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Banques : comment les panafricaines gèrent leur risque pays

Banques : comment les panafricaines gèrent leur risque pays

 

Lorsqu’on parle d’internationalisation des activités bancaires pour une institution, la littérature fait directement référence au concept de risque pays, communément appelé «country risk». Les dernières notes d'information rendues publiques par les banques marocaines permettent de faire le point.

 

Les banques marocaines installées en Afrique subsaharienne sont implicitement assujetties à ce type de risque et pour chacun de ces établissements, la gestion du risque pays est encadrée par un dispositif qui assure la couverture des risques internationaux depuis leur origine jusqu’à leur dénouement final. À noter que le risque pays peut également découler d’autres risques, en liaison avec la survenance d’événements impactant la valeur des engagements sur le pays concerné (désastres naturels, chocs extérieurs).

En effet, le déploiement de la stratégie de croissance des trois banques (Attijariwafa bank, BCP, BMCE Bank of Africa) à l’international ainsi que les dispositions de la circulaire 1/G/2008 de Bank Al-Maghrib relative au dispositif de gestion du risque pays ont motivé la mise en place d’un dispositif de gestion du risque pays pour chacune de ces banques.

Pour Attijariwafa bank, ce dispositif s’articule autour de plusieurs axes. D’abord, la banque élabore une charte de risque pays adoptée par l’organe de direction et approuvée par l’organe d’administration, et qui constitue le cadre de référence qui régit les activités génératrices de risques internationaux pour la banque.

Autre élément de gestion de risque pour la panafricaine : le retraitement et le calcul de l’exposition au risque pays selon le principe de transfert de risque. Ceci lui permet de mettre en évidence les zones et les pays à forte exposition (en valeur et en % des fonds propres de la banque) ainsi que les typologies de risques correspondantes.

Ainsi, AWB relève qu’à fin décembre 2016, 43,4% de l’exposition de la banque aux risques internationaux sont concentrés sur des pays présentant un profil de risque gradué de très bon à acceptable, soit l’équivalent du risque Maroc.

Pour le reste, il s’agit essentiellement des investissements stratégiques de la banque dans le cadre des acquisitions de filiales bancaires africaines.

 

Un modèle de notation interne sur des bases internationales

 

Pour sa part, le Groupe BCP est doté d’un dispositif de gestion du risque pays construit autour d’un modèle de notation interne. Ce modèle permet de quantifier le risque sur les pays à partir de données quantitatives (indicateurs économiques et financiers) et qualitatives (environnement politique et réglementaire). La liste des indicateurs utilisés est multiple et se base sur des publications et appréciations d’organismes internationaux (FMI, Banque mondiale, Doing Business…)

La notation est déclinée selon quatre types de risques différents : le risque de défaut souverain, le risque de non-transfert, le risque corporate assimilé au risque de choc macroéconomique généralisé ainsi que le risque du système bancaire. Pour chacun de ces types de risque, des notations distinguent le risque à court terme (moins de 12 mois) et le risque à moyen terme (au-delà de 12 mois).

En application de ce dispositif, la BCP a mis en place, depuis deux ans, un processus de provisionnement couvrant le risque pays sur l’ensemble de ses expositions en Afrique subsaharienne relevant du périmètre ABI.

 

Des stress tests en continu

 

Enfin pour BMCE BoA, des stress tests sont établis semestriellement pour évaluer les impacts de ces conjonctures sur la solvabilité et la sinistralité au niveau du Groupe. Ces stress tests couvrent aussi bien les pays dont l’exposition du Groupe est importante ainsi que ceux présentant une instabilité politique.

La banque bleue élabore également un score interne économique de risque pays traduisant l’indice de vulnérabilité par pays. Ce score est basé sur une approche multicritère d’évaluation combinant les indicateurs macroéconomiques, les notations des agences ainsi que les données du marché principalement les CDS (Credit Default Swap) en tant que baromètre de la probabilité de défaut associé à chaque émetteur.

En définitive, chacun de ces établissements bancaires dispose d’une panoplie de solutions pour la gestion de risque pays, et ce en fonction de leur degré d’exposition, l’objectif principal étant d’asseoir leur développement sur des bases solides et de renforcer leurs fondamentaux. ■

 

Y. Seddik

 

 

 

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