Le plan stratégique de développement 2012-2015 du groupe BMCE Bank s’achève sur de très bons résultats semestriels, avec un RNPG record de 1,06 milliard de DH. Les objectifs de rentabilité, d’efficacité opérationnelle, de sinistralité et de parts de marché ont globalement été atteints. De quoi préparer sereinement le prochain plan stratégique.
1,06 milliard de dirhams. C’est le montant du résultat net part du groupe (RNPG) de BMCE Bank à l’issue du premier semestre 2015, en hausse de 18,1% par rapport au premier semestre 2014. Jamais la banque bleue n’avait réalisé pareil bénéfice en 6 mois. Mais à en croire le management de la banque, le franchissement de la barre symbolique du milliard de dirhams n’a rien «d’exceptionnel». Cette performance s’inscrit en effet dans la tendance haussière des résultats financiers du groupe depuis le lancement du plan stratégique de développement 2012-2015 (PSD).
Il est vrai que sur la période 2011-2015, la rentabilité du groupe présidé par Othman Benjelloun est allé crescendo, avec une croissance moyenne de son RNPG de 20% (le RNPG a doublé sur la période du PSD). Conséquence : le ROE, soit la rentabilité des capitaux propres, s’établit à fin juin 2015 à 13,9%, contre seulement 8,7%, à fin juin 2011 et 12,7% à fin juin 2014.
Le management du groupe bancaire souligne également que l’ensemble des lignes métiers ont contribué positivement au RNPG : +14% pour la Banque au Maroc à 510 millions de DH, +17% pour les activités africaines (297 millions de DH), +49% pour les activités européennes qui se redressent considérablement (83 millions de DH), +5% pour les services financiers spécialisés (Salafin, Maghrebail, etc.) et +61% pour la gestion d’actifs. A fin juin 2015, la structure du RNPG est de 64% pour les activités au Maroc, 28% en Afrique et 8% en Europe. BIH, la holding qui contrôle les activités madrilènes et londoniennes, devient donc le troisième centre de profit du groupe. «En 2008-2009, les activités européennes de la banque détruisaient de la valeur», rappelle-t-on chez BMCE Bank.
«Qualité du PNB»
Sur le plan du produit net bancaire (PNB), les dirigeants du groupe affichent également leur satisfaction, tant au niveau de la performance qu’au niveau de sa structure. Ainsi, à fin juin 2015, le PNB consolidé s’inscrit en hausse de 5,8% par rapport à l’année précédente à 5,8 milliards de DH. Depuis le lancement du PSD en 2012, le taux de croissance annuel moyen est de 10%. «On constate une évolution positive de ce qu’on appelle la qualité de notre PNB», souligne Brahim Benjelloun-Touimi, administrateur-Directeur général délégué de BMCE Bank. La marge d’intérêts augmente sur 1 an de 12%, et celle des activités génératrices de commissions s’apprécie de 10%. A fin juin, le core business (marge d’intérêts et marge sur commissions) représente 87% du PNB consolidé. «Nous avons beaucoup travaillé sur les commissions», indique M'Fadel El Halaissi, DG de la banque corporate chez BMCE Bank. «Il ne s’agit en aucun cas de commissions sur les particuliers. Nous avons développé les commissions d’ingénierie financière, notamment à l’international, par l’accompagnement de plusieurs projets d’infrastructures (commission de syndication, d’études, etc.). A l’avenir, les commissions vont prendre plus de poids dans le PNB, à l’image de ce qui se fait dans les grandes banques internationales», précise-t-il.
L’efficacité opérationnelle est également en amélioration. Le coefficient d’exploitation est passé en 4 ans de 60 à 55%, atteignant déjà le niveau cible établi pour fin 2015. Les charges ont certes augmenté, en lien avec l’ouverture d’agences (une trentaine au Maroc) et la mise en place de projets internes d’envergure (industrialisation du back-office, augmentation des synergies intragroupe, etc.), mais à un rythme moins élevé que le PNB. «En quatre années, nous travaillons avec moins de collaborateurs, malgré la hausse de la taille de notre bilan et celle du nombre d’agences», se félicite-t-on chez BMCE Bank.
Autre motif de satisfaction, et non des moindres : le coût du risque consolidé repart à la baisse. A fin juin 2015, il ressort à 807 millions de DH en baisse de 24% par rapport à fin juin 2014. «Les reprises ont été vives. Le recouvrement au Maroc a augmenté de 80%», explique le management de la banque bleue, grâce notamment à l’activité de la filiale RM Experts. Mais pas uniquement : «c’est une stratégie de groupe», souligne Mamoun Belghiti, président de RM Experts. «Cette stratégie est suivie par un comité de recouvrement présidé par Othman Benjelloun, qui réunit tous les DG du groupe», poursuit-il. Sur la période du PSD, la sinistralité est quasi stable. A fin juin 2015, le taux de sinistralité de BMCE Bank se chiffre à 6,6%. Le ratio coût du risque s’établit quant à lui à 1% en juin 2015, contre 0,9% en juin 2011.
Les crédits toujours au ralenti
L’activité au Maroc a encore dû faire face à l’atonie du crédit. «Il y a un ralentissement très clair de la demande des entreprises», souligne B. Benjelloun Touimi. «Les dépôts croissent plus vite que les crédits, ce qui est exceptionnel», ajoute-t-il. Malgré cette tendance, BMCE Bank SA fait mieux que le marché, avec une hausse de l’encours des crédits de l’ordre de 2% par rapport à fin juin 2014 (+0,2% pour le secteur). BMCE Bank SA revendique une hausse de sa part de marché des crédits de 0,21% à 14,08%, proche de l’objectif cible du PSD. Quant à la part de marché des ressources globales, elle progresse de 0,69% à 14,77% à fin juin 2015. «Nos PDM Maroc et Afrique sont en hausse tout en respectant les ratios de solvabilité et de liquidité», précise le management de la banque. A fin juin 2015, le PNB social progresse de 2,5% à 3 milliards de DH et résultat net social dépasse les 900 millions de DH, en hausse de 12,1% grâce à une meilleure maîtrise des charges d’exploitation et une baisse du coût du risque au Maroc (-3%). Le taux de sinistralité de la banque au Maroc est de 6% et reste inférieur à celui du secteur (7,58%).
Le Plan 2016-2020 sur les rails
Un cycle s’achève à la BMCE avec la fin du PSD 2012-2015. Globalement, les objectifs fixés ont été atteints. Il s’agit maintenant de définir les prochains objectifs stratégiques de la banque. «Le plan 2016-2020 est sur les rails», précise-t-on à la BMCE. Ce plan sera très vraisemblablement orienté sur le marché de la TPME et des entrepreneurs individuels. La lutte sera rude sur ce segment puisque les deux autres majors du secteur, à savoir Attijariwafa bank et la Banque Populaire, y ont également mené une offensive.
Amine Elkadiri