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Banques/Risques : La menace insidieuse des délais de paiement

Environnement des risques : La menace insidieuse des délais de paiement

 

En 2018, les défaillances d’entreprises vont beaucoup moins augmenter qu’en 2017.

- L’allongement des délais de paiement interentreprises est une véritable bombe à retardement.

 

 

L’environnement des affaires s’est amélioré au cours de l’exercice 2017, à la faveur notamment du redressement de l’économie, avec un taux de croissance de 4% contre 1,2% en 2016.

Ce contexte globalement favorable a permis à certains secteurs mal en point ces dernières années (immobilier, BTP, sidérurgie…) de mieux se comporter, quand bien même cela n’a pas empêché les défaillances d’entreprises d’augmenter en 2017.

«Les défaillances d’entreprises ont enregistré une croissance très significative en 2017 comparativement à l’exercice 2016, induite notamment par deux évènements conjoncturels spécifiques, à savoir la faiblesse de la saison pluviométrique en 2016 (qui a accéléré les défaillances d’entreprises en fin d’année 2016 et au premier semestre 2017), mais également le blocage gouvernemental survenu entre octobre 2016 et avril 2017, le fort ralentissement de la commande publique et du rythme de recouvrement auprès des entreprises publiques ayant eu pour effet d’assécher les liquidités d’un nombre substantiel d’entreprises privées, particulièrement celles de petite et moyenne taille», explique Hicham Bensaid Alaoui, directeur des risques, de l’information, des sinistres et du recouvrement chez Euler Hermes Acmar.

 

Taux de contentialité en baisse

 

Même si les défaillances d’entreprises ont augmenté en 2017, le taux de contentialité au Maroc a, lui, baissé en parallèle. Les statistiques du Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM) font en effet ressortir, à fin juin 2017, un taux de contentialité de 7,58%, après avoir frôlé la barre des 8% (7,91%) en 2016, soit pratiquement 62 Mds de DH.

Par ailleurs, les derniers chiffres publiés par Bank Al-Maghrib montrent que la hausse des créances en souffrance s’est limitée à 1,1% contre 3,3% en octobre dernier et leur ratio au crédit bancaire est demeuré quasi-stable à 7,6%. Celles des entreprises non financières privées ont reculé de 1,2% contre une augmentation de 0,2%, alors que celles des ménages se sont accrues de 9,6% au lieu de 11,6% un mois auparavant.

Cette tendance va-t-elle pour autant se poursuivre ? Difficile de le dire. Car, même si la maîtrise et le bon pilotage des risques sont érigés en priorité par les banques, la hausse des créances en souffrance reste étroitement corrélée à la conjoncture nationale.

L’année 2018 devrait ainsi connaître un taux de croissance moindre (2,8% prévu par le haut-commissariat au Plan) que celui enregistré en 2017, en lien notamment avec les retombées attendues de la campagne agricole. Parallèlement, l’environnement des affaires risque d’être sérieusement plombé par la problématique des délais de paiement. «L’allongement des délais de paiement, particulièrement ceux entre entreprises, est un facteur de risque important», nous confie Ahmed Rahhou, PDH de CIH Bank.

En 2016, les flux interentreprises bloqués étaient estimés entre 200 et 300 Mds de DH.

Sur un autre registre, en termes de défaillances d’entreprises, l’exercice 2018 pourrait être plus clément. En effet, estime Alaoui, «eu égard à l’amélioration, en 2017, des deux éléments précédemment cités, avec une saison pluviométrique de meilleure facture et une certaine reprise de la commande publique, nous anticipons des défaillances, certes toujours en croissance, mais en augmentation sensiblement inférieure à celle enregistrée en 2017 (autour de 10%)».

En cela, «les secteurs qui risquent d’être les plus touchés par les défaillances pourraient être ceux du BTP et de la distribution, eu égard, principalement, au tarissement de la demande dans le cas du premier secteur et à une trop grande concurrence et une insuffisance de différenciation dans le cas du second. Ceci évoqué, il demeure bien entendu acquis que des défaillances majeures d’entreprises puissent concerner des secteurs distincts et a priori sains et porteurs», fait remarquer Alaoui.

Mais, dans tous les cas, et quelle que puisse être la conjoncture, les banques continueront à financer l’économie nationale. «Il serait trompeur d’établir un parallèle entre défaillances d’entreprises et  tarissement du financement bancaire. De fait, en 2017, année marquée, comme indiqué ci-dessus, par une croissance historique des défaillances d’entreprises, le financement bancaire a paradoxalement substantiellement augmenté de son côté», note Alaoui.

En effet, selon Bank Al-Maghrib, le crédit bancaire au secteur non financier a continué de s’améliorer modérément, avec en particulier une légère reprise des prêts aux entreprises privées. Son rythme a atteint 5,2% à fin octobre et terminerait 2017 à 4,5%. Pour les deux prochaines années, le rythme du crédit bancaire au secteur non financier devrait se situer autour de 5%, prévoit la Banque centrale. ■

 

 

Risques transfrontaliers : BAM veille au grain

Les risques provenant des activités bancaires transfrontalières font l’objet d’une surveillance renforcée. C’est ce qu’indique la Banque centrale dans son rapport annuel sur la supervision bancaire. Ainsi, «outre des actions de contrôle, la Banque procède à un suivi régulier des chantiers menés par les trois groupes bancaires implantés sur le continent africain à l’effet de déployer des normes groupe en matière de gestion des risques, de contrôle et de conformité», note le rapport. La Banque a aussi veillé à rehausser son propre dispositif de surveillance sur le plan organisationnel, méthodologique et des ressources. De même, «le cadre de coopération avec les autorités de supervision hôtes a également été élargi. Deux nouvelles conventions ont été signées et deux autres, précédemment conclues, ont été révisées à l’effet de couvrir la coordination en matière de résolution de crises», ajoute BAM.

 

Les banques face à la concentration des risques

De manière générale, l’un des risques majeurs afférents aux banques demeure celui de la concentration des risques, qu’il s’agisse de concentration de risques envers un groupe d’entreprises apparentées ou envers un secteur d’activité particulier. «Des efforts certains ont été déployés par la plupart des banques marocaines en vue d’améliorer leurs fondamentaux en rapport avec cette problématique de concentration des risques, mais la marge de progression demeure importante», précise Hicham Bensaid Alaoui. Non sans souligner que «tant que de tels risques systémiques seront présents, à des niveaux parfois critiques, la résilience de certaines banques marocaines restera sujette à caution et, de ce fait, il sera difficile d’évoquer rationnellement des faisceaux tendant vers une amélioration de l’environnement de risque dans sa globalité».

D’ailleurs, Bank Al-Maghrib reste très attentive au risque de concentration des crédits encouru par les banques. La Banque centrale a, en effet, édicté de nouvelles normes dans l’objectif de renforcer la transparence financière des grands groupes d’entreprises vis-à-vis des établissements prêteurs. Dans le même sens, elle a appelé les banques à convenir d’une charte de consortialisation des crédits à compter d’un seuil prédéterminé.

 

 

D. William

 

 

 

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