Précurseur sur le marché de l'épargne, Société Générale Maroc, via sa filiale La Marocaine Vie, compte imposer son empreinte et profiter d'une activité résiliente qui ne connaît pas la crise.
Le point sur la stratégie du groupe avec Mehdi Benbachir, DGA et membre du Comex en charge de la BU Retail – Société Générale Maroc.
Propos recueillis par A. Hlimi
Finances News Hebdo : Société Générale Maroc a déployé cette année une nouvelle mention «Banque & Assurances» pour appuyer son positionnement dans la bancassurance. Quelles sont les particularités de ce modèle ?
Mehdi Benbachir : Société Générale Maroc, à travers sa filiale La Marocaine Vie, a conçu un nouveau modèle intégré et innovant en matière de bancassurance, destiné à apporter un service à forte valeur ajoutée au bénéfice de nos clients particuliers, professionnels et entreprises. Nos activités de bancassurance occupent une place prépondérante au cœur de notre stratégie en matière d’innovation, de digitalisation et de développement de processus agiles. C’est dans ce contexte que nous matérialisons cette ambition par le déploiement d’une nouvelle mention «Banque et Assurances», sur la façade de l’ensemble des agences du réseau ainsi que sur les supports destinés aux clients. Cette nouvelle dynamique s’appuie sur l’expertise développée tout au long des vingt dernières années, au cours desquelles Société Générale Maroc a été pionnière sur le marché national de la bancassurance, grâce aux multiples synergies développées avec La Marocaine Vie.
F.N.H. : Quelle est votre offre d'épargne aujourd'hui ?
M. B. : Nous disposons d’une offre très diversifiée, qui couvre l’ensemble des besoins de nos clients particuliers, professionnels et entreprises. La branche d’épargne propose des produits d’épargne retraite, épargne éducation, des contrats de capitalisation ainsi que l'épargne à capital variable (à unités de compte). L'assurance épargne consiste en la constitution d'un capital, par le versement d’apports financiers dans l’optique de les récupérer ultérieurement, majorés du rendement capitalisé des placements financiers. L’épargne constituée est ensuite reversée sous forme d'une rente ou d'un capital : à partir de 50 ans pour l'épargne retraite, et à partir de 18 ans (âge de l'enfant) pour l'épargne éducation. Les unités de compte, ou contrats à capital variable, sont des contrats d’assurance vie qui, au lieu d’être exprimés en dirhams, sont exprimés en parts de valeurs mobilières - généralement en parts d’OPCVM. Le risque financier est ici supporté par le souscripteur, qui subit directement la fluctuation des supports sur lesquels son contrat est adossé. Ces produits d’épargne sont prisés en temps normal eu égard à leur rendement, leur caractère sûr, ainsi qu’aux avantages fiscaux qu’ils procurent.
F.N.H. : Le marché de l'épargne a bien résisté et a même enregistré de la croissance en période de pandémie. Avez-vous constaté cette dynamique ? Si oui, comment l'expliquer ?
M. B. : L’activité épargne retraite a démontré une résilience, la collecte annuelle de 2020 étant d’un niveau similaire à celle de 2019. Cette tendance positive s’est confirmée durant les 4 premiers mois de l’année 2021. En se référant aux dernières statistiques publiées par l’ACAPS, le chiffre d’affaires épargne assurance affiche, à fin avril, une croissance de 14,4% comparé à 2020, atteignant même un niveau supérieur à celui de 2019 (+7%). Même constat pour les produits en unités de compte, qui enregistrent également une forte progression, avec une croissance de 12,6% par rapport à 2020. Ces réalisations s’expliquent par de multiples facteurs : un nombre croissant d’épargnants, en quête de diversification et de rendement performant, souscrivent des produits en unités de compte. Ces placements présentent des opportunités de rendement bien plus importantes qu’un fonds en dirhams sécurisé, ce qui s’avère encore plus vrai dans le contexte actuel marqué par la baisse des taux de rendement servis par les contrats d’assurance vie mono-support en dirhams. Nous sommes convaincus qu’à l’avenir, ces contrats multisupport (dirhams et unités de compte) vont continuer à se développer, compte tenu de leur souplesse d’utilisation et de leur capacité à dégager des rendements supérieurs aux fonds en dirhams.
F.N.H. : Quelles sont vos perspectives de développement sur l'épargne à court et moyen terme ? Et travaillez-vous sur de nouvelles gammes de produits ? Si oui, quels types de concept sont à l'étude ?
M. B. : Notre filiale La Marocaine Vie nourrit de très fortes ambitions pour son activité épargne. Nous sommes confiants qu’il existe un réel marché potentiel non encore exploité. Cette conviction est renforcée par le nombre croissant de citoyens qui sont de plus en plus sensibles à la constitution d’une épargne de sécurité pour faire face à certains aléas de la vie, ou encore afin de financer des projets comme l’éducation et la retraite. Au-delà des avantages fiscaux, nous nous devons donc de répondre à un besoin de plus en plus exprimé par nos clients, en matière de protection de leurs proches, de préparation de leur avenir… Dans ce contexte, nous avons développé une stratégie de conquête et de renforcement de la collecte d’épargne, reposant notamment sur une réelle volonté de démocratisation de l’accès aux contrats en unités de compte. A ce titre, il sera procédé à un élargissement progressif de notre offre d’épargne multisupport qui, en l’état, est essentiellement pensée pour les clients patrimoniaux. Nous prévoyons également des actions de promotion et de communication autour de notre offre multisupport retraite, afin d’élargir l’éventail des bénéficiaires au lieu de cibler une population spécifique - ce produit combinant les avantages d’une fiscalité retraite complémentaire et d’un accès au marché financier. Enfin, nous réfléchissons à étendre à moyen terme les unités de compte aux versements programmés, de telle sorte à atteindre une cible plus large, en proposant notamment la constitution d’épargnes de type rente éducation.