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Banques: les bons du Trésor représentent 16% des actifs

Banques: les bons du Trésor représentent 16% des actifs

L'exposition des banques au marché obligataire dépasse les 230 Mds de dirhams.

Ce chiffre évolue de 11% depuis le début de l'année, bien plus vite que l'activité de crédit.

Bank Al-Maghrib énumère les risques.

 

Par A. Hlimi

 

Les traders aguerris agissent selon le célèbre adage «Trend is your Friend» (La tendance est ton amie). Autrement dit, agir dans le sens de la tendance jusqu'à ce qu'elle s'essouffle est le meilleur moyen de maximiser la performance des placements. Cet adage, les traders des salles de marchés marocaines, comme partout dans le monde, l'appliquent bien quand il s'agit de leur activité de trading sur le profond et mature marché des taux. Une stratégie qui leur permet d'engendrer des plusvalues conséquentes. Mais avec un risque de plus en plus élevé en cas de retournement de tendance.

Flash-back

Le marché obligataire a démarré un rallye haussier solide en 2012, porté par la baisse des taux. Pour ne pas rater le mouvement, les banques ont sensiblement fait augmenter la taille de leur portefeuille financier et sa sensibilité. Chose qui, avouons-le, profite un tant soit peu à l'économie réelle, puisque le loyer de l’argent baisse au même moment que la demande des investisseurs augmente, ce qui offre à l'Etat et aux émetteurs privés de meilleures conditions de financement et la possibilité de rallonger plus facilement la maturité de leurs dettes.

En conséquence, la duration du marché obligataire à taux fixe – ou sa sensibilité aux taux d’intérêt – a fortement augmenté ces dernières années. Comprenez par la sensibilité, qu'en cas de frémissement haussier des taux d'intérêt, les banques constateront une forte dégradation de la valorisation de leurs portefeuilles de trading.

On parle aujourd'hui de positions détenues par les banques en direct ou à travers leurs OPCVM de plus de 233 Mds de dirhams de bons du Trésor. Ce chiffre est en hausse de 14% sur les 11 premiers mois de 2020 et représente 16% du total de leurs actifs, selon des données fournies par Bank Al-Maghrib.

Contribution aux résultats

Au premier semestre 2020, le produit net bancaire des banques cotées a été soutenu, en partie, par la bonne tenue du résultat des activités de marché, justement grâce aux portefeuilles obligataires qui se sont fortement valorisés après la baisse du taux directeur de la Banque centrale de 50 points de base à 1,5% en juin 2020. Depuis, les banques sont restées confortablement installées dans la tendance jusqu'au mois d'octobre, où des tensions étaient perceptibles sur les taux à cause de la hausse des besoins de l'Etat.

Mais, dans les salles de marchés, la panique n'a pas eu le temps de prendre place, le Trésor ayant réussi une sortie à l'international de 3 milliards de dollars, qui a très vite calmé les esprits. L'Etat a, par la suite, profité de nouvelles recettes en provenance des différentes amnisties décidées et d'accords bilatéraux, ce qui a renvoyé à plus tard le risque haussier sur les taux. Bank A-Maghrib veille au grain Questionnée sur le sujet, Bank Al-Maghrib a bien voulu commenter cette exposition. Selon la Banque centrale, la position des banques sur les bons du Trésor induit deux formes de risques. D'abord, «un risque d’évolution défavorable des prix de marché pour les titres relevant du portefeuille de transaction objet d’une activité de trading».

A cet égard, la valorisation des positions des banques a bénéficié de la baisse des taux, les prix de marché étant négativement corrélés aux taux, rappelle la Banque centrale. Ensuite, «un risque de taux d’intérêt pour le reste du portefeuille au même titre que les autres emplois et ressources des banques». Mais sur ce point, Bank Al-Maghrib assure que «le bilan de la plupart des banques est sensible à une hausse des taux, dont les impacts potentiels sur la marge nette d’intérêt et la valeur économique des fonds propres demeurent maîtrisés».

Et d'ajouter que «ces risques sont encadrés par un dispositif prudentiel, aligné sur les normes bâloises, reposant sur des règles régissant le niveau d’appétence interne des banques, les modalités de mesure et d’atténuation, la conduite de stress tests ainsi qu’une couverture en fonds propres».

Mais jusqu'à quand ?

Alors que la Banque centrale maintient les taux d’intérêt officiels à des niveaux historiquement bas, donnant raison aux décisions prises par les banques sur le marché obligataire, certaines voix s'élèvent pour pousser les banques à se prémunir contre un scénario de hausse des taux.

Des solutions de couverture existent sur le papier, les swaps de taux par exemple. Mais la profondeur du marché ne permettrait pas à tout le monde de se couvrir au même moment. L'autre moyen de couverture serait psychologique : se laisser convaincre que les taux ne vont jamais remonter. Que comme beaucoup d'autres pays, nous sommes condamnés à demeurer ad vitam aeternam dans un environnement de taux bas pour permettre à l'économie de se financer dans les meilleures conditions possibles.

 

 

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