Les perceptions actuelles du marché de l’assurance en Afrique ont été dévoilées par le premier baromètre, réalisé mai courant. La solidité du marché africain s’est fortement améliorée, notamment grâce à une réglementation plus stricte et au succès grandissant de la bancassurance. Après l’Afrique du Sud, le Maroc occupe la seconde position dans le continent, et ce grâce à l’assurance Vie.
A l’occasion de la 43ème conférence annuelle de l’OAA, tenu récemment à Marrakech (www.financenews.press.ma) Shanz de Alms et Company, une société de conseil basée à Zurich et spécialisée dans l’assurance/réassurance mondiale, a présenté le premier baromètre de l’assurance en Afrique. La majorité des sondés, des cadres dirigeants, estime que l’essor économique de l’Afrique et la croissance consécutive de son marché de l’assurance, qui est sensiblement supérieure à la moyenne mondiale, constituent les principaux atouts de la région. «La solidité du marché s’est fortement améliorée, notamment grâce à une réglementation plus stricte et à une distribution plus vaste des produits d’assurance en raison du succès grandissant de la bancassurance et de la téléphonie», explique Shanz.
Avec une progression estimée à 3,5% cette année contre 5% un an auparavant, l’Afrique subsaharienne reste l’une des régions affichant le taux de croissance le plus rapide dans le monde en 2015. Selon les prévisions, le PIB de l’Afrique du Nord devrait augmenter plus lentement (2,5%) en raison de l’instabilité politique, des importants déficits budgétaires et de la baisse du prix du pétrole.
A noter que la baisse des prix du pétrole devrait diminuer la croissance du PIB des pays exportateurs de pétrole d’Afrique subsaharienne de 0,75 point de pourcentage en moyenne. Au Nigéria, la principale économie de la région, la progression du PIB en 2016 devrait être inférieure de 2,5 points de pourcentage à celle de 2015. Force est de constater que la baisse du prix du pétrole ne bénéficie que marginalement à la plupart des 37 pays subsahariens importateurs de cette matière première. «Dans un pays moyen dont les importations de pétrole représentent quelque 20% des importations totales et 7% du PIB, une forte diminution des prix du pétrole permet indéniablement de réaliser des économies substantielles. Toutefois, nombre de ces pays dépendent énormément des exportations d’autres matières premières, telles que l’huile de palme, le bois et les métaux, dont les prix ont, eux aussi, sensiblement fléchi depuis 2014», tient à rappeler le responsable de Alms et Company. Autre élément important élucidé : la dépréciation monétaire qui constitue un risque majeur pour la croissance économique et la stabilité politique. A rappeler qu’en 2015, la décision de la Banque Populaire de Chine de dévaluer le Yuan pour stimuler la compétitivité des exportations chinoises a aggravé davantage la situation des pays africains qui dépendent des exportations de pétrole et de minerais vers la Chine.
Le taux de croissance de 3,5% prévu en 2016 et en 2017 indique que les prévisions demeurent solides pour les pays d’Afrique du Nord, mais l’instabilité politique et sociale grandissante y représente un risque majeur pour la croissance économique. Il ressort du sondage que malgré les difficultés, les perspectives à moyen et long terme restent positives pour la plupart des pays africains et sont soutenus par une hausse des revenus disponibles de la classe moyenne émergente.
L’Afrique du Sud prédomine
Chiffres à l’appui : en 2014, le volume des primes d’assurance en Afrique totalisait 69 milliards de dollars US, contre 72 milliards de dollars US en 2013. Le total des primes découle aux deux tiers de l’assurance Vie et pour un tiers environ de l’assurance non Vie. L’Afrique du Sud supplante les marchés d’assurance africains : sa part représentait 71% du total des primes, et 40% de l’assurance non Vie.
A cette même date, les dix principaux marchés sont (Afrique du Sud, Maroc, Egypte, Nigéria, Kenya, Algérie, Angola, Namibie, Tunisie et Maurice). Selon le baromètre, le Kenya a enregistré la plus forte croissance des primes nominales, à savoir 20% (12% après correction de l’inflation), tandis que l’Afrique du Sud, qui est le plus grand marché, a progressé de 1% sur la même période.
L’assurance Vie, qui constitue l’essentiel des primes d’assurance en Afrique, a progressé plus lentement en Afrique que dans le reste du monde (3,4% en 2014). A l’exception de l’Afrique du Sud, les marchés africains de l’assurance Vie sont très petits et seuls cinq autres pays avaient un marché de plus de 500 millions de dollars US en 2014. Dans le top-ten, le Maroc, dont les primes d’assurance Vie ont affiché une forte croissance, occupe le second rang.
Pour ce qui est de la non-Vie, hors Afrique du Sud, les primes d’assurance s’établissaient à 13,8 milliards de dollars. Loin derrière l’Afrique du Sud, le Maroc, l’Algérie, le Nigéria, le Kenya, l’Egypte et l’Angola sont les plus grands marchés non Vie, dont la taille individuelle dépasse 1 milliard de dollars.
L’assurance au Maroc en quelques chiffres
Comme l’a si bien signalé Othman El Alamy, Directeur général au sein de la DAPS, le Maroc occupe le 2ème marché en Afrique et le 3 ème dans la région MENA. Le réseau de distribution du secteur est composé de 392 bureaux directs, 1.901 intermédiaires d’assurances (147% agents et 425 courtiers) et 5.670 points de vente dans le cadre de la bancassurance. En 2015, les primes émises ont atteint 3.136 millions de dollars. En matière de réglementation, en dehors des textes existants, des projets sont en cours tels que celui modifiant le code des assurances (cadre prudentiel et de gouvernance, takaful, obligation TRC/RCD), soumis aujourd’hui, à la première chambre du Parlement. On peut citer également le projet de loi sur la couverture des catastrophes naturelles, présenté également à la 1ère chambre du Parlement et celui relatif au livre IV soumis actuellement au Secrétariat général du gouvernement.
Soubha Es-Siari