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Bourse de Casablanca : Un petit pas de franchi, rien de plus

Bourse de Casablanca : Un petit pas de franchi, rien de plus

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Si l’ouverture du capital de la Bourse était attendue par les acteurs du marché, il n’en demeure pas moins vrai qu’elle n’est qu’une petite étape dans le processus des réformes du marché financier.

La présence relativement faible des compagnies d’assurances et l’absence des sociétés de gestion d'OPCVM dans le tour de table suscitent des questions légitimes. Les intervenants du marché espèrent maintenant que les autres réformes suivront rapidement (marché alternatif, cotation des fonds…).

C’est fait. Le marché financier marocain vient de poser un pas de plus dans son processus de réforme à travers l’ouverture du capital de la Bourse de Casablanca. Vingt-deux ans après la der­nière grande réforme du mar­ché boursier qui a vu naître la Société de Bourse des Valeurs de Casablanca, société privée gestionnaire de la Bourse des Valeurs, qui a par la suite changé de dénomination en 2000 pour devenir Bourse de Casablanca, ce ne seront plus désormais les 17 sociétés de Bourse (SDB), dont certaines sont indépen­dantes et d’autres adossées à des banques, qui seront les maîtres des lieux. La géographie du capital a foncièrement changé avec l’arrivée des établissements de crédit, des compagnies d’as­surances, du bras financier de l’Etat, à savoir la Caisse de dépôt et de gestion, et de Casablanca Finance City Authority aux côtés de quelques sociétés de Bourse indépendantes (voir page12). Il faut le dire, cette réforme de l’institution était très attendue, l’idée sous-jacente étant d’en améliorer la gouvernance et de lui insuffler une nouvelle dyna­mique. Et a priori, cette ouverture du capital de la Bourse, même si ce n’est qu’une étape, reste bien accueillie par le marché. «Je pense qu'à travers cette opéra­tion, l'Etat a voulu reprendre la main sur le dossier de la Bourse, en s'appuyant sur les banques. En particulier, plusieurs dossiers importants comme le CFC ou le partenariat avec la BERD néces­sitaient une mise à niveau de la Bourse. Implicitement, ceci est aussi une manière de lancer une stratégie plus agressive, notam­ment dans le volet de cotation de nouvelles sociétés», explique Farid Mezouar, expert des mar­chés financiers et directeur du site Flm.ma.

Il reste néanmoins que ce qui semble être le résultat d’une démarche consensuelle, légi­time quelques interrogations, notamment quant à la struc­ture de l’actionnariat. Si pour le patron d’une société de Bourse qui souhaite garder l’anonymat «l’Etat a voulu mettre dans l’ac­tionnariat tous ceux qui étaient intéressés», tout en notant que «contrairement à ce qui exis­tait auparavant, il a voulu impli­quer les banques en en faisant des actionnaires directs», Farid Mezouar, pour sa part, a une analyse autre. Selon lui, «proba­blement, pour la répartition du capital, ça s'est joué au lobbying car, en plus de la faible présence des assurances, nous pouvons aussi penser à l'absence des sociétés de gestion d'OPCVM ainsi que des personnes phy­siques (pas de projet de cota­tion annoncé). Surtout, certaines banques seront doublement représentées vu l'importance de leur société de Bourse».

Un petit pas, en attendant…

«Il faudrait que la Société gestionnaire de la Bourse de Casablanca, qui gère un mono­pole naturel et a une prérogative de puissance publique, sorte de son cadre mutualiste pour adopter un statut qui va lui per­mettre de se déployer à l’inter­national». C’est ce que disait il y a quelques mois Fouzia Zaâboul, directrice du Trésor et des Finances extérieures. Une partie de son plaidoyer s’est concrétisée. Reste maintenant le déploiement à l’international. Ce qui est une autre affaire. Car, pour l’instant, l’ouverture du capital de la Bourse n’est qu’une petite étape de franchie dans un processus de réformes plus globales, qui tardent à être mises en place. «Cette opé­ration, qui n’est que l’appli­cation d’un texte de loi, n’est pas une garantie de reprise de l’activité au niveau du marché boursier et on ne peut apprécier sa pertinence tant qu’elle n’est pas accompagnée d’actions concrètes», avertit notre patron de société de Bourse. «Ce qui nous intéresse, c’est que ce schéma réussisse et que la Bourse se développe pour que l’on fasse du business», note-t-il. Toutes choses égales par ailleurs, ce doit être le souci de tous les actionnaires de la Bourse de Casablanca. Et selon Mezouar, «pour les Banques, la Bourse peut être rentable en cas d'augmentation des volumes d'échange, comme le montre le cash de 700 MDH cumulé au fil des années», tout en relevant que «comme pour le CMI ou Maroclear, les banques cherchent à être influentes dans tous les métiers connectés aux services bancaires».

Néanmoins, «il faut aller vite et mettre rapidement en place les réformes préconisées (ETF, marché alternatif, cotation des fonds…), sans quoi, au regard de la vitesse à laquelle évo­luent les marchés financiers, la loi sera vite dépassée», estime notre patron de SDB.

Ces réformes devraient en effet permettre au marché de gagner en profondeur et d’être autre­ment plus liquide, mais éga­lement d’évoluer au sein d’un environnement qui lui donne les moyens de mettre en place une industrie boursière forte. Surtout, elles consolideraient l’ambition de la Bourse de Casablanca de devenir une place régionale de référence pour l’Afrique du Nord et de l’Ouest.

Pourtant, avec les politiques, il va falloir s’armer d’une bonne dose de patience, au regard notamment des longs délais nécessaires à l’adoption des textes de loi, ce qui constitue évidemment un boulet à la flui­dité des affaires.

Quelle valorisation pour la Bourse ?

La question relative à la valorisation de la Bourse devrait être tranchée le 15 décembre courant. «La valorisation pouvait poser un problème qui a pu être résolu par la distribution au préalable des réserves qui constituent l'essentiel des actifs, vu que la concession n'avait pas été renouvelée par l'Etat. Ainsi, tous les actionnaires participeront probablement au capital au même prix via son augmentation», explique Mezouar.

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