme en Asie.
Mais le marché se professionnalise
Si cette donnée statistique ne se vérifie pas avant 2003, le contraire s'observe sur les 13 dernières années. En effet, 3 années seulement ont enregistré un mois de janvier baissier avec, à chaque fois, une année boursière dans le même sens. Pendant les années fastes de la Bourse de Casablanca, entre 2003 et 2008, tous les mois de janvier étaient en hausse. Ainsi, en se basant sur cette simple observation empirique, le mois de janvier a une probabilité de 76% de finir en hausse, et ce pour les mêmes raisons évoquées plus haut. Ainsi, détenir des actions entre janvier et mai et rester liquide le reste de l'année, peut entraîner une profitabilité supplémentaire de 7 à 10% sur les portefeuilles. Une donnée utile pour les investisseurs particuliers, mais un luxe inatteignable pour les OPCVM incapables de répliquer de telles stratégies.
Adil Hlimi