Évolution de l’activité en 2021, démarrage du Takaful, problématique des dépôts, perspectives…, le point avec Mouna Lebnioury, Directeur général de Bank Al Yousr.
Propos recueillis par Y. Seddik
Finances News Hebdo : Globalement, comment ont évolué les indicateurs d'activité et de rentabilité de Bank Al Yousr en 2021 ? A-t-elle été véritablement une année de reprise pour vous ?
Mouna Lebnioury : L’année a été relativement bonne, nous faisons notre chemin exactement comme il a été tracé. Nos indicateurs continuent de connaître une évolution satisfaisante. A Bank Al Yousr, nous ne pouvons pas parler de reprise, puisque nous n’avons pas connu de ralentissement de notre activité. Nous sommes, et depuis le démarrage, sur un trend haussier. Nous sommes en cela fiers de la confiance que nous témoignent nos clients, et les en remercions. Nous espérons néanmoins la reprise effective et continue post-crise à l’ensemble des secteurs d’activité. Nous sentons un attentisme des opérateurs qui ont besoin de visibilité pour se lancer.
F.N.H. : Que va apporter le démarrage du Takaful au marché participatif ?
M. L. : Le démarrage du Takaful sera une véritable levée de verrous. Pour nos clients, qui vont pouvoir désormais aller en toute sécurité vers nos solutions de financement et profiter des nouveaux produits d’épargne. Pour les banques, qui vont pouvoir définitivement contrecarrer une catégorie de risques qui a plombé leur production et parallèlement offrir des durées de financement plus longues et faire coïncider les dernières échéances de financement avec des âges avancés de la clientèle.
F.N.H. : Comment expliquez-vous la faiblesse des dépôts à vue au niveau du secteur ? Comment y remédier ?
M. L. : Effectivement, quand vous voyez le développement des financements, il est sans commune mesure avec celui des dépôts, mais est-ce problématique ou cela est-il dans l’ordre des choses ? Nous sommes des banques jeunes, il ne faut pas l’oublier. Et la construction d’une banque se fait dans la durée, les réseaux d’agences sont encore en construction, les produits de placement aussi. Maintenant, oui, il y a la perception du grand public qui considère les banques participatives plus comme des sociétés de financement que des banques à part entière. Pourquoi ? Quelles sont les attentes de ce grand public déposant ? Une étude portée à la fois par BAM et les acteurs de la finance participative nous donnera les réponses. Bien sûr, nous mettrons très rapidement en place les plans d’action qui s’imposent.
F.N.H. : Y a-t-il des nouveautés réglementaires auxquelles vous vous êtes plié récemment ?
M. L. : Cette année, les principales nouveautés réglementaires concernant les banques participatives portent sur :Le calcul du ratio de liquidité à court terme (LCR) et son seuil ; le reporting réglementaire de solvabilité, et l’audit externe de conformité aux avis du Conseil supérieur des Oulémas, un audit qui porte principalement sur l’examen de l’environnement global de conformité aux avis CSO.
Je voudrais si vous le permettez rendre hommage aux équipes BAM qui contribuent largement à cette construction avec professionnalisme et rigueur bienveillante, et préciser enfin que les dispositions sont souvent instaurées de manière progressive dans le respect de l’âge et des spécificités de notre industrie.
F.N.H. : Quelles sont vos perspectives pour l'année 2022 ?
M. L. : Que de belles perspectives ! Le Takaful arrive avec d’autres produits de financement qui sont en phases finales de validation. Tout cela nous ouvre de nouvelles opportunités. Des opportunités pour mieux accompagner les ménages, et surtout l’entreprise marocaine. Maintenant, et de manière globale, nous devons nous réjouir de la manière avec laquelle notre pays a géré la crise sanitaire, des mesures prises pour en atténuer l’impact et profiter de nouvelles opportunités induites par cette même crise. Le Maroc a aujourd’hui une vision claire et cohérente. Un véritable projet fédérateur où chacun de nous a un rôle à jouer et des occasions à saisir.